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du 30 juin 2005
VIE PROFESSIONNELLE

EN TÊTE DANS LA COURSE À LA PRÉSIDENCE DU MEDEF

LAURENCE PARISOT, EN PHASE AVEC LES MÉTIERS DE SERVICE

Le 5 juillet, le patronat élira son nouveau chef de file. Placée favorite lors du dernier conseil exécutif, Laurence Parisot a reçu le soutien officiel des métiers de service et de l'Umih. Secteurs dont elle partage les préoccupations. Elle se dit prête d'ailleurs à soutenir André Daguin dans ses demandes sur la TVA. Interview exclusive.
Propos recueillis par Sylvie Soubes


Jacques Bellin (GNC), Laurence Parisot et le président de l'Umih André Daguin lors d'une rencontre informelle récente sur l'avenir des métiers de service.

Laurence Parisot, 45 ans, fait actuellement la course en tête à la présidence du Medef. Une candidature soutenue par l'Umih et le Groupement des professions de services (GPS). Deux autres candidats sont en lice : Yvon Jacob et Hugues-Arnaud Mayer. Patronne de l'Ifop et de la société Optimum, numéro 1 en France de la porte de placard coulissante, Laurence Parisot revendique "un pied dans l'industrie, un pied dans les services". Elle est aussi membre du conseil de surveillance d'Euro Disney depuis 2000 et membre du conseil économique et social depuis 2004. Sera-t-elle aussi la première femme à accéder au titre de patronne des patrons ? Le nom du successeur d'Ernest-Antoine Seillière sera connu le 5 juillet prochain, au terme de l'assemblée générale au cours de laquelle les 561 'grand électeurs' de l'organisation patronale devront désigner leur nouveau chef de file. D'ici là, Laurence Parisot a accepté de nous faire partager son approche de l'industrie hôtelière.
Une certitude : si elle est élue, elle sera aux côtés de l'Umih dans sa bataille pour la baisse de la TVA.

L'Hôtellerie Restauration : Comment jugez-vous les mesures prises par Dominique de Villepin en faveur de l'emploi ? Suffiront-elles à donner l'impulsion voulue selon vous ?
Laurence Parisot : Le Premier ministre a annoncé des mesures qui devront être examinées dans leurs détails avant que l'on puisse prendre une position précise sur leur contenu. Le Medef est d'ailleurs engagé dans un processus de concertation avec lequel je ne souhaite pas interférer à ce stade. Néanmoins, je retiens des intentions de Dominique de Villepin la volonté de privilégier des approches pragmatiques et sans tabou avec un ciblage pertinent de certaines mesures sur les TPE. Le contrat 'nouvelle embauche' part du postulat que beaucoup d'entrepreneurs ont peur d'embaucher, ce qui est, hélas, une analyse juste de la situation. Mais il faudra être vigilant pour éviter de construire de nouvelles usines à gaz, de nouveaux effets de seuils et des sources de contentieux et d'insécurité juridique pour les entreprises.

De quoi la France de l'entreprise a-t-elle réellement besoin aujourd'hui pour retrouver croissance et dynamisme ? Quelles seraient les mesures les plus efficaces à vos yeux pour les métiers de service ?
Les entreprises ont surtout besoin d'un environnement réglementaire, fiscal et social favorable à leur développement. Ce qui suppose, bien évidemment, de simplifier et moderniser le droit du travail pour le mettre en phase avec les réalités économiques d'aujourd'hui : le code du travail ne permet pas aujourd'hui aux entreprises de s'adapter en temps réel aux exigences et aux défis auxquels elles sont confrontées. C'est l'emploi qui doit s'adapter à l'activité et non l'inverse.

En matière fiscale, nous devons nous doter de la fiscalité la plus légère et la plus stable possible. Alors que nous sommes dans une compétition fiscale forte entre Etats européens, notre système présente la caractéristique unique de cumuler toutes les formes de prélèvement existantes. Il convient de clarifier, de réduire les taux - notamment de l'impôt sur les sociétés -, de supprimer certaines taxes… L'ISF fait fuir plus de capitaux qu'il ne rapporte de recettes ! Et d'encourager l'épargne en actions afin de renforcer les fonds propres de nos entreprises. Si nous ne le faisons pas, les délocalisations s'accélèreront ; or, celles-ci frappent également les métiers de service, comme le souligne un rapport récent remis au gouvernement.

Votre slogan est 'L'entreprise, c'est la vie !' Les générations qui arrivent sur le marché du travail ont-elles la capacité à s'approprier ce message ?
C'est un des défis que je me propose de relever. Aujourd'hui, effectivement, les plus jeunes ne sont pas forcément ceux qui sont les plus disposés à prendre des risques, à se lancer, à entreprendre. Cette situation révèle d'un manque de foi en l'avenir et d'une absence de confiance en soit qui me préoccupent beaucoup. Une de mes ambitions est de faire passer le message que l'entreprise est un des moyens de réaliser ses projets et de les faire partager à d'autres, le lieu où peut se réaliser l'intégration sociale, l'apprentissage des savoirs et l'adaptation à un monde qui bouge de plus en plus vite. Oui, l'entreprise, c'est la vie !

L'industrie hôtelière, comme les autres métiers de service, revendique son potentiel d'ascenseur social. Vous allez donc les soutenir dans cette reconnaissance.
Le secteur de l'hôtellerie-restauration fait en effet la démonstration éloquente d'un secteur dans lequel il est possible de trouver rapidement un emploi même avec un faible niveau de qualification, de connaître des évolutions et d'opérer des mobilités (professionnelles, géographiques) qui peuvent permettre des développements de carrière intéressants. Ceci est rendu possible notamment par la diversité de vos métiers et une politique active de formation professionnelle. Pourtant, le secteur connaît des difficultés de recrutement. Une des clés pour débloquer cette situation réside dans un travail sur l'image de ces métiers et dans le développement du dialogue avec l'Education nationale, trop souvent réticente envers les entreprises et l'enseignement professionnel. La semaine école-entreprise est une initiative excellente, qu'il faut pousser plus loin, comme l'ont fait certaines branches professionnelles - le Bâtiment, par exemple- confrontées à des difficultés de recrutement.

Vous avez évoqué un Medef tout public, vous qui voulez rassembler et non diviser, pensez-vous que l'on puisse rallier les chaînes et les indépendants ?
Le Medef doit être ouvert à toutes les entreprises, des très grandes aux très petites, quelle que soit leur activité. Votre secteur est une excellente illustration de cette diversité puisque l'Umih regroupe à la fois des TPE, de grandes enseignes regroupant des indépendants et de grandes chaînes hôtelières. Il ne m'appartient pas d'intervenir sur le mode d'organisation d'une profession mais je suis convaincue d'une chose : plus le Medef sera représentatif du tissu d'entreprises dans sa richesse et sa diversité, plus il sera puissant et efficace.

Allez-vous faire pression pour la baisse de la TVA en restauration ?
Pression n'est pas vraiment un terme qui fait partie de mon vocabulaire. Mon style est plutôt fait de pédagogie, de débat, d'explication. Ce qui n'exclut nullement la fermeté. Sur le dossier de la TVA en restauration, j'ai souvent eu l'occasion d'en parler avec André Daguin, qui est un avocat énergique et efficace de votre secteur devant l'opinion et les pouvoirs publics. Si ce sont les professionnels de la branche qui sont les mieux placés pour défendre une position et faire des propositions sur ce type de dossier, je ne peux qu'approuver la position de l'Umih qui va dans le sens de la justice fiscale. Si je suis élue, j'appuierai l'Umih dans ses demandes sur la TVA. zzz74v

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L'Hôtellerie Restauration n° 2931 Hebdo 30 juin 2005 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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