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	du 24 mars 2005	HISTOIRE DE

CAFÉS HISTORIQUES ET PATRIMONIAUX D'EUROPE

UN DEVOIR DE MÉMOIRE POUR DES LIEUX UNIQUES

Rendez-vous à Ambronay, petit village de l'Ain célèbre pour son Festival de musique baroque. L'Auberge de l'Abbaye relancée par Ivan Lavaux intégrait une association forte de 188 adhérents de toute l'Europe !

Étonnant ! En feuilletant la 5^e édition du Guide des Cafés Historiques et Patrimoniaux d'Europe, la diversité saute aux yeux. Et l'on constate que Le Procope parisien - le plus ancien, né en 1686 -, copine avec le Café de la Table Ronde de Grenoble (1739), la Brasserie Georges de Lyon (1836), L'Auberge Ravoux d'Auvers-sur-Oise (1860), la Brasserie Lipp à Paris (1880) et Le Fouquet's de Paris (1899). Ou encore que la modeste Auberge de l'Abbaye d'Ambronay dans l'Ain dispose du même espace que le Moulin Rouge de Paris, les deux établissements appartenant à la même promotion 2005 !
Ceux-là, comme les 186 autres figurant dans un guide joliment troussé, ont adhéré à la charte proposée par Jean-Pierre Boccard, le président à qui l'on doit l'idée d'avoir provoqué ce rassemblement original.
La charte ? Valoriser le lieu historique, toujours mieux mesurer la qualité de l'accueil, s'investir pour mieux favoriser les rencontres de passionnés, et accorder une attention particulière aux personnes en situation de handicap.
"Ces établissements ont toujours joué un rôle social qu'il appartient à ses propriétaires de prolonger aujourd'hui. Je pense que nous avons, modestement, contribué à sauver quelques bistrots. Pensez que l'on en recensait 660 000 en 1918 avant la loi interdisant toute nouvelle ouverture de débits de boissons contre 65 000 en 1972 et, sans doute, 55 000 aujourd'hui", explique Jean-Pierre Boccard.

Un lieu de vie formidable
Ivan Lavaux, passé sans transition de la salle de quelques établissements prestigieux et étoilés à la cuisine de sa petite auberge de village, ne dit pas autre chose : "En fouillant dans les archives, j'ai découvert que cette auberge existait depuis 1783 ! En choisissant de la relancer avec d'importants travaux à la clé, il m'a paru indispensable de ne pas oublier le passé. C'est un lieu de vie formidable pour un petit village, et cela m'amuse de penser que nous figurons dans un guide avec le Carlton à Cannes ou le Negresco à Nice."
"Il est important que ceux que nous avons baptisé 'conservateurs de musées vivants' […] soutiennent notre action", insiste Jean-Pierre Boccard.
Jean-François Mesplède zzz22v

Imprimé à 4 000 exemplaires, le Guide des Cafés Historiques et Patrimoniaux d'Europe (240 pages) est en vente (15 E) au siège de l'association :
7 place Saint-André
38000 Grenoble
Tél. : 04 76 44 51 41
www.friendship-first.com

Discours officiel de Jean-Pierre Boccard
à Ambronay : le curé du village est
aussi attentif qu'Ivan et Betty Lavaux, propriétaires de l'Auberge.

3 questions à… Jean-Pierre Boccard, président des Cafés historiques et patrimoniaux d'Europe "Poursuivre notre action" Le souhait de rassembler officiellement les 'Mordus des Cafés Historiques et Patrimoniaux de France' doit beaucoup à Jean-Pierre Boccard qui préside une association ouverte sur l'Europe !  Propos recueillis par J.-F. M. "Les établissements doivent jouer un rôle social et culturel", dit Jean-Pierre Boccard. L'Hôtellerie Restauration : Comment l'idée est-elle venue d'une telle association ? Jean-Pierre Boccard : En 1972, en devenant propriétaire du Café de la Table Ronde à Grenoble, je me suis aperçu qu'il était né en 1739. Après 9 mois de fermeture, je l'avais sauvé de la mort, et j'ai alors découvert que tous les grands de la terre, politiques, artistes ou écrivains étaient un jour venus ici. J'ai redonné vie à cet établissement en me demandant comment de tels 'témoins' pouvaient mourir. À l'occasion de ses 250 ans d'existence, j'ai souhaité apposer une plaque et demandé le soutien de la ville qui m'a répondu que c'était un lieu privé et qu'il fallait qu'existe une association. Celle des 'Mordus du Café de la Table Ronde' est née le 24 juin 1989. Quelques mois plus tard, alors que nous envisagions de la dissoudre, nous avons décidé de l'étendre et de rechercher tous les établissements qui avaient une histoire… Cela fut-il facile ? Nous avons procédé par petites touches, par contacts directs ou jumelages à Beaune, Strasbourg ou Paris. Ensuite, prenant mon bâton de pèlerin, j'ai fait des recherches dans toute la France, et je sais maintenant comment retrouver ces établissements, autour du palais de justice, de la mairie, du théâtre ou d'une vieille église. Maintenant on nous contacte directement. Quelle est l'antériorité requise ? Les cafés sont nés après 1640 où le breuvage est arrivé en France. Ils doivent exister depuis au moins 1918, date d'application d'une loi votée en 1915 qui interdisait en France toute nouvelle ouverture de débits de boissons. Nous recrutons du petit bistrot de village aux palaces prestigieux s'ils remplissent les conditions : exister depuis plus de 80 ans et vivre en jouant son rôle social et culturel. Chaque année, nous accueillons de nouveaux adhérents puisque nous sommes aujourd'hui 188, dont 152 en France.

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L'Hôtellerie Restauration n° 2917 Hebdo 24 mars 2005 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE