du 26 juillet 2007 |
VIE PROFESSIONNELLE |
PRÉSIDENT DE LA BRANCHE DES SAISONNIERS AU SEIN DE L'UMIH
JEAN-FRANÇOIS SÉRAZIN RAPPELLE LES PARTICULARITÉS ET LA FRAGILITÉ DE L'ENTREPRISE SAISONNIÈRE
Fragilité de trésorerie, concurrence des pays émergents, gestion difficile de l'emploi, en butte au paracommercialisme des tables et chambres d'hôte, l'entreprise saisonnière navigue à vue aujourd'hui. Pour le président des saisonniers de l'Umih, des solutions existent.
Propos recueillis par Sylvie Soubes
Jean-François Sérazin : "En montagne, l'été, c'est devenu la catastrophe." |
L'Hôtellerie
Restauration : Comment résumez
vous l'entreprise saisonnière aujourd'hui ?
Jean-François
Sérazin : À l'Umih,
ce sont des hôtels, des restaurants, des discothèques et des cafés
dont l'aventure varie au rythme des saisons avec 3 grandes familles : balnéaire,
altitude et thermalisme. Nous recensons chez nous 42 départements, qui partent
du Touquet, qui suivent l'arc Atlantique, les Pyrénées, les Alpes, la
Savoie. C'est la géographie et le climat qui établissent le principe.
Les particularités d'exploitation portent aussi bien sur le fonctionnement
que sur la gestion des emplois, qui n'est pas du tout facile. Ce sont des entreprises
très fragiles économiquement, car toujours très courtes en trésorerie.
Si vous ajoutez à cela les aléas du climat, comme en ce moment, la fragilité
remonte très vite à la surface. Un saisonnier, je le rappelle également,
ce n'est pas plus de neuf mois d'ouverture (consécutive ou par périodes).
Il faut également faire partie d'un bassin ou d'un département à
affluence touristique.
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Ce sont donc des entreprises fragiles et pas suffisamment
reconnues dans leurs spécificités selon vous ?
Nous réclamons en effet depuis très
longtemps la reconnaissance de l'entreprise saisonnière. On a reconnu l'employé
saisonnier au travers notamment des CDD, mais pas l'entreprise. Prenons l'exemple
des factures d'électricité ou de gaz. Je demande à ce que la période
d'abonnement soit calculée sur la période d'ouverture, ce qui éviterait
des problèmes de banque ou de remise en route des compteurs. Actuellement,
il n'y a pas moyen d'obtenir cette dérogation. Nous avons obtenu que la taxe
professionnelle soit payée au prorata de la période d'ouverture, et nous
bénéficions d'un abattement de 20 % sur la redevance audio. Ce sont les
2 seules avancées. Autrement, toutes les factures sont à l'année.
Vous savez, d'un point de vue comptable, plus on regrouperait les charges pendant
la période d'ouverture, moins on aurait de soucis de trésorerie à
la réouverture.
Vous venez d'évoquer la difficile gestion des
emplois. Quelles sont les spécificités du secteur à ce niveau ?
Pour les saisonniers, le problème majeur,
c'est l'embauche. Il y a pas mal de clichés qui subsistent. Dans l'esprit du
public, un CDD c'est dévalorisant. Dans notre secteur, c'est une expérience
avantageuse et enrichissante, car, et on le voit chaque année, il y a des vocations
qui se découvrent et qui partent ensuite sur des formations. Quant au problème
du logement, cela fait des années qu'on oblige les structures hôtelières
à avoir des logements sans contrepartie. Pourquoi ne pourrait-on pas récupérer la TVA par exemple
? Nous pourrions aussi être appuyés par des systèmes de défiscalisation
dans la construction de résidences dédiées aux salariés. À
une époque, l'idée était de mettre à disposition dans les
campings municipaux des emplacements pour des mobile homes qui auraient été
achetés par la profession, des HLL (habitation légère de loisirs),
mais ça n'a pas abouti. C'est dommage, car les campings municipaux ne sont
pas soumis aux mêmes obligations de résultats que les campings privés.
Ce qui nous inquiète le plus, c'est la nouvelle convention Unedic qui prévoit
une diminution des droits
au chômage des salariés saisonniers. Elle prévoit 3 périodes
successives d'indemnisation. Au-delà, ils basculent dans le régime général.
C'est assez dramatique comme mesure. Citons les employés du thermalisme ou
encore à Lourdes, qui ont entre 15 et 20 ans de présence. Si demain
ces salariés qui ont l'expérience de la clientèle au niveau de l'accueil
et des soins doivent travailler ailleurs, dans un autre circuit, ce n'est bon ni
pour eux, ni pour la clientèle, ni pour l'activité. C'est un tissu économique.
Je vous rappelle qu'il y a au moins un accompagnant par curiste. Il n'y pas que
la cure en jeu, il y a aussi tout le tourisme qui est autour.
Comment se présente la saison estivale 2007 ? br> En bord de mer, cette année, ça a démarré à Pâques. On a bien travaillé en avril avec le beau temps. On comptait sur mai, malheureusement les élections ont freiné les choses, et le temps n'a pas été génial. Seuls, le pourtour méditerranéen et la Corse sont sur une piste d'envol. La clientèle de passage est en baisse. Vous savez, une saison où il fait mauvais temps, il faut trois saisons pour s'en remettre, pour que les gens reviennent. Il ne faut pas se cacher la tête, les pays émergents et le Maghreb nous font très mal. En montagne, l'été, c'est devenu la catastrophe. Il y a aussi les chambres d'hôte qui prolifèrent et qui n'ont pas les mêmes charges derrière. Bien sûr qu'elles font partie du paysage touristique, il y a une demande, mais il faudrait qu'on soit tous soumis au même régime. Surtout qu'elles ne génèrent pas d'emplois. Le paracommercialisme est un gros problème. Nous réclamons que les chambres d'hôte soient inscrites au registre du commerce, ce n'est pas le bout du monde. Nous, nous sommes imposés dès le 1er euro qui entre dans nos caisses, pourquoi pas elles ? J'insiste, c'est un paracommercialisme avéré et dangereux économiquement et socialement.
Les ventes de soft drinks toujours sujettes au climat pour NPD
Dans un communiqué, la société NPD Group, spécialisée
dans les réflexes de consommation en fonction des lieux de vente, constate
"que la consommation de soft drinks ou boissons sans alcool (colas, limonades/tonics,
boissons aux fruits, boissons au thé) connaît de fortes variations saisonnières
en restauration commerciale. Ainsi durant l'été 2006, une surconsommation
de soft drinks de 24 % a été enregistrée par rapport à la
saison automne/hiver 2006" (Source : Panel NPD CREST).
"Produits phare parmi les softs, les colas sont les premiers
à bénéficier de cette tendance estivale en captant 7 consommations
de soft drinks sur 10. La météo de cet été sera donc déterminante
pour les ventes de boissons sans alcool, précise NPD. Les températures
élevées du mois de juillet 2006 avaient en effet généré
une hausse de la consommation de 21 % par rapport à 2005."
zzz74v
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L'Hôtellerie Restauration n° 3039 Hebdo 26 juillet 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE