C'est par amour des vins français que le chef italien Maurizio Landi a fermé les portes de son restaurant réputé de Bologne, Divinis, pour venir exercer dans l'Hexagone. Sa première expérience fait aujourd'hui débat dans les journaux de l'autre côté des Alpes : le chef a été remercié, après trois mois de travail, pour avoir refusé de ne pas cuire suffisamment ses pâtes, qu'il s'obstinait à servir al dente... comme il l'a fait pendant quinze ans dans son restaurant de Bologne. Autre objet de discorde : son refus d'accommoder les spaghettis à la sauce bolognaise (traditionnellement réservée aux tagliatelles). Le chef s'est même senti trahi en apprenant que l'on utilisait son 'ragù alla bolognese' sur les spaghettis lorsqu'il était remplacé en cuisine pour son jour de repos hebdomadaire. "Je peux comprendre les propriétaires du restaurant qui ne voulaient pas déplaire à leurs clients, mais je ne peux pas non plus me résoudre à dénaturer des plats traditionnels", justifie Maurizio Landi. Une attitude de "héros national" pour certains puristes des traditions culinaires italiennes, ou une "faute professionnelle" pour le critique gastronomique Allan Bay, qui plaide pour une adaptation à la demande des clients.
"Travailler en conscience"
Maurizio Landi, de son côté, préfère oublier cette mésaventure : "Je suis stupéfait et déçu d'avoir été sanctionné pour avoir fait correctement mon métier, d'autant que j'avais été appelé pour préparer de la cuisine italienne traditionnelle !" Le chef a en tout cas appris à ses dépens les grandes différences culturelles culinaires entre les deux pays transalpins : "J'essaye de relativiser et de prendre cette mésaventure avec un peu de distance ; c'est une matière à réflexion pour moi sur la nécessité de bien respecter les règles, quelles que soient les origines des plats, de travailler en conscience des traditions."
L'histoire s'achève bien pour Maurizio Landi, qui a retrouvé un autre poste en deux jours, et officie désormais dans les cuisines du restaurant La Guinguette, à Belleville-sur-Saône (Rhône). Mais le chef a pris soin, cette fois-ci, de mettre les choses au clair avant de signer avec son nouvel employeur : "Les pâtes seront toujours servies al dente, et la sauce bolognaise ne s'accordera qu'avec les tagliatelles !"
samedi 5 août 2017