En France, une politique fiscale a longtemps incité à la création de résidences de tourisme, avec pour conséquence une disparition de l’hôtellerie en stations. “Dans les Pyrénées françaises, jusqu’en 2020, nous avons assisté à la fermeture d’hôtels familiaux en raison de leur trop faible capacité hôtelière ou parce que personne ne souhaitait les reprendre. Ils ont été transformés en meublés, mais ce type d’hébergement n’est pas adapté à certaines clientèles, notamment internationales. L’État s’en est préoccupé, l’agence de développement touristique Atout France également, et un sursaut s’est produit avec la création, en 2021, de la foncière des Pyrénées et grâce à des initiatives portant sur des établissements de niveau 4 étoile”, résume Christine Massoure, experte tourisme montagne à l’Agence régionale aménagement construction Occitanie (Arac). La foncière, filière de l’Arac, finance et porte des projets liés à l’hébergement touristique dans les Pyrénées, dans le but de redynamiser les stations de montagne et de renforcer leur attractivité. Inauguré au printemps 2021, l’hôtel Mercure Peyragudes Loudenvielle – à l’époque le second hôtel 4 étoiles des Pyrénées françaises – est un bon exemple de partenariat public-privé. La construction de cet hôtel de 62 chambres représente un investissement de 8,5 M€ (en partie financé par la holding HIS, qui possède 16 hôtels en France).
Des projets conséquents
Plus récemment, l’Arac a assuré la maîtrise d’ouvrage du projet de transformation du Château Villemur à Ax-les-Thermes (Ariège) en complexe hôtelier 4 étoiles. Le financement de ce projet – qui s’élève à près de 15 M€ – repose également sur un partenariat public-privé. L’hôtel Mercure, dont l’ouverture est prévue en mai 2025, compte 51 chambres dans un nouveau bâtiment contemporain, ainsi qu’un restaurant et deux appartements dans le château réhabilité. “Ce projet s’inscrit dans une dynamique de territoire et la création d’une économie pour faire vivre les vallées des Pyrénées. Les stations misent désormais sur un développement autour des quatre saisons. Elles deviennent des destinations de court séjour proches de grandes métropoles hors hiver également. Depuis la crise sanitaire, les gens ont besoin de nature. Et la fraîcheur de la montagne est appréciée l’été”, souligne Hadrien Pujol, directeur général du groupe Cité Hôtels, qui exploite l’hôtel Mercure d’Ax-les-Thermes. L’établissement vise une clientèle de loisirs régionale et nationale, une clientèle affaires de passage ou en séminaire, mais aussi des touristes internationaux, les Pyrénées faisant leur promotion auprès du Canada, par exemple.
Ouvertures à l’année
Pour Jean Parent, restaurateur aux Angles, qui vient d’achever la rénovation du Grand Hôtel L’Ermitage à Font-Romeu, la clientèle CSP+ est clairement en demande d’une hôtellerie qualitative dans les Pyrénées. Il s’est lancé dans ce projet passion avec son associée de longue date, Hélène Bier, pour rénover un bâtiment historique et ouvrir fin 2024 un hôtel de 22 chambres (44 à terme) et deux restaurants. Il s’agit de l’unique 4 étoiles des hauts cantons des Pyrénées-Orientales. “Nous attendons une clientèle de tourisme, des séminaires et groupes... Nous sommes à côté du centre olympique, et parfois les sportifs de haut niveau recherchent une hôtellerie de qualité”, remarque Jean Parent. Font-Romeu compte 40 000 lits... et six hôtels. Pour la rénovation coûteuse (10 M€) de ce site classé, l’entrepreneur s’est adossé à un dispositif spécifique Monuments historiques – pour mettre en place un projet cohérent – et également à des fonds de la Région Occitanie. Autre projet d’envergure : un hôtel 5 étoiles à Saint-Lary-Soulan, mené par le groupe Boutique Hôtels Collection. Le futur établissement, dont l’ouverture est prévue fin 2026, sera le premier 5 étoiles de cette station – une offre rare dans les Pyrénées françaises. “Nous avons eu l’opportunité de racheter en plein centre du village un beau bâtiment bien construit qui permet une rénovation de qualité, sur 4 000 m². Nous proposerons 35 chambres, un restaurant de 100 places, un spa de 1 000 m², et une zone avec des commerces de qualité. L’établissement sera ouvert à l’année : les activités ne manquent pas dans cette vallée”, assure Christophe San José, propriétaire et gérant du groupe. Coût des travaux : 7 M€. Au pied du Pic du Midi, un autre chantier est en cours pour réhabiliter et agrandir l’Hôtellerie des Laquets (4 étoiles), qui accueillera 16 chambres et un restaurant bistronomique. Un projet de près de 8 M€ porté par le syndicat mixte d’aménagement du Pic du Midi. Cette montée en gamme illustre bien la nouvelle dynamique de l’hôtellerie pyrénéenne.
Publié par Laetitia BONNET-MUNDSCHAU
