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wpe289.jpg (754 octets)Succès et difficultés

Les Ateliers de l'Image à Saint-Rémy-de-Provence (13)

L'hôtellerie à thème bien trouvée

Quand un photographe transforme un ancien cinéma en hôtel, le résultat est positif. Au pied des Alpilles, les Ateliers de l'image donnent à la photographie des espaces soigneusement mis en scène.

Dominique Fonsèque-Nathan


Antoine Godard, 35 ans, photographe devenu hôtelier.


L'immense hall de réception créé dans l'ancienne salle des Variétés.

"Nous rêvions d'un lieu mêlant séjour touristique, réflexion et découverte artistique. C'est avec passion que nous avons donné corps à ce rêve." Ainsi parle Antoine Godard, 35 ans dont le rêve est né à l'époque où son père l'emmenait "dans les meilleures maisons du globe". Tourné vers les métiers artistiques, il voulait "faire l'Ecole du Louvre". Mais, comment résister à une mère qui rêvait de Sciences Po ? Il temporise. Deug d'histoire et de portugais, maîtrise de sociologie urbaine en poche, il rencontre son épouse Nathalie et "crée (sa) famille avec son premier enfant". Il est en 1re année de l'Ecole nationale de la photographie d'Arles quand sa route croise celle d'un américain qui organisait des stages photo pour ses compatriotes. Un temps, il lui sert d'assistant et se constitue un bon réseau.

Un hôtel dans l'ancien cinéma des Variétés
En 1997, il achète l'ancien cinéma/music-hall des Variétés et le transforme en hôtel 3 étoiles de 16 chambres. Ouvert en 1998 Les Ateliers de l'Image donnent une place de choix à la photographie. D'autant que, pour Antoine Godard, les concordances sont flagrantes entre le métier d'hôtelier et celui de photographe. "L'hôtel est un concentré de vies permettant de connaître le fonctionnement humain. Quant à la photo, elle provoque la rencontre avec l'autre." La boucle est bouclée. Galerie, mini-expos dans les chambres, laboratoire de 12 postes, tout est mis en œuvre pour que la photographie soit en gros plan. On peut y ajouter l'immense hall de réception créé dans l'ancienne salle des Variétés.
Enfin, Antoine Godard confie l'organisation des stages photo à Catherine Lang, rencontrée à Fontvieille. La jeune américaine rêve de s'installer en Provence. Elle accueillera les photographes d'outre-Atlantique et les pilotera ou animera les cours, selon les niveaux et les demandes. D'emblée, la formule fait mouche et les groupes d'Américains se succèdent à bonne cadence. Le succès est tel que, malgré les événements du 11 septembre, la fréquentation augmente de 40 % en septembre et 10 % en octobre.


Catherine Lang, photographe américaine animant les stages photo. Elle vient de publier un 'livre d'artiste' sur le chef lyonnais Nicolas Le Bec.

Une extension en août 2002
La chance sourit aux Godard. L'ancien Grand Hôtel de Provence, qui jouxte leur établissement, est à vendre. Il est fermé depuis 7 ans. Pas question de le rénover. Seule la façade XIXe siècle néoclassique mérite le détour. Elle sera conservée par Roland Paillat, l'architecte. La bonne affaire, c'est le terrain 'forêt vierge' d'un hectare, situé à l'arrière. En 2000, Antoine Godard achète l'ensemble avec ses parents. En cadeau, il bénéficie d'un petit mas contigu. Deux ans et 4,6 Me d'investissements plus tard, le projet est quasiment terminé. La nouvelle tranche a ouvert en août 2002.


La façade néo-classique XIXe siècle tranche dans un environnement provençal.

A l'ancien cinéma hôtel, enrichi de 2 chambres, est venu s'adjoindre un bâtiment de 14 chambres 3 étoiles (dont 4 en duplex et 3 suites) avec balcon donnant sur les Alpilles. Le classement en 4 étoiles est en cours. Ouvertes sur l'extérieur, envahies de lumière ou obscurcies par des claustras, à la manière des studios photo, elles disposent, pour certaines, d'un hammam privé et de téléviseurs-DVD. A noter, l'amusante suite avec sa cabane d'écriture nichée dans un platane ! A remarquer aussi, le hall de réception dépouillé dont une partie abrite les expositions photos "coup de cœur".
Quant au petit mas, qui sera prêt à Pâques, 6 chambres avec jardin, piscine, cuisine et salon. Le tout pour 2000 e par jour, proposé à des familles, groupes d'amis, comité de direction en séminaire... avec ou sans prestations hôtelières. Parallèlement, l'immense salle de cinéma est devenue un bar-salon doté d'un écran géant sur lesquels les classiques du cinéma, projetés sans le son, servent de 'décor animé'.
Le terrain vague, apprivoisé par Nathalie Godard, s'est enrichi d'une immense piscine. Planté de 2 500 arbres dont un labyrinthe de charmilles et, bientôt, d'un potager, il est conçu comme un décor pour les photographes de mode.


La cabane d'écriture, dans un platane, sera considérée comme une extension d'une belle suite à 600 e.

Des taux d'occupation exceptionnels
Enfin, un restaurant japonais de 50 couverts a ouvert mi-octobre avec le chef Masao Ikeda, qui propose une cuisine fusion avec sushis, sushimis... mais aussi curry d'agneau à la menthe, blanquette... Le tout pour 18 e à midi (entrée, plat du jour et dessert) et carte 'sans limites' pour le soir.
Classé par Hip Hôtels comme l'un des 40 plus extraordinaires hôtels de France, l'établissement a affiché 98,7 % de taux d'occupation cet été. Il a été boosté par sa réputation auprès de la clientèle anglo-saxonne mais aussi par sa thématique. Selon Antoine Godard, "15 à 20 % de ma clientèle viennent pour des stages photo de longue durée. Cela me permet d'avoir des taux d'occupation exceptionnels d'imposer des dates à des périodes creuses". En septembre, par exemple, la moitié de l'hôtel a été réservée, pendant 3 semaines, par un groupe. n zzz36v

Hôtel Les Ateliers de l'Image
5, avenue Pasteur
13210 Saint-Rémy-de-Provence
Tél. : 04 90 92 51 20
Fax : 04 90 92 43 52
e-mail : mailto : atelier-images@pacwann.fr


Masao Ikeda, chef japonais auteur d'une cuisine fusion.

 

En chiffres

Capacité
Hôtel de 32 chambres (bientôt 38)
Restaurant de 50 couverts
Prix chambre
150 à 600 e avec le petit-déjeuner
Prix moyens
Formule midi à 18 e
Effectif
30 salariés

 

Côté gestion du personnel

Antoine Godard s'est heurté à la pénurie de personnel qualifié. Il a dû privilégier l'embauche de régionaux payés au-dessus du Smic hôtelier et pratiquer, sans le savoir, la méthode des habiletés ANPE. Les veilleurs de nuit/serveurs des petits-déjeuners sont d'anciens ambulanciers, choisis "parce qu'ils savent maîtriser leur stress lors d'un coup de feu". Une des femmes de chambre assemblait des composants électroniques, "gage de minutie dans le travail".
A terme, les saisonniers, habillés en Agnès B., seront en CDI, ce qui est "la seule façon d'avoir un vrai niveau de service 4 étoiles". Il a quand même embauché 5 managers dont Philippe Goninet, major de l'Ecole de Lausanne ou Céline Hannoteau, maître d'hôtel, 'volée' dans une grande maison de la région, Valentin Labbaye, chef réceptionniste de 23 ans issu des palaces... Enfin, pour motiver son personnel, Antoine Godard a mis au point une formule de prime au rendement par secteur. Quand le taux d'occupation dépasse 70 %, il distribue une prime aux femmes de chambre présentes (200 e par mois cet été) et a ainsi résolu le problème du travail du dimanche, où le TO est le plus élevé. En réception, une prime quand le chiffre d'affaires de l'hébergement dépasse 3 500 e. Histoire d'inciter l'équipe à vendre les chambres les plus chères !

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