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L'après 11 septembre

Le nouveau visage du touriste américain

L'Américain d'aujourd'hui voyage différemment depuis les attentats. Plus vulnérable,il veut jouir du moment présent. Il n'en redoute pas moins le transport aérien, et se montre très sensible aux prix. Un changement dont les professionnels du tourisme doivent tirer les leçons.

Claire Cosson

Deuxième marché de l'Ile-de-France derrière le Royaume-Uni, quelque 2,3 millions de touristes américains ont fréquenté l'an passé les hôtels homologués de la capitale et de sa région. Un chiffre conséquent sachant que le montant total des dépenses des visiteurs venus d'outre-Atlantique en France atteint les 5 426 dollars. A en croire une étude qualitative réalisée par l'Observatoire régional du tourisme d'Ile-de-France (Ortif) en juin dernier, ces touristes auraient bel et bien repris cette année le chemin des vacances et des voyages internationaux. Près de 60 % des professionnels parisiens interrogés par l'Ortif déclarent d'ailleurs que l'état des réservations estivales était identique à celui de 2001 à la même période. Reste que les Américains voyagent désormais différemment. Les effets du 11 septembre ont généré de profonds changements dans leurs comportements. Y compris au sein de la toute petite minorité des Américains franchissant les frontières nationales. Parmi les premières observations de l'Ortif, on peut ainsi noter une présence soutenue des New-Yorkais (environ 30 %) à Paris en juin 2002. Autre élément instructif : seulement 20 % des touristes américains séjournant en Ile-de-France au mois de juin dernier sont arrivés directement des Etats-Unis à Paris.
La plupart ont effectivement préféré se rendre à Londres pour ensuite se diriger vers la France via l'Eurostar. Il faut souligner également que beaucoup d'Américains, notamment les plus jeunes, viennent en Europe afin d'y effectuer un grand périple.

Un bon 2 ou 3 étoiles suffit
Cela signifie que Paris est une simple escale où ils s'arrêtent 3 jours en moyenne avant d'aller ailleurs, notamment vers les pays du Sud, et plus particulièrement en Italie, en Espagne et au Portugal. En revanche, les Américains venus directement dans la capitale y séjournent volontiers, semble-t-il, une semaine. A première vue, c'est l'aspect romantique de la Ville lumière qui constitue l'une des motivations principales de leur séjour.
S'agissant de l'organisation des déplacements des touristes américains, l'Ortif constate une très grande autonomie en la matière. Billets d'avion, hôtels, excursions complémentaires en France et en Europe, font en général l'objet de réservations individuelles. La moitié des personnes sondées utilise les sites web pour s'informer. Et 11,7 % recourent aux services délivrés par Internet pour réserver.
Il n'empêche que dans tous les cas, chacun dénoue les cordons de sa bourse avec beaucoup d'attention. "We are on budget !", ont ainsi affirmé tous les voyageurs américains interrogés. Qu'on le veuille ou non, l'impact du 11 septembre pèse donc bel et bien sur les dépenses personnelles. A tel point que les touristes disent maintenant se contenter d'un bon 2 ou 3 étoiles, bien localisé dans Paris.
Outre cette sensibilité accrue aux tarifs, les Américains cherchent également un réconfort psychologique auprès de ceux qui les accueillent. Moins confiants dans leur pays, ils semblent davantage anxieux pour l'avenir et affichent un certain fatalisme. Pour preuve, leur aveu quasi unanime : "On se sent plus en sécurité en Europe qu'aux Etats-Unis." Les nouvelles attaques américaines sur des pays comme l'Irak, la montée de l'antiaméricanisme et le conflit du Moyen-Orient préoccupent beaucoup d'entre eux. Tout comme les cérémonies du premier anniversaire des attentats qui vont déclencher, de l'avis d'un grand nombre, une nouvelle vague d'inquiétude. n zzz20o

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L'Hôtellerie n° 2785 Magazine 5 Septembre 2002 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE