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La force tranquille

Du golf à l'hôtellerie internationale, il n'y a qu'un 'putt'. Sven Boinet, quadragénaire au sourire enveloppant et à la poignée de main chaleureuse, l'a évidemment mis d'un seul coup dans le petit 'trou' de la serrure des chambres d'hôtel d'Accor. Il est vrai que ce fils d'un distributeur breton et d'une mère suédoise, ancien capitaine de l'équipe de France de golf amateur, possède un très joli 'swing'. Un atout non négligeable sachant que Gérard Pélisson, l'un des coprésidents du groupe français, arpente lui aussi très volontiers les greens. Sans oublier son sens de la mission, son esprit acéré, ainsi que sa séduction naturelle.
A voir la bouille d'angelot et l'enthousiasme de ce 'centralien' passé par Stanford lorsqu'il évoque aujourd'hui l'avenir du parc hôtelier d'Accor, on en viendrait même à croire que Sven Boinet réalise un 'parcours' sans faute au sein du géant hôtelier. Ce qui, finalement, est le cas depuis son arrivée au bureau de Paul Dubrule et de Gérard Pélisson en 1987. La partie n'était pourtant pas gagnée d'avance. Rien en effet ne prédestinait ce père de quatre enfants à orchestrer l'activité hôtelière d'Accor, soit quelque 3 500 hôtels dans 90 pays. Ci ce n'est le goût du surpassement de soi et une disposition innée à aller de l'avant.
A 26 ans, le jeune 'loup' fait d'ailleurs déjà preuve d'un sacré culot en allant se frotter à des milieux 'hostiles' telles les plateformes pétrolières chez Schlumberger. Vents, paquets de mer, gestion des hommes..., Sven Boinet, marin d'eau non pas douce mais agitée (ville natale, Saint-Brieuc), résiste. Même succès chez Coflexip en qualité de chef de projet, puis plus tard comme consultant en stratégie d'entreprise chez SRI International.
Malgré ces expériences, notre homme ignore tout du monde de l'hôtellerie à ses débuts à la tour Montparnasse. Qu'à cela ne tienne ! Il bosse comme un fou, se coltine les dossiers chauds de l'époque (notamment la restructuration du pôle tourisme). Le voilà ensuite responsable de Formule 1, puis de Motel 6. Nommé vice-président exécutif en 1992, il est chargé de superviser l'hôtellerie deux ans plus tard et accède au directoire en 1997. Une ascension rapide qui témoigne d'un sens de l'analyse affûté. Mais aussi d'une grande capacité à manager les hommes. "Tout seul on débute, à deux on évolue", est du reste une devise qui sied comme un gant à cette force faite homme.