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du 28 octobre 2004
ÉDITO

Interdits

Il fut un temps - 36 ans quand même - où il était "interdit d'interdire" au nom d'une liberté individuelle mal comprise par les enfants gâtés des trente glorieuses qui s'ennuyaient dans des facs surpeuplées.
Il ne reste pas grand-chose, Dieu merci, de cet encombrant héritage, mais la société semble bien en voie de passer d'un extrême à l'autre, entraînant parfois des phénomènes de 'principes de précaution' tout aussi excessifs.
Prenons l'exemple d'un restaurant qui vient d'ouvrir et qui s'est plié à toutes les règles imposées par la puissance publique en matière de sécurité, d'hygiène, de respect de l'environnement, de droit du travail, d'organismes sociaux, de fisc, sans oublier le propriétaire des murs, les voisins et la maréchaussée… Est-il au bout de ses peines ?
Naïve question : aux obligations s'ajoutent aujourd'hui des interdictions nouvelles, "sociétales", comme disent les observateurs distingués et les journalistes d'Arte, nées des comportements des consommateurs pour la plupart.
Bien sûr, la responsabilité des établissements, et donc de leur patron, est de plus en plus souvent mise en cause dans les affaires d'alcoolisme qui se terminent mal, notamment au niveau de la sécurité routière. Il est bien évidemment incontestable que la puissance publique doit exercer une répression sans relâche de l'éthylisme au volant, mais de récents procès ont montré combien la responsabilité peut être élargie au-delà de la simple application du Code pénal : attention au cafetier ou au restaurateur qui laissera partir de chez lui un client en état d'ébriété. Attention au patron de discothèque chez qui les consommateurs boivent inconsidérément. Faut-il pour autant installer des éthylomètres à la sortie et empêcher de conduire ceux qui accuseront des doses trop élevées ? Sans doute, mais pas facile à mettre en Ïuvre.
Autre sujet de discorde sur lequel la profession doit prendre une position claire et s'y tenir : le tabac. Tout le monde l'a constaté, la loi Evin est peu ou pas appliquée dans de nombreux établissements. C'est dommage, car la demande est aujourd'hui très forte d'un air 'sans tabac', qu'il s'agisse des salariés, dont c'est le droit, n'en déplaise à certains, de travailler dans une atmosphère saine -l'entêtement des récalcitrants risque non seulement d'entacher l'image du métier qui n'en a pas vraiment besoin, mais va entraîner des contentieux à l'issue douloureuse -, mais aussi des clients, dont il est évident qu'ils supportent de moins en moins les atmosphères perpétuellement enfumées.
Enfin, et ce n'est pas qu'une anecdote, il vient également d'être précisé que les théâtres ont le droit d'installer des brouilleurs de téléphone, ce qui se comprend, mais que les restaurateurs ne sont pas autorisés à faire de même…
Trop d'interdits ne risquent-ils pas d'entraîner de regrettables et contre-productifs phénomènes de rejet ?
L. H.  zzz80

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