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du 12 août 2004
ÉDITORIAL
Au premier degré

Il y a peu, il n'était pas rare de lire des bulletins scolaires du genre : "élève médiocre, à orienter vers l'hôtellerie", ce qui soulignait l'estime que les profs éprouvaient pour une profession considérée comme une voie de garage, au même titre que les autres métiers négligemment qualifiés de 'manuels'. Avec ce genre d'appréciation sur son bulletin scolaire, peu de chances que l'intéressé éprouve un quelconque intérêt à la carrière qu'on lui propose.
Il est vrai que l'Education nationale se soucie assez peu du sort des élèves dont elle n'a pas su déceler les talents, seuls les forts en thème et les rois de l'intégrale trouvant grâce aux yeux du système à la française.
A l'arrivée d'un nouveau ministre de l'Education, on nous annonce que parmi les priorités du nouveau locataire de la rue de Grenelle, il y a bien évidement… l'enseignement technique qui ne sera plus, promis-juré, considéré comme le parent pauvre d'un système réservé aux brillants sujets capables de traduire Sénèque ou de résoudre des équations.
Disons qu'il y a encore du travail, y compris chez ceux qui devraient avoir un peu de bon sens, voire de pragmatisme, comme un cuisinier, par exemple.
On le sait, la profession culinaire, Dieu merci, n'est pas un repaire d'anciens de l'ENA ou d'HEC. Et lorsque par hasard, un personnage atypique a compris qu'il serait plus heureux derrière ses fourneaux que dans le bureau d'une banque ou au contentieux d'une multinationale, nul ne songe à lui formuler un reproche.
En revanche, certains esprits révèlent une mentalité encore bien suffisante à l'égard de nos métiers. Ainsi, la semaine dernière, dans un quotidien régional, un chef de cuisine de bonne notoriété n'hésitait pas à se confier en ces termes : "De nombreux chefs ont commencé par un certificat d'études, pas moi ! J'ai fait math sup, et je suis titulaire d'une licence de sciences économiques. Comme quoi on peut être cuisinier et intelligent."
Mais oui !
Au cas où vous n'auriez pas compris (ça peut arriver, surtout si vous n'avez pas fait math sup), la plupart des congénères de ce chef sont de fieffés imbéciles…
Bon, malgré toute notre ignorance et le poids de l'obscurantisme qui nous accable, on va au moins essayer d'être sympa : l'auteur de ces impérissables déclarations adore le second degré et cultive un sens très spécial de la dérision. Et comme on ne veut pas être méchant (cela rajouterait à notre incommensurable bêtise), on ne vous donnera pas son nom.
L. H. zzz80

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L'Hôtellerie Restauration n° 2885 Hebdo 12 août 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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