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Le marché hôtelier d'Amiens (80)

TOURISME ET AFFAIRES : LE CHOIX DIFFICILE

Accor choisit un emplacement pour un Novotel de centre-ville, et l'office de tourisme recherche désespérément des solutions 2 étoiles en centre-ville et, en semaine... Ce qui n'intéresse nullement les hôtels déserts en week-end. En attendant la solution de ce dialogue, la CCI et ses partenaires ont retenu un chiffre de 300 chambres supplémentaires admissibles en CDEC.

Le marché hôtelier d'Amiens (préfecture de la Somme et de la région Picardie, 170 000 habitants) manque-t-il de chambres, et pour quelle demande ? Il est bien difficile de répondre simplement par oui ou par non. Plutôt non, répondent les hôteliers du segment 3 étoiles en centre-ville que nous avons rencontrés. Plutôt oui, répondait l'an dernier la direction du Novotel Longueau (situé en périphérie est de la ville), mais pas en périphérie, dont l'hôtellerie économique de chaîne a proliféré sans que tous les établissements n'y trouvent leur compte. Effectivement, la direction du développement du groupe a repéré un site en centre-ville où elle s'efforce de monter un projet de 80 chambres, vraisemblablement sous enseigne Novotel. Oui, clame Cécile Bonneau, directrice de l'office de tourisme d'Amiens, pour qui le manque de solutions d'hébergement (lire encadré ci-contre) est le principal frein au développement du court séjour dans la ville. "Nous souffrons d'un problème de qualité insuffisante de l'offre, d'un mauvais rapport qualité/prix et d'un manque de lits à certaines périodes de l'année. Il nous faudrait très vite deux établissements en centre-ville, et à terme un équipement en sortie ouest de la ville, auprès du stade de la Licorne, du pôle de congrès Méga-Cité et de l'hippodrome, bientôt renforcés d'un Zénith", résume-t-elle. "Nous ressentons principalement le problème dans le marché des groupes, souvent des retraités britanniques ou français demandeurs de qualité 2 étoiles, en centre-ville et en semaine. Nous ne faisons plus de promotion, nous ne pouvons pas les loger. Nous avons travaillé avec la chambre de commerce, et conclu à la nécessité de construire 300 chambres..."

Effectivement fortement sollicitée par les élus et le monde du tourisme, la CCI d'Amiens a élaboré avec ses partenaires une charte de développement de l'hôtellerie-restauration qui constitue désormais la base de la doctrine pour d'éventuelles présentations de dossiers en Commission départementale d'équipement commercial (CDEC). Le chiffre approximatif de 300 chambres n'est pas un repère brut. Il sera 'travaillé' en CDEC avec une forte modulation selon les genres : les créations 2-3 étoiles de centre-ville seront favorisées à concurrence de la moitié du contingent environ, soit quelque 150 chambres, et les extensions pour le solde. Les extensions du segment économique existant pourront être autorisées, mais non les créations.

 

Décollage économique, mais non-touristique

Cette décision est assise sur une étude menée fin 1999. L'étude commandée à Promotours était d'abord un diagnostic touristique. Amiens est une capitale régionale de taille moyenne à l'incontestable décollage économique, et une vraie ville universitaire. Remplir les hôtels les milieux de semaine hors période scolaire n'est pas un problème. La ville a bénéficié d'efforts d'aménagements urbains et d'animations importantes. Le centre, le quartier de Saint-Leu ont été littéralement ressuscités. La cathédrale et les hortillons restent des pôles d'attraction de renommée au moins nationale, voire ouest européen. Méga-Cité représente un espoir, mais entre Paris et Bruxelles, sans aéroport (pour le moment) de proximité, la concurrence sera rude. Cela fait-il d'Amiens une destination touristique ? Sans doute pas encore. "A l'instar du travail accompli par le Smacopi (N.D.L.R. : le syndicat mixte d'aménagement de la côte Picarde) sur notre côte, il nous faut créer une véritable dynamique et investir pour faire d'Amiens au minimum une ville étape incontournable", propose Michel Rozat, chef du service commerce-tourisme à la CCI d'Amiens.

Les hôteliers peuvent-ils être partenaires de cet objectif ? Il faudra d'abord pour cela qu'ils réactivent le club hôtelier, affecté par le départ de ses animateurs. La structure existe en théorie, mais a peu d'activité pour le moment. Il faut ensuite qu'ils y trouvent leur compte. Or les TO moyens sont proches de 60 %, sans plus, et les prix moyens relativement peu élevés en 3 étoiles. Leur attitude est donc extrêmement prudente face à l'idée d'une augmentation massive des capacités sans contrepartie. Cette contrepartie pourrait être le développement du court séjour en fin et tout début de semaine. Alors que la RTT rogne les séjours d'affaires, à présent concentrés du mardi au jeudi, c'est de longs week-ends de tourisme que les hôteliers ont besoin.

Ce marché, classique dans les villes de province sans tradition de tourisme massif, montre donc une offre et une demande qui se rencontrent mal. L'hôtellerie pourrait supporter bien davantage de chambres en milieu de semaine pour la clientèle affaires. Elle pourrait peut-être, avec le développement d'un parc 2 étoiles adapté, accueillir des groupes limités de tourisme en semaine, à prix non bradés. 300 chambres de plus, cela paraît donc jouable, mais quelles chambres et vendues de quelles manières, là est la question.
A. Simoneau zzz70

 
La cathédrale d'Amiens et les hortillons, premières attractions, sans doute encore un peu insuffisantes sans soutien d'animation.

 
Face à face, le Carlton et sa belle façade, et l'Express by Holiday Inn, tout près de la gare et de la rue de Noyon. Le marché ne fait pas de cadeau.

 

Le grand Hôtel de l'Univers Best Western. Plein de charme, mais le TO a du mal à passer les 60 %.



Le directeur du Grand Hôtel de l'Univers Best Western.

Un déficit de chambres à prouver

Les leaders de l'hôtellerie de centre-ville à Amiens sont sans doute les 2 étoiles de chaîne Express by Holiday Inn (69 chambres - 2 étoiles plus) et l'Ibis centre-ville (94 chambres). Mais ils s'adressent en priorité à la clientèle en déplacement professionnel. A noter toutefois qu'Ibis affiche des prix week-ends de 43 à 53 e, contre 60 à 63 e en semaine. Nous avons rencontré leurs concurrents 3 étoiles, encore plus franchement branchés affaires.
Pierre Petit, jeune et récent directeur du franchisé Mercure Cathédrale (47 chambres), venu d'un Kyriad lyonnais a trouvé "un outil propre et bien rénové" derrière une façade de caractère, propriété de la société amiénoise d'hôtellerie. Il constate une bonne fréquentation en milieu de semaine, mais les livres de son prédécesseur montrent des mois creux. "J'attends une expérience d'exploitation d'au moins une année, mais je suis très prudent. A première vue, le déficit hôtelier n'est pas évident", indique-t-il, pour cet hôtel qui affiche des prix de 70 à 85
e.

Le Mercure n'affiche pas de prix week-end, mais participe à l'opération 'bon week-end en ville'.
Joëlle et Jean-Pierre Marteau, exploitants du Grand Hôtel de l'Univers Best Western (41 chambres) louent ces beaux murs à deux pas de la cathédrale. Un puits de lumière sous une verrière encadre une belle cage d'escalier autour de laquelle s'ordonnent les chambres, toutes différentes. Le taux d'occupation moyen a progressé de 52 % en 1998 à 60 % en 2001. Mais récemment, l'occupation a commencé à régresser en fin de semaine dès le jeudi voire le mercredi soir, même si l'enseigne Best Western "apporte beaucoup".
"A notre niveau de confort 3 étoiles, le parc suffit", commente Jean-Pierre Marteau. "Il y a encore des disparitions d'hôtels avec le marché actuel, et les investisseurs ne se pressent pas", observe-t-il. "Quand Méga-Cité veut organiser un congrès, c'est vrai qu'il y a problème, mais combien de fois par an ?"
Le Carlton de Jean-Pierre Mulliez, 24 chambres, est un restaurant plus qu'un hôtel. Fortement rénové par les propriétaires précédents, il affiche des prix de 71 à 100
e. L'activité hébergement tourne entre 55 et 60 % de TO moyen, avec une période fin 2001 - début 2002 difficile. Jean-Pierre Mulliez confirme : "Le moindre événement sature le parc, mais c'est trois fois par an, de préférence, si on peut dire, quand nous sommes tous déjà complets..."


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L'Hôtellerie n° 2770 Hebdo 23 Mai 2002 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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