Ouf ! L'image de
la cuisine française à l'étranger, et en particulier aux Etats-Unis, a enfin changé de
look ! Il était temps, à force de se faire grignoter les pauvres parts de marché qui
nous restaient, nous allions être classés dans la catégorie des dinosaures,
répertoriés dans la liste des espèces disparues. Les Italiens, malins, étaient là, à
l'affût bien sûr, et avec leurs pâtes, leurs pizzas, leurs antipasti, leur sourire et
leur charme légendaire, ne manquant jamais l'occasion de gagner des points. Si bien que
la restauration italienne est aujourd'hui, dans la plupart des pays du monde, la
restauration la plus populaire et la plus répandue. L'image de la cuisine française
était coincée, grande classe, compliquée, chère et arrogante. Les ingrédients
parfaits pour en faire un produit parfaitement obsolète ! Et on les a vus fermer les uns
après les autres, ces grands noms de la cuisine française outre-Atlantique... pendant
qu'en France, tout avait évolué. Ceux qui se disaient les ambassadeurs de la cuisine
française au-delà de nos frontières ne s'étaient pas rendus compte qu'ils n'étaient
plus que les porte-parole d'un passé révolu... Autant dire qu'ils devenaient alors de
très mauvais ambassadeurs... pas de quoi donner envie aux Américains de venir faire le
tour de France de nos tables ! Eh bien, qu'on se le dise, ce temps-là est bel bien fini !
Dès que l'on veut montrer que quelque chose est chic et branché, on fait référence à
la France et les restaurants français affichent complet, du bistro au gastro ! Les
frenchies font la une des magazines culinaires, envahissent les plateaux des shows
télévisés où ils excellent quand ils livrent quelques-unes de leurs recettes favorites
avec cet accent inimitable qui fait craquer les Américaines !
Si tout cela est bel et bon pour l'image de la France, et bien sûr pour la réussite
de tous ceux qui ont franchi l'Atlantique, il ne faudrait pas pour autant s'en
satisfaire... En effet, si les Américains sont aujourd'hui de plus en plus amateurs de
cuisine française, de France, de qualité, ils ne se contenteront pas longtemps de ce que
l'on pourra leur apporter... Leurs écoles de cuisine sont pleines, ils y ont investi des
sommes considérables pour justement avoir les moyens d'assurer une formation de haut
niveau, c'est dans l'exigence qu'ils évoluent et, sans que quiconque ne s'en aperçoive,
ils pourraient bien un jour prochain faire mieux que nous... Côté produits, plus besoin
de faire venir de la marchandise de France ; côté savoir-faire, ils apprennent vite...,
et quand il s'agit de faire du vin, ils pourraient en apprendre aujourd'hui à
quelques-uns aussi... Alors, gardons-nous bien de crier victoire un peu vite et de nous
endormir sur nos lauriers ...!
PAF
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L'HôTELLERIE n° 2725 Hebdo 5 Juillet 2001
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