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Accord Cora-McDonald's

Deux temps partiels pour un plein

L'hypermaché Cora de Wittenheim (Haut-Rhin) et son voisin McDonald's ont mis au point un système d'emploi où des salariés peuvent cumuler deux temps partiels pour former un temps plein. Si plusieurs personnes ont profité de cette convention entre les deux entreprises, les limites du système apparaissent bien vite.

Il est 11 h 30. Karima Damdami doit se dépêcher. Son service à la pesée des fruits et légumes de l'hypermarché Cora de Wittenheim, dans la banlieue proche de Mulhouse, vient de prendre fin. Dans un petit quart d'heure, elle va débuter son travail au McDonald's situé à l'autre bout du parking. Elle aura à peine le temps de finir sa pause avant d'entamer 'deux heures de folie' d'un fast-food bien fréquenté. Karima Damdami partage son temps de travail en deux temps partiel, l'un de 22 heures pour Cora, et l'autre de 12 à 15 heures chez McDo. Cette jeune mère de famille, dont le mari travaille de nuit, avait besoin d'un revenu complémentaire pour assurer la charge financière de sa petite fille. "Ce système me convient", dit-elle après presque un an et demi passé à ce rythme. Le profil de ses deux emplois est relativement semblable : "J'ai eu une semaine de formation à la caisse enregistreuse chez McDo. Le responsable a vu que j'avais déjà l'approche avec le client chez Cora", poursuit-elle. Aujourd'hui, la chaîne de restauration rapide est satisfaite de son employée, "une bosseuse". Elle est devenue hôtesse d'anniversaires les mercredis et samedis après-midi. A terme, "on compte la faire passer chef d'équipe dans le cadre de ses horaires. Après, si elle veut progresser, ce sera à elle de faire un choix", indique-t-on chez McDo. "C'est vrai que je préférerais avoir un temps complet auprès d'un employeur", reconnaît Karima Damdami.

Deux contrats distincts
A l'heure où nous écrivions ces lignes, Karima Damdami était encore la seule employée à bénéficier de l'accord signé entre les deux sociétés, en mars 1999, après un petit trimestre de préparation. "Cora et McDo ont besoin d'un nombre important de temps partiel (le matin au déchargement et au remplissage des rayons pour l'hypermarché, lors des heures des repas pour le fast-food) qui souhaitent souvent avoir un complément salarial", fait remarquer Michel Bertsch, manager des produits frais en libre service de Cora, en charge de 'cette mission'. La demande est d'ailleurs plus sensible chez McDo où l'on embauche essentiellement des temps partiels (87 heures par mois), alors que Cora parvient à faire passer à temps plein une partie de ses salariés à mi-temps. Cette double bonne raison - gestion des effectifs et question des salaires - pousse les deux entreprises à s'entendre et à mettre en place un système de temps complet formé par deux temps partiels aux horaires compatibles. "L'employé a deux contrats distincts", souligne Michel Bertsch. Deux garde-fous encadrent son temps de travail : un nombre d'heures hebdomadaires limité au cadre légal "sans heures supplémentaires", et une charge journalière de 10 heures maximum, étalées sur une amplitude plafonnée à 12 heures, suivie d'un repos minimum de 12 heures. "Les congés payés sont fixés aux mêmes dates. En cas d'accident du travail ou de formation, l'autre entreprise ne rémunère pas, ajoute Michel Bertsch. Les congés pour maladie nécessitent la délivrance de deux certificats."

Grosse demande à Noël
Au plus fort du système, lors des fêtes de Noël 1999, on dénombrait 4 employés de McDo travaillant en complément chez Cora (à la boulangerie, aux surgelés, etc.) et 2 dans le sens inverse. Aujourd'hui, Karima Damdami est la seule rescapée d'un système qui affiche ses limites. "Ils ont arrêté pour une raison qui ne tient pas au système, soutient cependant Michel Bertsch. Le profil d'âge est différent, plus jeune chez McDo que chez nous. Certains de nos employés qui ont dépassé la quarantaine n'y trouvent pas leur bonheur." Sans risque de se tromper, on peut cependant affirmer que la plupart des salariés considéreront cette solution comme un pis-aller avant de trouver mieux. A l'inverse, avoir le pied dans deux sociétés double les opportunités de carrière. Autre difficulté, la compatibilité des horaires n'est pas toujours aisée à gérer. "Il faut admettre que cela ne fonctionne que si les entreprises s'entendent bien et si elles sont relativement proches géographiquement, reconnaît Michel Bertsch. Une expérience avec le McDo du centre de Mulhouse n'a pas fonctionné car il y avait trop de déplacements." Cette convention a néanmoins séduit le Cepi (Club des entreprises pour l'insertion) et l'ANPE locale qui disposent là d'une expérience originale pour placer les demandeurs d'emploi.


Karima Damdami cumule deux temps partiels, chez Cora et Mc Donald's, pour bénéficier d'un salaire plein.


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L'HÔTELLERIE n° 2703 Hebdo 1er Février 2001


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