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Corse

Paillotes : la confusion

Dans l'île de Beauté, la question des paillotes ne suscite plus autant d'intérêt qu'en avril 1999 où une véritable affaire d'Etat avait éclaté au grand jour. Pourtant, la question demeure d'actualité. Pire, elle attend un règlement.

Cet été, la règle du jeu a été fixée par le secrétaire général de la préfecture de Corse du Sud. "Ne sont légales que les paillotes démontables le 30 octobre, répondant à des critères rigoureux en termes d'intégration dans le paysage et de salubrité." Les constructions ne doivent pas accaparer tout une plage et celles en dur sont interdites. Par contre, celles construites en dur depuis longtemps, et n'ayant jamais été inquiétées, sont désormais soumises à des autorisations annuelles. Après le scandale de 1999, près de vingt autorisations ont été demandées, puis accordées. Mais toutes sont temporaires (Autorisations d'occupation temporaires du domaine public).

Trop d'inégalités
En pensant régler la question, on a, au contraire, créé une grande pagaille. Ce qui est permis à certains ne l'est pas à d'autres. 12 m2 par ici, 250 m2 par là. Conséquences : le sentiment d'injustice domine chez les responsables des établissements du bord de mer. Marc Terrazzoni, paillotiste à Palombaggia (Porto-Vecchio) est amer. Son affaire de quarante ans, située depuis toujours sous les pins, est à présent carrément sur le sable. "Avant, nous étions au-dessus, un escalier menait à la mer. La clientèle appréciait. Avec 12 m2, il est difficile de travailler, et puis les habitués ne reconnaissent plus la paillote. Ils la préféraient avant. De plus, dès septembre, on ne pourra plus travailler à cause de la houle de fond. La mer monte au niveau des tables et des chaises, parce que nous sommes trop proches du rivage." L'établissement est dépourvu de réseau d'assainissement, parce que rien n'est prévu dans l'AOT. Idem pour une paillote voisine, sans sanitaires ni assainissement. A Cala d'Orzu, le plus célèbre des paillotistes, Yves Feraud, a reconstruit son établissement. L'AOT lui a été délivrée début juin. "Moi aussi on m'a déplacé. Je suis en bordure du maquis et de la plage. Je travaille sur une surface inférieure." 285 m2 au lieu de 350. A Palombaggia, comme à Cala d'Orzu, les paillotistes sont inquiets. "Cette année, nous sommes là, mais l'an prochain ? On ignore ce que l'on compte faire de nous. Par contre, c'est pire qu'avant, et nous sommes encore ici à constater les dégâts." Pour ce paillotiste ne vivant que de cette activité, il est hors de question d'accepter la même AOT l'an prochain. "Ce n'est pas la peine, on galère trop. En plus, il est interdit de construire au-dessus de la plage car la zone appartient au conservatoire du littoral."

Des enjeux de taille
Pour les associations de défense de l'environnement, "le domaine public doit rester libre et gratuit. Les paillotes doivent être construites en dehors de la bande des 100 m, et répondre à des règles d'hygiène et d'assainissement." L'association pour le libre accès aux plages est claire. "Au lieu de régler la question, l'administration et les maires l'ont aggravée." Délivrées par la DDE avec l'avis des maires, les autorisations sont désormais des enjeux de taille. Et tandis que les estivants, ravis de trouver ce type d'établissement pour se restaurer et se rafraîchir, préfèrent ignorer les tracas politico-administratifs, les professionnels espèrent que tous les partenaires (Etat, maires, associations) se mettront autour d'une table. "C'est possible à condition de loger tout le monde à la même enseigne et de trouver un équilibre entre développement et économie."
A. Croce

 
Marc Terrazzoni, paillotiste à Palombaggia est amer. Son affaire de quarante ans, située depuis toujours sous les pins, est à présent carrément sur le sable.

L'affaire

L'affaire des paillotes, celle qui a fait couler tant d'encre il y a quelques mois, devrait à nouveau ressurgir d'ici peu. En effet, la cour d'appel de Bastia doit se prononcer sur la requête en nullité concernant la prolongation de la garde à vue de l'ancien préfet de Corse, Bernard Bonnet, et celle relative à la désignation du juge Camberou pour l'instruction du dossier des paillotes incendiées. Il y a quelques jours, la chambre d'accusation de la cour d'appel de Bastia s'est penchée sur la requête en nullité déposée par la défense de l'ancien préfet de Corse, dans l'affaire des paillotes. La cour s'est donnée jusqu'au 20 septembre pour délibérer sur différents points. Concernant la violation des droits de la défense lors, notamment, de la confrontation entre tous les protagonistes et même lors de la reconstitution, la requête a été rejetée. Concernant le second point, celui de la cassette audio du lieutenant-colonel de gendarmerie impliqué dans l'affaire, et présenté par les avocats de l'ancien préfet comme une "preuve illégale", la demande en nullité n'a pas abouti. Par ailleurs, les magistrats ont jusqu'au 20 septembre pour se prononcer sur la validité de la désignation du juge Camberou du 26 avril 1999, date à laquelle l'affaire débutait. Mais d'ici le 20 septembre, des pièces administratives devront être fournies à la chambre d'accusation, afin qu'elle statue dans les meilleures conditions. Autre point sur lequel il faudra statuer, celui de la prolongation de la garde à vue de Bernard Bonnet.
D'autres pièces administratives sont à produire. Des pièces jugées capitales par la défense, convaincue du caractère irrégulier de cette désignation. La défense de l'ancien préfet Bonnet entend utiliser tous les moyens juridiques afin que "l'affaire des paillotes" ne soit pas jugée sur le fond. Et pourquoi pas, que ce dernier puisse obtenir un non-lieu dans une affaire.


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L'HÔTELLERIE n° 2680 Hebdo 24 Août 2000


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