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Actualité juridique
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Marche à suivre

Mise en place avant le 1er janvier 2000

Avocat à la cour d'appel de Paris, maître Ravalec est également consultant référencé par les services du ministère de l'Emploi afin d'aider les entreprises à mettre en œuvre la loi Aubry. Il a pu, au sein de son cabinet EAC-AES consultants, aider de nombreux établissements et chaînes du secteur des CHR (dont les Relais et Châteaux) à aménager et à réduire la durée du travail. C'est donc à ce titre qu'il nous a accordé cet entretien nécessaire à une complète compréhension de la loi Aubry sur l'aménagement et la réduction du temps de travail qui peut présenter certains avantages pour les professionnels du secteur des CHR.

L'Hôtellerie :
Comment réagissez-vous face à l'attentisme que prônent certains syndicats en ce qui concerne l'application des 35 heures dans les CHR (39 heures avec les 4 heures d'équivalence) ?

Maître Ravalec :
A dire vrai, c'est une attitude que je ne comprends pas. Pourquoi attendre ? Nous nous situons ici sur un plan technique et pragmatique, et l'attitude de ceux qui attendent n'a pas d'explication logique : ou bien ils sont dans l'ignorance complète de la loi, ou bien on leur a indiqué que cette loi était source de tous les maux ou bien encore on leur a dit et répété qu'elle était inapplicable et que d'une manière ou d'une autre elle serait écartée. La réalité est autre. En effet, la loi sur les 35 heures a été votée, promulguée et fait déjà l'objet de nombreux accords anticipés dont les résultats bénéfiques en termes d'emploi ont été présentés au Parlement par le ministre dans un rapport. Ce rapport fait état de 15 026 accords de RTT signés s'appliquant à plus de 2 millions de salariés avec un total de 120 000 emplois créés ou maintenus. La loi sera donc quoi qu'il en soit applicable au 1er janvier 2000 pour les entreprises de plus de 20 salariés (1er janvier 2002 pour les autres). C'est l'une des priorités annoncées par le gouvernement, et il ne fait aucun doute que ce souhait sera exaucé. La seconde loi Aubry qui est en discussion au Parlement sera quant à elle adoptée en octobre ou novembre 1999 et elle ne propose pas de modification fondamentale au premier texte, car elle ne fait qu'apporter des précisions sur des points qui ne concernent pas au premier chef la majeure partie des entreprises du secteur des CHR.
Deux attitudes peuvent donc être adoptées par les dirigeants d'entreprises : soit ils considèrent cette loi comme une contrainte (c'est souvent, par manque d'informations complètes sur le texte, l'attitude adoptée de prime abord), soit ils gèrent cette loi comme une opportunité qui leur est donnée, et ce au travers les multiples dispositions introduites par le texte permettant de repenser leur organisation en termes d'efficacité sur les plans financier, économique et social. De plus, il est important de prendre conscience du fait que cette loi constitue une première car desormais les salariés sont partie intégrante et partie prenante dans une réorganisation et un aménagement du temps de travail. Cela peut sembler anodin, mais je puis vous assurer qu'au travers des missions que j'ai pu réaliser, ceci constitue une opportunité et un dynamisme social permettant à l'entreprise de redécouvrir une vitalité nouvelle.

L'H. :
Vous nous parlez de dispositions intéressantes dans le texte de loi. Quelles sont-elles ?

M.R. :
Toutes les entreprises qui anticiperont la loi, c'est-à-dire qui réfléchiront à sa mise en application avant le 1er janvier 2000 pour les entreprises de plus de 20 salariés et au 1er janvier 2002 pour les autres, sont éligibles à trois types d'aides.
Tout d'abord, pour les entreprises de moins de 500 salariés, l'Etat prend en charge l'intervention d'un consultant chargé de réaliser un diagnostic social de l'entreprise. Le consultant, choisi par l'entreprise (une liste des consultants référencés est disponible auprès des directions départementales du Travail, de l'Emploi et de la Formation professionnelle), effectue une mission d'une durée moyenne de quatre à huit jours selon le nombre de salariés, le chiffre d'affaires et l'implantation de l'entreprise. A titre indicatif, les honoraires du consultant sont les mêmes pour l'ensemble de la France, c'est-à-dire 5 500 francs hors taxes par jour. L'Etat prend à sa charge 100 % des honoraires du consultant du 1er au 5e jour de consultation. Si l'entreprise est d'une importance telle que 5 jours ne suffisent pas, les jours suivants ne seront pris en charge par l'Etat qu'à 70 %. Cela signifie donc que pour la majorité des CHR, l'audit de l'entreprise par une personne à la fois indépendante de l'employeur et des salariés, dotée des compétences juridiques et d'une connaissance du terrain, ne coûtera pas un sou ! De plus, lorsque l'on sait que la loi ne conditionne pas la prise en charge d'un consultant à la signature d'un accord sur la réduction du temps de travail, on a du mal à comprendre les raisons pour lesquelles si peu d'entreprises dans notre secteur aient sauté le pas ! Qu'un accord d'entreprise sur la réduction du temps de travail soit ou non signé, l'Etat paiera tout de même les jours que le consultant aura passés à établir un bilan social de l'entreprise et à aider à effectuer des simulations financières et sociales du passage aux 39 heures. Même si les partenaires ne souhaitent pas signer d'accord, ils bénéficieront toujours d'un diagnostic social et des simulations que le chef d'entreprise pourra réutiliser plus tard s'il le souhaite. L'expérience m'amène à constater que faire appel à un consultant extérieur permet de recueillir un avis objectif pouvant être pris en compte dans une réorganisation de l'entreprise. Le consultant est là pour aider les partenaires, pour réaliser un accord équilibré dans l'intérêt de l'entreprise et des salariés. En effet, l'habitude alliée au surcroît de travail rencontré dans les professions de l'hôtellerie et de la restauration font que les chefs d'entreprise n'ont souvent pas le temps de s'atteler à une telle tâche de recensement des dysfonctionnements et d'optimisation des horaires et des fonctions.

L'H. :
Et mis à part l'audit de l'entreprise, l'Etat a-t-il prévu des aides, disons "sonnantes et trébuchantes" ?

M.R. :
Tout à fait, l'Etat y a pensé. La seconde aide apportée par l'Etat bénéficiera à l'employeur d'une entreprise de plus de 20 salariés si celui-ci signe avec le représentant de ses employés, avant le 31 décembre 1999, un accord anticipé sur la réduction du temps de travail (réduction de 10 % au moins) et embauche au moins 6 % de salariés. Dans ce cas, l'employeur bénéficiera d'aides dégressives pendant 5 ans calculées sur l'ensemble de ses salariés : il touchera la première année une aide de 7 000 francs par an et par salarié, 6 000 francs la seconde année, 5 000 francs les troisième, quatrième et cinquième années, soit un total de 28 000 francs par salarié. Prenons un exemple. Si vous avez une entreprise employant 30 salariés, que vous décidez de signer un accord sur la réduction du temps de travail et que vous embauchez 2 employés (donc 6 %), vous toucherez alors une somme totale sur 5 ans de 896 000 francs d'aides [(7 000 x 32) + (6 000 x 32) + (5 000 x 3 x 32)] = 224 000 + 192 000 + 480 000 = 896 000 ! * Pour les entreprises de moins de 20 salariés qui désireraient anticiper la loi en 2000, les aides dégressives sont calculées de la même façon. Si par contre elles ne le font qu'en 2001, les aides ne seront plus que de 6 000 francs la première année et de 5 000 francs pendant les quatre années suivantes.
Si vous signez un accord anticipé sur la réduction du temps de travail mais que vous n'embauchez pas au moins 6 % de salariés, vous pourrez néanmoins bénéficier d'une batterie d'aides sur les bas salaires lorsque ceux-ci sont compris entre 1 fois et 1,8 fois le SMIC. Ces exonérations de cotisations patronales peuvent aller jusqu'à 21 500 francs par an et par salarié entrant dans la catégorie, et ce sans limite de durée ! (voir tableau p. 13). Lorsqu'ils apprennent que ces aides, qui sont fonction du salaire des employés, peuvent se cumuler avec les aides dégressives pour l'embauche de 6 % de salariés, les chefs d'entreprise comprennent vite la réelle nécessité d'anticiper la loi Aubry.

L'H :
Pratiquement, quel est votre rôle ?

M.R. :
Le consultant, dans son diagnostic social, photographie le fonctionnement actuel de l'entreprise pour permettre dans un second temps d'effectuer des simulations et d'aider à la mise en place d'une nouvelle organisation du temps de travail. Il aide les partenaires à optimiser le fonctionnement, de manière à ce que le passage à 39 heures se fasse de la manière la plus souple possible. En pratique, j'étudie donc le mode de fonctionnement de l'entreprise pendant plusieurs jours, je prends en note les points caractéristiques de l'établissement, les horaires effectués par le personnel, les heures d'arrivée, de travail effectif, les pauses, les jours de repos, et cela service par service (cuisine, salle, bar, chambres...) en particulier par le biais des plannings. Une fois cet audit réalisé, sur la base de ces recueils d'informations et de l'étude des plannings, nous réfléchissons avec les partenaires aux conditions optimales de mise en place de la loi Aubry : je travaille les plannings avec le chef de chaque service et nous réfléchissons aux manières de les améliorer. Chaque chef de service précise le nombre de personnes dont il a besoin pour un fonctionnement optimal, et nous cherchons (et trouvons !) les moyens d'adapter les plannings aux nouveaux horaires. Vous savez, la loi sur la réduction du temps de travail apporte un élément fondamental : elle pose en effet des règles claires sur ce qui doit être ou non considéré comme du temps de travail. Je m'explique : selon la loi, la durée de travail effectif - c'est-à-dire la durée à prendre en compte pour calculer les 39 heures par semaine - est le temps pendant lequel le salarié est à la disposition de l'employeur et doit se conformer à ses directives sans pouvoir vaquer librement à ses occupations personnelles. Ainsi, la loi exclut de la durée du travail le temps nécessaire à l'habillage et la pause repas. Il en est de même pour le temps passé à prendre une douche ou les temps de pause café par exemple. A titre d'exemple concret, j'ai dernièrement effectué un audit social dans un établissement dans lequel le chef d'entreprise craignait fortement la loi sur la réduction du temps de travail. Or, il est apparu que les employés arrivaient dans l'établissement à 8 heures, pointaient immédiatement, se changeaient et prenaient leur café pendant vingt minutes. L'habillage et la pause café n'étant pas considérés par la loi comme du travail effectif, il suffisait alors de les faire pointer au moment de la prise effective du travail pour gagner ainsi instantanément une demi-heure par jour et par salarié, soit 2,5 heures par semaine, ce qui fait qu'il ne restait plus qu'une heure et demi à gagner pour amener le temps de travail dans l'entreprise à 39 heures ! Ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres, mais je puis vous assurer, d'après l'expérience que j'ai acquise, que passer à 39 heures dans le secteur des CHR est une opération qui est loin d'être "mission impossible". Il suffit en réalité de repenser l'organisation de l'entreprise et d'opérer une gestion du temps beaucoup plus rigoureuse. Il faut gérer l'amplitude de travail en éliminant le temps de présence inutile. Lorsque le fournisseur d'un restaurant arrive le matin à 8 h 30, il n'y a pas besoin que six personnes soient présentes : le responsable de la cuisine et celui du restaurant suffisent !

L'H :
A quels problèmes êtes-vous le plus souvent confronté ?

M.R. :
Les entreprises du secteur des CHR possèdent une caractéristique que l'on trouve peu ailleurs, c'est leur diversité : un restaurant ne ressemblera pas à un autre situé dans la même rue par exemple. C'est cette diversité qui fait leur richesse. De même, les problèmes rencontrés par les établissements reflètent cette diversité, car il est rare de rencontrer des entreprises présentant les mêmes difficultés. Toutefois, on peut isoler quelques problèmes récurrents : en premier lieu, dans des établissements ouverts toute l'année 7 jours sur 7, les problèmes principaux concernent la gestion des congés légaux, des jours fériés et des jours de repos. Dans de tels établissements, dans chacun des services, il y a en moyenne une ou deux personnes absentes en permanence sur une année du fait des rotations. Les solutions que nous apportons à ce type de problèmes intègrent, en dehors des embauches, la mise en place d'horaires décalés, la création de cycles de travail, la mise en place de l'annualisation, la polyvalence... On comprend alors qu'il est utile de réfléchir de manière anticipée à cette loi qui sera à terme en tout état de cause applicable à tous. Qui plus est, cette loi étant non seulement obligatoire mais permettant également des aides financières lorsque son application en est anticipée, pourquoi s'en priver ? L'intérêt du consultant, c'est d'apporter à l'entreprise une "caisse à outils" et de lui proposer les outils les plus adaptés pour lui permettre de continuer à fonctionner efficacement dans le respect de la loi Aubry. La polyvalence, notamment, possède de nombreux avantages, et représente certainement un aspect à développer en entreprise. Elle permet par exemple à la femme de chambre qui aurait terminé son service en avance de venir aider le personnel du restaurant à mettre la salle en place, et vice versa. Outre le fait que le travail est fait plus rapidement, l'intérêt de ce mode de fonctionnement est multiple : l'employé polyvalent découvre tout d'abord un autre emploi et l'enthousiasme que suscite cet apprentissage, les liens entre les différents services se renforcent et il se peut que certains découvrent ainsi des personnes qu'ils ne connaissaient pas réellement. Ces avantages peuvent sembler mineurs, mais ils modifient souvent profondément l'ambiance d'un établissement.

L'H.
Les accords conclus dans le cadre de la loi Aubry traitent fréquemment de la modulation du temps de travail ; est-ce un dispositif que vous conseillez aux CHR ?

M.R. :
Oui, et ce d'autant plus que la modulation est un outil efficace de gestion compte tenu des cycles et des périodes de basse, moyenne et haute activité. Si l'entreprise ferme durant l'année, il conviendra d'étudier ses résultats sur l'exercice précédent afin de déterminer la période creuse pendant laquelle il sera possible de fermer l'établissement. Les salariés prendront alors leurs congés payés ou leurs jours de récupération RTT pendant cette période. En effet, la loi Aubry permet de réduire le temps de travail en donnant des jours de repos supplémentaires aux salariés, ce qui permet de moduler ainsi les effectifs en fonction de la charge de travail. Cette solution pourra également s'appliquer aux restaurants qui pourront décider de fermer à midi ou le soir, sur toute l'année ou seulement sur une période déterminée selon les résultats de l'année précédente. En effet, il est souvent rentable pour un établissement de fermer plutôt que d'avoir des frais fixes importants alors que la fréquentation n'est pas au rendez-vous. C'est la raison pour laquelle il est important d'effectuer une analyse des résultats de l'entreprise et de déterminer les périodes durant lesquelles le coût d'une ouverture est supérieur aux bénéfices réalisés. L'un des rôles du consultant est donc d'opérer des simulations financières des diverses solutions trouvées pour passer aux 39 heures, tout en sachant qu'il n'existe pas de standards car chaque entreprise répond à des spécificités qui lui sont propres.
Ce problème de la fluctuation de l'activité doit absolument être géré par les professionnels pour qu'ils puissent appliquer la loi d'une façon optimale. La solution pour optimiser le travail dans ces conditions réside dans l'annualisation du temps de travail et dans le lissage des salaires sur l'année. C'est-à-dire qu'au lieu de prendre 39 heures par semaine comme base de travail dans l'entreprise, on calculera la base sur l'année, soit 1 768 h par an, tout en versant au salarié le même salaire chaque mois calculé sur 169 heures de travail par mois. En négociant les accords RTT sur la base d'une moyenne de référence de 39 heures de travail par semaine, en prenant une limite basse de travail effectif de 20 heures par semaine et une limite haute de 48 heures par semaine, on permet ainsi une gestion extrêmement souple des flux de clientèle. Pendant les périodes de baisses de fréquentation, les salariés pourront ne faire que des horaires minimums, et ils pourront récupérer le temps non employé lors des pics de fréquentation. Pour le personnel, cette modulation et ce lissage des rémunérations comportent de réels avantages : cela leur permet, quels que soient les horaires effectués - et ce même s'ils travaillent très peu durant un mois -, d'être rémunérés de la même manière que s'ils avaient travaillé 39 heures par semaine, et cela leur permet de bénéficier de jours de repos supplémentaires.
Toutes ces solutions peuvent également s'appliquer aux établissements saisonniers pour lesquels il sera possible "d'éponger" les périodes creuses grâce aux jours de repos ou aux jours RTT.
Une difficulté régulièrement rencontrée est l'opposition du personnel en contact avec la clientèle lorsqu'il est rémunéré au service. En effet, pour ces salariés, réduire le temps de travail entraîne automatiquement une baisse de leur rémunération. Il en est de même si le chef d'entreprise décide d'augmenter ses effectifs. Deux solutions sont possibles : soit sortir certaines personnes du pot, soit augmenter leur pourcentage. Il suffit ainsi d'augmenter de peu le pourcentage du pot pour que ce personnel perçoive une rémunération équivalente à celle qu'il avait avant l'application de la loi Aubry.

L'H. :
Donc, d'après vous, cette loi Aubry est globalement positive ?

M.R. :
Tout à fait. J'ai pu constater que la loi permet, à travers ses dispositions d'aide à la réduction du temps de travail, à la fois un gain de productivité dans les CHR et une motivation accrue des salariés qui, de par leur polyvalence nouvelle, se sentent responsabilisés et indispensables à la bonne marche de l'entreprise. L'implication des salariés et du chef d'entreprise dans la négociation de l'accord anticipé de réduction du temps de travail est générateur d'une osmose certaine autours des intérêts de l'entreprise et des salariés. L'une des raisons souvent avancées par l'employeur pour refuser la négociation d'un accord est la crainte que les syndicats prennent une place trop importante dans son établissement après ces négociations. Pourtant, les accords ne sont pas nécessairement négociés par les syndicats du personnel : si un délégué syndical est présent dans l'entreprise, ce sera bien évidemment à lui de négocier l'accord avec le chef d'entreprise, mais s'il n'y a pas de représentation syndicale dans l'établissement, l'un des employés sera mandaté par un syndicat représentatif sur le plan national pour négocier l'accord, mais ce mandat reçu sera spécial, c'est-à-dire qu'une fois sa tâche remplie, la mission du salarié sera terminée et il n'aura pas pour autant gagné d'autre pouvoir de représentation des salariés.

L'H. :
Ne pensez-vous pas que des chefs d'entreprise dont les salariés faisaient déjà plus de 43 heures par semaine avant la loi Aubry pourront prendre le risque de ne pas mettre en œuvre la RTT et demander à leurs salariés de travailler de fait plus de 39 heures par semaine ?

M.R. :
Je ne recommande pas aux chefs d'entreprise de prendre de tels risques. Effectivement, si auparavant le risque de se faire contrôler pouvait leur sembler gérable, ce paramètre a évolué avec les nouveaux textes. En effet, les chefs d'entreprise prendraient maintenant trois risques qui pourraient les ruiner à la fois professionnellement et financièrement. En premier lieu, cette attitude est aujourd'hui constitutive du délit de travail dissimulé, et donc pénalement réprimée. Le risque est donc plus important que les pénalités autrefois infligées. En second lieu, les salariés pourraient assigner cet employeur afin que celui-ci paie en heures supplémentaires les heures effectuées en sus des 39 heures ; le délai de prescription de l'action du salarié étant de cinq années, l'employeur risque de se faire rapidement des cheveux blancs. Enfin, en plus de ces deux risques, l'Urssaf considérera que l'employeur a été de mauvaise foi, lui appliquera donc de lourdes pénalités et lui fera payer l'ensemble des cotisations sur les heures supplémentaires dissimulées auxquelles elle appliquera des intérêts de retard. L'ensemble de ces paramètres fait qu'un employeur ne peut plus aujourd'hui prendre le risque de faire travailler ses employés de manière dissimulée, mais qu'il devra déclarer les heures supplémentaires en respectant les horaires maximaux prévus par la loi ou la convention collective des CHR.

L'H. :
Quelles sont les formalités à remplir par un chef d'entreprise qui désirerait bénéficier de l'aide d'un consultant pris en charge par l'Etat pour effectuer un audit social de son entreprise ?

M.R. :
Dans ce cas, les consultants aident le chef d'entreprise à établir une demande d'appui conseil auprès de sa direction départementale du Travail. Un formulaire de demande de consultant est à demander auprès de la direction départementale du Travail, de l'Emploi et de la Formation professionnelle, à compléter et à remettre en 4 exemplaires auprès de la DDTEFP. Plusieurs pièces sont exigées, notamment les 3 derniers bilans, une attestation du chef d'entreprise comme quoi il est à jour dans le versement de ses diverses cotisations et impôts, une note sur l'activité de l'entreprise, les statuts s'il s'agit d'une société... La direction départementale du Travail met en général 3 semaines à un mois pour répondre à la demande, c'est donc la raison pour laquelle les employeurs intéressés ont tout intérêt à se dépêcher pour établir leurs dossiers, car je rappelle que l'échéance du 1er janvier 2000 est très proche, et que passé ce délai, ils n'auront plus droit aux mêmes aides et ils seront tout de même tenus de réduire leur temps de travail ! Avouez que ce serait dommage de se priver d'une telle contrepartie !

Maître Ravalec, EAC-AES consultants
27 rue de Fleurus - 75006 Paris
Tél. : 01 45 49 00 78 - Fax : 01 45 49 95 50
E-mail : appui.conseil.35heures@wanadoo.fr
Site Internet : www.eac-aes.com
Vous trouverez sur ce site de nombreuses informations concernant la réduction du temps de travail ainsi que des formulaires de demande d'appui conseil que vous pourrez télécharger gratuitement.

Barème d'exonération annuelle des charges patronales prévu par la loi Aubry II et applicable à un salarié à temps complet dans une entreprise à 39 heures dans les CHR.

Rapport entre le salaire mensuel brut et le taux brut du SMIC        
  1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5 1,6 1,7 1,8
Allégements annuel des charges par salarié          
  21 500 17 700 14 600 11 900 9 600 7 700 5 900 4 400 4 000
Total des exonérations de charges en % du salaire brut        
  26,0 % 19,5 % 14,5 % 11,0 % 8,5 % 6,0 % 4,5 % 3,0 %  
Charges patronales restantes en %            
  4,5 % 11,0 % 15,5 % 19,0 % 22,0 % 24,0 % 26,0 % 27,0 %

Ces aides sont pérennes, c'est-à-dire qu'elles ne sont pas, comme les aides dégressives, limitées à une certaine durée : si votre entreprise fonctionne aux 39 heures et tant que le salaire de vos employés se situe entre 1 et 1,8 fois le SMIC, vous pourrez les toucher.*
Exemple : un restaurant de 10 salariés dont 6 touchent le SMIC a bénéficié en octobre 1999 de 4 jours de consultation gratuite par un expert référencé auprès de la DDTFP. Au terme de cette consultation, l'employeur décide de signer, avant le 1er janvier 2000, un accord de réduction du temps de travail et embauche 1 salarié. Il aura donc droit aux aides suivantes :
Total des aides dégressives pendant 5 ans : 11 x 28 000 = 308 000 F
Aides annuelles sur les bas salaires :
6 x 21 500 F = 129 000 F

* Ces aides sont cumulables avec les aides dégressives.

Aides dégressives par salarié pour une entreprise concluant avant le 1er janvier 2000 un accord de réduction de 10 % de la durée du travail et embauchant au moins 6 % de salariés.

  1re année 2e année 3e année 4e année 5e année TOTAL
                par salarié
RTT - 10 %                
et embauche + 6 % 7 000 F 6 000 F 5 000 F 5 000 F 5 000 F   28 000 F

* Exemples suivant le nombre de salariés dans l'entreprise :
Nombre de salariés dans l'entreprise 20 50 100
Nombre de salariés à embaucher 2 3 6
Total d'aides sur 5 ans 616 000 F 1 484 000 F 2 968 000 F

Aides dégressives par salarié aux entreprises de moins de 20 salariés concluant un accord de réduction de 10 % de la durée du travail et embauchant au moins 6 % de salariés.

S'ils signent un accord en 2000

  1re année 2e année 3e année 4e année 5e année TOTAL
                par salarié
RTT - 10 %                
et embauche + 6 % 7 000 F 6 000 F 5 000 F 5 000 F 5 000 F   28 000 F

* Exemples suivant le nombre de salariés dans l'entreprise pour un accord signé en 2000 :
Nombre de salariés dans l'entreprise 5 10 17
Nombre de salariés à embaucher 1 1 2
Total d'aides sur 5 ans 168 000 F 308 000 F 532 000 F

S'ils signent un accord en 2000

  1re année 2e année 3e année 4e année 5e année TOTAL
                par salarié
RTT - 10 %                
et embauche + 6 % 6 000 F 5 000 F 5 000 F 5 000 F 5 000 F   26 000 F

* Exemples suivant le nombre de salariés dans l'entreprise pour un accord signé en 2001 :
Nombre de salariés dans l'entreprise 5 10 17
Nombre de salariés à embaucher 1 1 2
Total d'aides sur 5 ans 156 000 F 286 000 F 494 000 F


L'HÔTELLERIE n° 2633 Hebdo 30 Septembre 1999

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