Actualités

Actualité
________

Les 5 et 6 octobre à Chamonix

La FAGIHT en congrès

Plus que jamais, au cours de son congrès à Chamonix les 5 et 6 octobre prochains, la FAGIHT suivra à la lettre
la devise
qu'elle s'est donnée voici 30 ans : "L'aspect libéral de l'hôtellerie n'autorise ni la facilité pour soi, ni la docilité vis-à-vis de l'Etat." Et Jacques Jond, son président, entend bien enfoncer le clou.

Investi depuis plus de 30 ans dans le syndicalisme patronal, d'abord à la FNIH puis, après le mouvement de Sévrier qui a officialisé la scission avec la Fédération, à la FAGIHT dont il est président fondateur, Jacques Jond consacrera dans le programme de son congrès une plage de temps importante pour amener les congressistes à prendre conscience du rôle irremplaçable du syndicalisme patronal. Un syndicalisme qui se doit d'être pour lui avant tout sérieux et cohérent. "Il faut arrêter les effets d'annonces inutiles et stériles, prévient-il. Le syndicalisme, ce n'est pas du battage d'estrade, c'est la défense des entreprises et d'un secteur économique dans son ensemble, c'est donc de sérieux dont nous avons besoin." S'agissant des manifestations de mécontentement des chefs d'entreprise, Jacques Jond regrette de ne pouvoir participer le 4 octobre prochain à la manifestation organisée par le Medef mais les dates du congrès de la FAGIHT ayant été arrêtées depuis longtemps, il ne peut les changer. "Je ne comprends pas que le patronat dans ce pays, quel que soit le secteur d'activité, ne soit pas déjà descendu dans la rue face à la manière dont est votée la loi Aubry", et de se déclarer particulièrement favorable à une pression accrue des organisations syndicales "et de ceux qui veulent bien les appuyer, y compris par la manifestation". Mais là encore, il remarque que "ce n'est possible et efficace que dans la cohérence de l'organisation et des revendications présentées", regrettant vivement que toutes les actions ne suivent pas ce schéma.

Présent le 11 octobre
S'il a pris la décision de rejoindre les associations et les autres syndicats patronaux pour la manifestation du 11 octobre à Paris, le président de la FAGIHT n'en évoque pas moins certaines réserves, tant sur la forme que sur le fond. "Nous sommes parfaitement solidaires sur la protestation mais nous craignons toutefois l'incohérence. Il eût été plus logique de réunir l'ensemble des responsables afin de prendre une décision claire sur le message au lieu de quoi on rassemble du monde avec une réelle démagogie sans prendre en compte le fait que ceux qui défilent ne veulent pas toujours la même chose. Il est dangereux de tout mélanger, en l'occurrence TVA et 35 heures." Concernant le dossier de la réduction de la TVA sur la restauration, Jacques Jond explique : "Certains demandent 5,5 % sur le solide et 20,6 % sur le liquide pendant que d'autres font pression pour un alignement des hôtels et des restaurants à un taux intermédiaire et d'autres encore font des simulations à 14 %. Nous sommes dans l'incohérence sur ce dossier."
La position de la FAGIHT dans tout ça ? "Ce n'est pas aux syndicats de proposer un taux, leur rôle est de revendiquer. Aujourd'hui, la FAGIHT demande à ce que la restauration bénéficie d'un taux minoré sans en fixer le niveau. Donner un chiffre, c'est donner des arguments à l'administration pour opposer un refus sous couvert de n'importe quelle raison technique. C'est sur une ou deux revendications qui auraient fait l'unanimité, mobilisatrice pour l'ensemble des entreprises que le thème aurait dû être défini. Si la loi Aubry présente un dénominateur commun pour tous les patrons du secteur, on ne peut pas en dire autant de la TVA sur la restauration." Un sujet là encore qui irrite, des discours des politiques et surtout de DSK particulièrement peu appréciés."Déclarer qu'une baisse de la TVA serait une mesure coûteuse et non opportune qui ne bénéficierait qu'aux touristes étrangers c'est faire preuve, de la part d'un ministre des Finances, d'une méconnaissance totale de la restauration et des prestations qu'elle offre, à des niveaux modestes, partout en France, à une population qui travaille et qui prend par obligation un repas hors domicile chaque jour ! On ne peut que dénoncer une telle interprétation qui démontre un mécanisme de décision qui s'inscrit dans une démarche d'égalitarisme et non au niveau de l'emploi comme on pourrait l'imaginer d'un ministre de l'Economie."

Une intersyndicale forte
Son congrès sera bien sûr l'occasion de faire le point sur l'ensemble de ces dossiers mais sera aussi pour lui l'occasion de créer une force de revendication unie avec d'autres centrales syndicales. Roland Magne, président de la Confédération et membre d'UNIHR, participera à l'ensemble des travaux. Un travail en commun qui refuse de déboucher un jour sur une union des centrales. "Cette profession est beaucoup trop hétéroclite, beaucoup trop hétérogène pour ne faire qu'un et être représentée par la même instance. Il n'y a aucun rapport entre les problèmes du Negresco et ceux d'un café de campagne, comme il n'y a aucun point commun entre un hôtel de Courchevel et un restaurant Courtepaille. Trop souvent, parce que nos intérêts ne sont pas convergents, les centrales qui veulent représenter tout le monde se contentent de défendre les dossiers à travers le plus petit dénominateur commun." Pour Jacques Jond, la représentativité syndicale devrait se faire autour des métiers, avec une fédération des cafetiers, une autre des restaurateurs, des hôteliers, à l'image de la FAGIHT qui s'est spécialisée dans la défense des intérêts des entreprises saisonnières. "C'est à travers une intersyndicale forte que les dossiers peuvent être discutés et c'est celui qui est le meilleur spécialiste du sujet traité qui peut, dès lors, aller le défendre auprès des pouvoirs publics, au nom de l'ensemble de la profession. Malheureusement, aujourd'hui encore, certains s'essayent à des tentatives hégémoniques qui vont à l'encontre des intérêts de ce secteur économique."
L'hôtellerie saisonnière est en danger : "Il y a 20 ans, on dénombrait 5 000 hôtels saisonniers, il n'en reste plus aujourd'hui que la moitié", prévient le président de la FAGIHT. Une perte de maillage inquiétante, une perte d'emplois dans les zones économiquement les plus fragiles que sont la montagne, la campagne et les villes de bords de mer éloignées des centres d'affaires. Une situation qui, pour Jacques Jond, est le résultat de l'attentisme des gouvernements successifs qui se sont toujours refusés à prendre les mesures que la FAGIHT n'a jamais cessé de réclamer : "Refuser de réduire les charges des entreprises : c'était précipiter les PME dans l'abîme des charges fixes trop lourdes, des clients de plus en plus exigeants qui n'ont pas les moyens, quand ils viennent en vacances en famille, de payer la prestation qu'ils ont l'habitude d'avoir dans le cadre de leur vie professionnelle, et qui calculent à 10 francs près. Quand le temps libre augmente, ils dépensent de plus en plus et de plus en plus souvent et ont dès lors de moins en moins d'argent à laisser à l'hôtellerie saisonnière."

Remise en cause
"Nous ne continuerons pas à labourer la mer, prévient-il. La loi Aubry a été votée et nos entreprises seront, même si elles déclarent que c'est impossible, obligées de l'appliquer. A défaut de réforme profonde, comme nous ne cessons de le demander, nos entreprises seront obligées de revoir l'intégralité de l'organisation de leurs services, de leurs équipes. C'est une situation irréversible, le service devra être allégé car nous n'avons plus les moyens de le payer et les clients non plus. Au lieu de créer des emplois, nous allégerons le service, diminuerons les heures d'ouverture, nous demanderons une formation plus polyvalente à nos salariés et l'on peut imaginer que dans 10 ans, si l'Etat ne nous entend pas et s'obstine à nous imposer la loi Aubry sans remettre en question les charges sociales pour les métiers de services, il n'y aura plus, dans l'industrie hôtelière, que 400 000 salariés alors qu'aujourd'hui, nous en avons 700 000. N'attendez pas de la FAGIHT un mot d'ordre pour que les entreprises du secteur n'appliquent pas la loi Aubry. Un syndicat responsable ne peut pas nier les lois, il cherche à convaincre les pouvoirs publics des conséquences et guide les entreprises pour s'en sortir le mieux possible."
Il y a 3 ans, à Aix-les-Bains au cours de son dernier congrès, Jacques Jond avait déclaré aux représentants du ministre "rien ne va plus", évoquant les difficultés croissantes que rencontraient les entreprises et mettant en avant la situation des plus beaux fleurons de l'hôtellerie-restauration savoyarde. "Aujourd'hui, faute d'avoir vu une diminution des charges sur ce secteur, je ne peux que confirmer mes inquiétudes. Pire, les Suisses, nos voisins, ont su avoir une politique inverse à la politique française en la matière et chaque jour, nous ne pouvons que constater la différence entre eux et nous : leur hôtellerie prospère, la nôtre recule."
PAF


"N'attendez pas de la FAGIHT un mot d'ordre pour que les entreprises du secteur n'appliquent pas la loi Aubry", prévient Jacques Jond, président de la FAGIHT.


L'HÔTELLERIE n° 2633 Hebdo 30 Septembre 1999

L'Application du journal L'Hôtellerie Restauration
Articles les plus lus...
 1.
 2.
 3.
 4.
 5.
Le journal L'Hôtellerie Restauration

Le magazine L'Hôtellerie Restauration