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Hilton Lyon

Rien ne va plus

Le ministre de l'Intérieur a refusé d'accorder au groupe Partouche l'autorisation d'ouverture du casino situé dans les sous-sols
de l'hôtel Hilton
. S'il respecte cette décision, Hubert Benhamou, président du directoire, n'écarte pas l'hypothèse d'une fermeture provisoire d'un hôtel qui avait ouvert ses portes le 1er juillet dernier.

"Aujourd'hui, le groupe Partouche a pris la décision de fermer l'hôtel." Dans la bouche d'Hubert Benhamou, le propos est sans ambiguïté. Ce vendredi 6 août à l'heure du déjeuner, en terrasse de la Brasserie Belge, l'un des deux restaurants du Hilton, le président du directoire du premier casinotier de France ne fait pas dans la nuance.

Dans l'après-midi, devant une quarantaine de journalistes rassemblés pour une conférence de presse, il atténuera ses propos. Mais s'il ne parle plus de fermeture de l'hôtel, l'idée est toujours là. Alors que l'hôtel avait ouvert ses portes en toute discrétion le 1er juillet dernier, comment en est-on arrivé à une telle situation ? Pour mieux le comprendre, un retour en arrière s'impose. Le 15 janvier 1996, à la suite d'un appel d'offres pour la construction d'un hôtel-casino, Raymond Barre, maire de Lyon, en confie la réalisation au groupe Partouche. Depuis des années, Lyon rêve d'un hôtel international et toutes les tentatives d'implantation programmées jusqu'alors n'ont pu aboutir. Le dernier projet en date - on parlait de Hyatt au parc du confluent dans le quartier de Gerland - n'était pas allé plus loin que les esquisses d'un cabinet d'architecte. Les chaînes internationales ne souhaitant pas investir entre Rhône et Saône, il est évident que la solution ne pouvait venir que d'un investisseur privé.

Loi du 5 janvier 1988

Le 24 février 1997, la concession des jeux est signée. C'est la première application de la loi du 5 janvier 1988 qui autorise désormais les grandes villes à vocation touristique à ouvrir un casino, possibilité jusqu'alors limitée aux seules stations thermales. Un mois plus tard, devant des élus représentatifs de la ville de Lyon, Jurgen Fischer (Hilton), Isidore Partouche et Hubert Benhamou apposent leur signature au bas d'un contrat liant les groupes Hilton International et Partouche pour une durée de 15 ans. Il n'y a, à l'époque, aucune ambiguïté dans les propos d'Hubert Benhamou qui se plaît à rappeler que, chez Partouche "on n'est pas hôteliers mais avant tout casinotiers". Après un premier coup de pelleteuse en octobre 1997, la structure est terminée en juillet 1998, alors que les travaux de finition se poursuivent jusqu'au mois de mars 1999. L'ouverture et l'inauguration sont alors programmées le 22 mai. On sait déjà que l'hôtel sera opérationnel avant le casino, puisqu'une première demande d'ouverture pour celui-ci a été refusée, "l'état d'avancement des travaux ne pouvant permettre de juger la conformité des lieux". Un petit incident dans les sous-sols du bâtiment et un début d'incendie retardent encore l'ouverture de l'hôtel qui intervient enfin le 1er juillet. L'inauguration de l'ensemble, en présence de Raymond Barre, est alors officiellement fixée au 16 septembre prochain. D'ici là, c'est du moins le souhait d'Hubert Benhamou, le groupe Partouche aura obtenu l'autorisation d'exploiter le casino et l'on célébrera donc l'événement comme il convient.

Un projet mal défini ?

Las, au début du mois de juillet, la Commission supérieure des jeux émet un avis défavorable à l'autorisation d'exploitation du casino, suivi quelques jours plus tard par le ministre de l'Intérieur : l'ouverture est impossible. "Le 28 mai dernier j'ai soumis, avec avis favorable, une demande d'autorisation d'ouverture. L'examen du dossier par le ministère de l'Intérieur fait apparaître une absence de précision pour ce qui concerne les activités d'animation. Les seuls éléments fournis montrent qu'elles sont très limitées. Le projet, en application de l'article 57 de la loi du 5 janvier 1988, ne correspond pas à l'image de l'établissement de prestige projeté par la commune. Le ministère de l'Intérieur ne peut donc donner une suite favorable à ce dossier", souligne le préfet, récipiendaire d'un document qui provoque le courroux d'Hubert Benhamou. "Nous ne contestons pas et nous respectons la décision du ministre de l'Intérieur. Par contre, lors de l'appel d'offres, nous avons répondu pour un hôtel-casino et nous avons
entamé les démarches pour construire un hôtel 4 étoiles avec une enseigne internationale. Aujourd'hui cet hôtel existe, il est ouvert sous l'enseigne Hilton et nous avons réalisé un ensemble plus prestigieux que prévu.
"

Désengagement de la ville

"Après un premier refus pour les jeux, nous avons attendu que les travaux de l'hôtel soient terminés pour présenter ce second dossier qui vient donc d'être également refusé. Nous avons rempli les conditions que l'on imposait, à savoir la construction de l'hôtel... mais nous avons le sentiment que la ville de Lyon n'a pas respecté son engagement moral." "Faux", rétorque André Soulier, adjoint aux relations internationales et au développement du tourisme, chargé de cet épineux dossier. Il évoque un entretien de Raymond Barre avec Jean-Pierre Chevènement où le maire de Lyon aurait eu l'occasion de signifier au ministre de l'Intérieur "tout l'intérêt que la ville attachait à cette demande". "Nous allons aider le groupe Partouche à étoffer un dossier qui suivra la filière - dossier déposé fin août en préfecture, et ensuite devant la Commission consultative des jeux au début du mois d'octobre, pour une décision ministérielle espérée avant la fin de l'année. Nous n'avons pas à jouer les hypocrites : sachant que personne d'autre n'aurait mis près de 300 MF dans un tel hôtel, nous devons tout faire pour que ça marche."

Un ensemble indivisible

Malgré ces assurances de soutien, Hubert Benhamou n'écarte pas totalement une hypothèse de fermeture de l'hôtel repoussant, en tout état de cause, l'inauguration. "Elle n'interviendra qu'avec l'autorisation d'exploiter les jeux. Nous avons construit un hôtel-casino et pas un simple hôtel. C'est un ensemble qui ne peut être exploité... qu'ensemble", martèle-t-il. Hubert Benhamou évoque un "retard d'ouverture", précisant que, sans le casino, le prévisionnel prévoyait une perte nette de 18 MF pour l'hôtel la première année. "Il est évident que, pour nous, le casino est une contrepartie indispensable pour équilibrer les comptes. Nous sommes dans une impasse. Le plus grave pour moi serait d'avoir à envisager le licenciement d'employés qui collaborent avec nous depuis plusieurs mois et qui se sont préparés à l'ouverture de cet établissement de prestige. J'espère désormais que nous pourrons fêter le 31 décembre 1999 avec l'inauguration de l'ensemble." Dès lors, il faudra attendre. En coulisse, beaucoup espèrent que le groupe Partouche honorera les contrats signés et que ce refus d'ouverture du casino ne provoquera pas trop de casse dans un hôtel qui doit aussi asseoir son image de marque à Lyon.

J.-F. Mesplède


L'HÔTELLERIE n° 2626 Hebdo 12 août 1999

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