Ça mousse...
Duyck lance en CHR La Fraîche de l'Aunelle, la bière bio
Parce que son espace de développement se trouve plutôt dans la grande distribution que dans les CHR, la Brasserie Duyck à Jenlain a d'abord lancé en grande distribution, au printemps 1998, sa petite dernière nommée Fraîche de l'Aunelle. Un produit triplement innovant, par la recette et le goût : on croît d'abord voir et boire une blanche. Cette bière est très claire de couleur, mais trouble comme une blanche, peu moussante. Elle est plus florale que fruitée, et le goût du mélange malt froment, tout comme pour la blanche, ressort très fort, avec un parfum très présent de blé humide fraîchement coupé. Mais tout bien observé, ce n'est pas une blanche. Trop peu acide, trop ronde, trop douce, elle rappellerait un peu les blondes platinées américaines ou les décolorées mexicaines. C'est une bière pour la soif bien plus que pour la dégustation. Un peu trompeuse quand même avec ses 5,5 °C. Ce que confirme d'ailleurs le brasseur Raymond Duyck, qui, sans trahir son secret, indique que la recette de sa Fraîche contient beaucoup moins de froment qu'une blanche. La turbidité est également moindre, et le concept se situe bien entre une blanche et une blonde spéciale. Le produit est aussi innovant par l'emballage bouteille, une canette 25 cl de verre blanc déconcertant, à l'étiquette crème imprimée de bleu vif. Et pour couronner le tout, affirme Raymond Duyck, la Fraîche de l'Aunelle est brassée avec des ingrédients et selon une méthode qui justifient le label biologique. Cela signifie notamment que ses fournisseurs de malt et de froment, tous deux belges, sont labellisés bio. En résumé, pour ce brasseur, la Fraîche de l'Aunelle est bien une bière de garde (40 jours minimum) du Nord, blonde, exclusivement brassée à base de malt, froment, peu houblonnée, ni assaisonnée, le tout issu de l'agriculture biologique. Les tenants de la tradition ont du mal à s'y retrouver, mais ainsi va la vie de la bière en fin de siècle. La Fraîche de l'Aunelle apparaît un an plus tard sur le marché CHR, en fût, et ce mois-ci avec son propre verre. Finalement ce n'est qu'un juste retour des choses. "Tout a commencé au Jenlain Café de Lille, raconte Raymond Duyck. Nous avons repris une vieille idée de café de village servant au bec la bière issue de la brasserie d'à côté."
Des verres à son effigie
Une idée typiquement CHR, donc. Cette bière blonde d'abord expérimentale, non filtrée,
a été servie au désormais haut lieu de la place Rihour sur un bec dédié et
systématique. Elle a plu, est très vite devenue pour les habitués la bière de la
maison, aux côtés des Jenlain et Sebourg. Au point de rendre un bec de blanche inutile.
La Brasserie Duyck a donc décidé de stabiliser cette recette pour introduire un nouveau
produit en grande distribution. Grâce aux discussions avec les maîtres des linéaires,
est apparue la nécessité de se différencier. Pourquoi pas le concept biologique, en
ligne directe avec la fraîcheur, deux idées très en vue dans le commerce ? Oui, mais
dira-t-on, la bière est par définition un produit biologique et naturel. Celle-ci est
donc plus bio que bio, comme aurait dit Coluche. Désormais la Fraîche du Jenlain Café
est la Fraîche de l'Aunelle. L'Aunelle, c'est une charmante rivière qui baigne le
village de Jenlain, ce qui accentue encore le côté "terroir" du produit. Les
fûts désormais accompagnés du matériel de vente nécessaire - jusqu'à présent, la
Fraîche était servie au Jenlain Café dans des verres de Sebourg ou de Jenlain - seront
à présent diffusés dans les postes approvisionnés par Duyck qui voudront bien s'y
intéresser. Ambassadeurs Jenlain, à vos postes, à la Fraîche !
A.Simoneau
L'HÔTELLERIE n° 2610 Spécial Bière 22 Avril 1999
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