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Valençay

La fin de l'Hôtel d'Espagne

Ce fleuron de l'hôtellerie régionale ferme ses portes victime des charges et de la baisse de fréquentation.
Y aura-t-il des repreneurs ?

Il n'y aura pas de cinquième génération Fourré à l'Hôtel d'Espagne à Valençay. Cette famille qui dirige l'établissement depuis 1875 a en effet déposé le bilan avec dans la foulée une liquidation judiciaire prononcée par le tribunal de commerce de Châteauroux le 20 janvier dernier. "C'est la fin d'une belle époque", commente Philippe Fourré qui dirigeait l'établissement depuis 32 ans avec son épouse Elisabeth et son frère Maurice, chef de cuisine et Maître cuisinier de France. Cet établissement, né au début du XVIIIe siècle comme relais de Poste, accueillera entre 1808 et 1814 les membres de l'état-major des princes d'Espagne exilés par Napoléon au château de Valençay alors propriété du prince de Talleyrand. C'est en 1875 avec l'achat par la famille Fourré que ce vaste établissement obtiendra progressivement ses lettres de noblesse avant de devenir à partir de 1960 un établissement réputé dans le monde entier. Le livre d'or porte en effet les signatures de François Mitterrand, Valéry Giscard d'Estaing, la reine Elisabeth, Jacques Brel et des dizaines de célébrités. Tout a commencé à chavirer au milieu des années 90 : "Nous sommes poursuit Philippe Fourré, très liés à la fréquentation touristique du château. Mais les nouveaux touristes ne sont pas ceux d'hier, ils ont moins d'argent pour plus d'exigences, les étrangers sont moins nombreux et avec un dollar moins cher. Mais peut-être aussi étions-nous quelque peu surclassés pour la région." Avec son hôtel quatre étoiles (16 chambres dont 6 appartements) et son restaurant (40 couverts) une étoile Michelin, l'Espagne peinait à attirer une clientèle locale ou même régionale. C'est pour toucher cette clientèle que Philippe Fourré avait ouvert non loin de là le Bistrot des Gourmets avec des menus à 100 et 110 francs. Mais peine perdue.

A la recherche de repreneurs
Philippe Fourré est amer : "Avec nos 14 salariés, dont quatre sont présents depuis plus de 25 ans, avec nos charges exorbitantes, notre exploitation était déficitaire. Quand j'encaisse 100 francs je reverse 66 francs de taxes et d'impôts à l'Etat, ce n'est pas viable." En 1996, l'Hôtel d'Espagne se retirait de la chaîne Relais et Châteaux après 30 ans de participation : "Cela ne m'apportait plus grand-chose et me coûtait même de l'argent." Avec une saison touristique de plus en plus courte, le taux d'occupation n'a pas cessé de chuter pour atteindre 35 % sur 10 mois. Impossible de continuer dans ces conditions, ce qui explique la cessation d'activité et la liquidation judiciaire. Une nouvelle qui a provoqué la consternation dans la région : l'Hôtel d'Espagne était une véritable institution dans cette petite ville de 3 000 habitants mais aussi pour tout le sud de la région. A tel point qu'aujourd'hui tout le monde se mobilise pour trouver une solution de sortie et des repreneurs : "J'ai cherché mais en vain, avoue Philippe Fourré, pourtant l'Hôtel d'Espagne peut être viable. En augmentant le nombre de chambres, en abandonnant deux étoiles il peut devenir une affaire rentable avec une notoriété qui reste intacte."
J.-J. Talpin


Philippe Fourré devant son établissement.


L'HÔTELLERIE n° 2599 Hebdo 4 Février 1999

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