Ça va mieux en le disant
Cela fait plus de 20 ans que je me suis engagé dans l'intérêt de la
profession et notamment dans le syndicalisme. Aujourd'hui je tire une certaine fierté
morale pour l'influence que j'ai pu avoir sur les événements de mon département afin
d'améliorer le quotidien de mes semblables, mais je suis triste et désabusé par les
résultats et surtout le comportement des responsables de nos syndicats en général et
sur celui de la FNIH en particulier.
En effet, trop souvent les intérêts des adhérents ont été bafoués au profit de la
mise en valeur de quelques « barons parvenus » qui n'hésitent pas à accepter n'importe
quel compromis au profit de leur seule personne. Trop de soi-disant responsables, qui
n'ont cure du syndicalisme et de leurs adhérents, ont accepté un poste parce qu'ils
n'ont pas eu d'autres moyens de se mettre en avant. Ils osent s'ériger en donneurs de
leçons de morale, mais que font-ils dans leurs établissements ? Demandez à leurs
collaborateurs d'hier ou d'aujourd'hui. Ils prônent le blanc et pratiquent le noir. C'est
beau la théorie, mais que c'est dur de la mettre en pratique !
Aujourd'hui faire du syndicalisme demande beaucoup d'humilité, de modestie,
d'abnégation, d'honnêteté, de courage, de rigueur et de persévérance. En fait, tout
le contraire d'une grande majorité de nos pairs. N'est pas un bon Saint-Bernard qui veut.
Merci tout de même à la minorité qui croit en ce qu'elle fait.
Pourquoi je ne souhaite pas adhérer à la FNIH ?
Autant il me paraît nécessaire de collaborer avec un syndicat spécifique aux chaînes,
qui regroupe de très grands professionnels, autant il me paraît contre nature de
m'associer syndicalement avec eux tant nos intérêts et surtout notre philosophie est
différente.
Aujourd'hui, à juste titre, nos syndicats s'égosillent pour une TVA restauration à taux
moyen et unique de 12/14 %. Ce qui me paraît judicieux.
Demandez aux syndicats de chaîne s'ils sont prêts à accepter une TVA de même valeur
sur l'hôtellerie permettant ainsi un certain équilibre des finances pour l'Etat ?
Demandez à la FNIH si ce sont ses adhérents indépendants qui :
w se sont opposés à la proposition « Pons » sur la
redevance télévision dans les chambres d'hôtel, même si mon honnêteté doit admettre
qu'elle n'était pas forcément équitable ;
w ont crié « au Charon » lorsque l'Assemblée nationale a
proposé d'harmoniser la fameuse TVA restaurant à 20,6 % et de l'étendre à la vente à
emporter ;
w ont voulu signer une convention collective fut-elle
indispensable, mais avec des obligations tellement idiotes que 90 % de ces indépendants
ne peuvent pas la respecter malgré toute leur bonne volonté ;
w préconisent la négociation des 35 heures alors que tout
laisse à penser que le vrai problème portera sur 39 heures.
Demandez à la FNIH ce qu'elle a prévu pour ses adhérents indépendants pour leur procurer de la main d'uvre à temps partiel génératrice de diminution des charges obligatoirement nécessaire à la survie des petites entreprises.
Comment expliquer, quand on se présente comme les leaders du rassemblement, que l'on
refuse de s'unir à l'Association des restaurateurs de métiers qui à ce jour est la
seule association à avoir obtenu ce que tout le monde réclame : la reconnaissance
officielle de la cuisine française.
Aujourd'hui, les restaurants de France ne réclament pas autre chose que la Charte qui
régit l'habilitation... Alors où sont les rassembleurs ?
Comment voulez-vous être crédible dans la reconnaissance du métier d'artisan cuisinier
alors que le mot industrie prône dans l'intitulé même de pratiquement toutes les
centrales syndicales. Demandez à vos adhérents indépendants s'ils se sentent plus
industriels qu'artisans.
Que penser du protocole d'accord entre le monde associatif et les professionnels de la
FNIH qui comporte des aberrations inadmissibles... Mais que font les juristes ?
Que dire de l'acceptation par nos centrales de la circulaire n° 43 du 23 novembre 1995
régissant les restaurants d'application ?
La FNIH a-t-elle mis au courant ses adhérents qu'il n'y avait plus de paracommercialisme
dans les écoles hôtelières vu que l'on a donné à ces établissements la possibilité
de faire presque autant de couverts qu'ils le souhaitent et tout ça pourquoi ? Je n'ose
imaginer que c'est pour permettre à quelques collègues dociles d'exploiter leurs
établissements avec des stagiaires et bien sûr les meilleurs si possible.
J'ai fermé mon établissement le jour de la fameuse grève des CHR, il y a bien
longtemps, je suis allé à Nantes et à La Rochelle pour soutenir nos collègues. Je suis
allé à Paris où l'on m'a demandé de me taire. Je suis allé à Carcassonne en pleine
saison car je croyais encore au père Noël et aujourd'hui on me demande de rejoindre un
homme, qui, invité à une table ronde professionnelle au Congrès de Clermont-Ferrand,
n'a pas daigné être présent contre toute attente pourtant. Subitement en début
d'après-midi, il arrivait tel un typhon nous annoncer qu'il voulait que nous rejoignions
sa centrale. Sans attendre de réponse, sans ouvrir le débat avec la salle, il nous
annonçait que son avion l'attendait et que par conséquent il partait. Et dire qu'il y a
eu quelques abrutis pour l'applaudir ! Le tout a duré environ un quart d'heure. Qui a
payé pour ce genre de cinéma ? J'espère que ce ne sont pas les adhérents indépendants
de sa centrale.
Robert Veril
Syndicaliste indépendant
Chef propriétaire, Logis de France dans le Lot.
L'HÔTELLERIE n° 2597 Hebdo 21 Janvier 1999