Jacques Jond, président de la FAGIHT
Lors de la dernière commission mixte paritaire qui
s'est déroulée le 21 décembre, la FNIH a annoncé qu'elle ne souhaitait pas négocier
la revalorisation de la grille des salaires (L'Hôtellerie n° 2593), mais qu'elle
désirait l'ouverture de négociations sur le temps de travail. Elle justifie sa position
par la nécessité de connaître le devenir de la convention collective par rapport à la
loi sur les 35 heures. Prise de position qui est loin de faire l'unanimité parmi les
organisations patronales.
Pour Jacques Jond, président de la FAGIHT : "Il y a un certain illogisme voire
même de la provocation à refuser de négocier la revalorisation de la grille de salaires
prévue dans la convention collective."
En effet, en raison de l'augmentation du SMIC, beaucoup des taux instaurés par la
convention sont maintenant inférieurs au taux du SMIC. Depuis la signature de la
convention le 30 avril 1997, le SMIC a augmenté de 6 %.
"Nous estimons - je parle tant pour mon syndicat qu'au nom du SNRLH et de la
CFHRCD qui ont la même position - que nous avons une obligation légale de remettre ces
niveaux à jour, mais nous avons aussi l'obligation morale de faire respecter cette
convention collective que nous avons signée. On ne peut pas mettre des conditions
préalables au réajustement de ces minimums."
"Il faut savoir que les salariés cadres ne sont pas satisfaits de cette grille et
par conséquent demandent une progression sensible de leurs salaires. C'est sur ce
problème particulier qu'on peut mettre en préalable une négociation sur la durée du
travail avant une revalorisation des salaires."
"La convention collective des CHR a nécessité plus de 15 ans de négociations.
Je refuse que les salariés dénoncent cette convention au motif que les employeurs ne la
respectent pas en refusant de négocier ce qui était prévu initialement. C'est pour
cette raison que la FAGIHT, le SNRLH et la CFHRCD veulent à tout prix faire aboutir les
négociations sur cette grille de salaires afin de maintenir notre crédibilité."
Dans l'ordre du jour de cette commission mixte paritaire, il était aussi prévu de
discuter sur le temps partiel. En effet, l'ar-
ticle 15 de la convention collective prévoit que les organisations syndicales
représentatives des salariés et employeurs s'engagent à ouvrir des négociations sur le
temps partiel dès le premier semestre suivant l'application de la convention collective.
En outre, la loi du 13 juin 1998 sur la réduction du temps de travail prévoit qu'à
partir du 1er janvier 1999, il ne sera pas possible de ne donner que 2 heures de pause
entre deux périodes de travail. C'est un problème très grave et très urgent pour les
restaurateurs. Que deviendra la coupure ?
"Que ce soit la FAGIHT, le SNRLH, mais aussi la CFHRCD, tous sont conscients de la
nécessité de discuter sur ce sujet, mais la FNIH pose en condition préalable d'aborder
la réduction du temps de travail. Cette situation affaiblit le collège patronal, mais il
ne faut pas non plus que le collège salarié s'en réjouisse, car cette situation, de
fait, affaiblit les négociations."
Pour la reconstruction d'une intersyndicale
"J'appelle de tous mes vux et de toutes mes forces à la reconstruction
d'une intersyndicale de l'industrie hôtelière, où tous les grands sujets qu'ils soient
d'ordre social, mais aussi fiscal et autres, soient traités en réunion de travail afin
d'approcher une position unique, voire différente, mais dans la cohérence et surtout
dans le respect des autres. Je lance donc un appel à la raison", déclare
Jacques Jond.
"Nous n'avons jamais dit que nous ne voulions pas négocier sur le temps de
travail, mais nous devons d'abord régler le problème de la grille de salaires et du
temps partiel. Pour ce dernier sujet, il y a urgence car nous n'avons plus que 8 jours. Et
ensuite nous pourrons commencer les discussions sur une éventuelle réduction du temps de
travail."
"Cette convention collective que nous avons signée est précieuse autant pour les
employeurs que pour les salariés, car elle permet une souplesse dans le temps de travail
qui est adapté aux CHR. La convention prévoit une réduction d'horaires spécifique à
la profession. Il faut donc la faire respecter. L'ensemble des secteurs professionnels va
vers 35 heures, alors que nous sommes à 43 heures quand la durée de travail est fixée
à 39 heures pour eux. Nous refusons de parler des 35 heures quand on vient d'obtenir 43
heures. Le pire de ce qui pourrait être envisagé serait d'arriver à 39 heures même à
terme. Cela ne peut s'envisager que si parallèlement est mis en place un allégement de
charges. Si nous n'obtenons pas d'allégement de charges, il n'est pas question de parler
de réduction du temps de travail."
P.C.
Proposition de la CFHRCDLa création d'une Confédération des indépendantsA la fusion annoncée par A. Daguin, la Confédération oppose un refus très net
mais propose la création d'une nouvelle structure : "la Confédération des
indépendants" dont les chaînes seraient exclues. Une proposition refusée d'emblée
par la FNIH "sans la moindre discussion", déplore Roland Magne,
président de la Confédération, "la preuve que la FNIH ne souhaitait que
l'intégration, au sein de la rue d'Anjou, des adhérents de la CFHRCD", précise
Roland Magne qui explique sa proposition. |
L'HÔTELLERIE n° 2594 Hebdo 31 Décembre 1998