« Comme je suis obligé depuis deux ans d'ouvrir 7
j/7, je donne les deux jours de congé par roulement. Mon équipe étant réduite, cet
aménagement désorganise le travail et le rend moins confortable. Alors, je ne vois pas
comment je pourrai m'organiser avec la RTT. Etant dans un restaurant gastronomique, je ne
travaille que des matières premières brutes, il me faut beaucoup de main-d'uvre.
Je ne pourrai pas accroître ma brigade car je ne peux pas payer plus de charges. Je ne
pourrai pas augmenter les prix pour compenser, mes clients ne suivraient pas. Pour gagner
des heures de travail, je ne conçois pas non plus de cesser de faire mon pain ou de
sous-traiter auprès de mon mareyeur la préparation des poissons qui prend 3 heures
chaque jour. Non, j'aime mon métier comme je le fais, je suis au fourneau à chaque
service. Je ne supporterai pas de travailler autrement. Je ne supporterai pas non plus
d'enfreindre la loi. Il ne me restera plus qu'à fermer mon restaurant. Je me tournerai
peut-être vers l'enseignement.
Je ne suis pas pour l'annualisation. Siffler pour faire venir le personnel quand on en a
besoin et l'expédier sans façon quand on n'en a pas besoin, si c'est ça le progrès
social... Je ne tiens pas à établir ce genre de rapport avec mon personnel. La
restauration c'est un métier à part. C'est un métier de passion. C'est un état
d'esprit. »
« Mon équipe étant réduite, je ne vois pas comment je pourrai
m'organiser ».
L'HÔTELLERIE n° 2587 Supplément Emploi 12 Novembre 1998