Groupe partouche
Ce protocole d'accord avait été négocié à Paris, le 19 octobre, entre le
groupe Partouche et Bernard Chatel, p.-d.g. du groupe Delta, l'investisseur défaillant. A
l'issue d'une assemblée générale extraordinaire, tenue la semaine suivante à
Aix-en-Provence, le conseil de la SCI les Thermes a acté cette cession (sous conditions)
de parts et a nommé Isidore Partouche gérant de cette société à la place de Bernard
Chatel.
Une condition est mise à la cession : l'obtention de l'agrément de la ville
d'Aix-en-Provence, puisqu'il va y avoir changement du bénéficiaire du bail
emphytéotique accordé par la mairie au docteur Chatel. Par ailleurs, d'autres conditions
résolutoires, non révélées, seront inscrites par I. Partouche, lors de la cession
définitive.
Renégociation des taux d'intérêt
Le 5 novembre, l'obstacle majeur à l'engagement du groupe Partouche a cependant été
levé : Isidore Partouche à d'ores et déjà renégocié avec les banques les taux des
prêts (32 MF) consentis à la SCI, et qui sont passés en moyenne de 9,5 % à 5,5 %. "Je
suis désormais engagé et, en tant que gérant, je vais payer les dettes de la SCI. La
société du casino municipal Aix Thermal a les moyens d'investir dans un hôtel,
affirme-t-il. Les travaux ont d'ores et déjà repris et dureront encore trois mois
minimum. Mais il est encore trop tôt pour définir quelle politique de commercialisation
nous allons mener. Nous attendons de savoir ce que vont devenir les thermes."
Le conseil municipal n'a pas encore statué sur le transfert du bail emphytéotique mais
devrait le faire prochainement.
"Tous les jours de nouveaux créanciers se présentent et nous avalons tous les
jours de nouvelles couleuvres. Cet homme a fait n'importe quoi !", a estimé au
cours d'une conférence de presse le maire d'Aix-en-Provence, qui n'envisage pas d'engager
de poursuites contre l'investisseur. "Nous voulons simplement ouvrir cet hôtel le
plus vite possible. Nous avons été en contact avec tous les groupes hôteliers mais le
groupe Partouche est le seul repreneur possible, vu le montant du passif car c'est un
casinotier et il peut bénéficier de détaxation sur la partie hôtelière."
Et les thermes ?
Les travaux d'achèvement de la partie hôtelière et du complexe touristique qui doit
jouxter l'établissement thermal d'Aix-en-Provence avaient été interrompus, il y a
plusieurs mois, faute d'argent : on découvrait en effet que la SCI des Thermes ne pouvait
même pas commencer à rembourser les premières échéances de ses emprunts. En juillet
dernier, la mairie la mettait donc en demeure d'achever les travaux fin octobre, sous
peine de résiliation du bail emphytéotique. En août, Bernard Chatel annonçait avoir
trouvé des partenaires prêts à lui apporter de l'argent frais. Ces derniers avaient
rencontré les responsables municipaux et les banquiers mais les négociations n'avaient
pas abouti.
Mais si l'espoir renaît aujourd'hui de voir l'hôtel ouvrir, il n'en va pas de même des
thermes, dont l'eau comporte toujours des pseudomonas, même si leur quantité diminue.
Les analyses officielles qui doivent permettre de remettre en route la procédure
d'agrément interrompue par des contaminations successives ne peuvent donc encore être
programmées. Le maire a décidé de demander à la direction de la santé l'autorisation
d'utiliser l'un des deux forages pour faire provisoirement de la balnéothérapie dont les
contraintes sont moindres, dans l'attente de l'agrément thermal, plus intéressant
puisque il permet le remboursement par la Sécurité sociale.
L. Casagrande
"Le groupe Partouche est le seul repreneur possible, vu le montant du
passif car c'est un casinotier et il peut bénéficier de détaxation sur la partie
hôtelière."
Propriétaire du Palm BeachUn accord a enfin été trouvé entre Vivendi et Partouche dans le dossier Fermière du casino de Cannes. La CGIS, filiale de Vivendi, cède sa participation dans la SA Cannes Balnéaire, titulaire d'un bail emphytéotique sur le Palm Beach jusqu'en 2026. Le casino, fermé depuis 5 ans, devrait subir quelques travaux pour une réouverture l'été prochain. Un projet immobilier, en partenariat avec la CGIS, pourrait comporter également un hôtel. Le groupe Partouche reprend, en échange, le paquet de titres de la Fermière du casino de Cannes, soit 15 % du capital actuel de cette filiale du groupe Barrière. En effet, en 1996, le groupe Partouche avait signé le rachat de ces titres auprès de la CGIS à un prix très supérieur au cours de la Bourse avant de voir l'annulation de la transaction par le conseil des marchés financiers. L'acheteur avait voulu "rendre" ses titres au vendeur qui n'en avait pas voulu... Aujourd'hui, un accord a été trouvé en attendant les résultats du procès en vue d'annuler l'augmentation de capital de la Fermière réalisée en 1997, augmentation à laquelle Partouche n'avait pas souscrit. Les résultats du procès seront déterminants, Partouche souhaitant prendre le contrôle de la Fermière, on peut imaginer, faute d'un accord avec le groupe Barrière, le lancement d'une OPA. |
La position du CHR Aix-en-Provence"Je suis très heureux que le groupe Partouche reprenne la SCI, car il a une vraie crédibilité financière et la ville, dont l'image a été ternie, en a besoin", commente Pierre Alfonsi, président du CHR local. "Mais la question qui me préoccupe le plus, insiste-t-il, est celle des thermes, dont l'eau est toujours polluée. Il faut maintenant que des scientifiques nous disent clairement s'il y a ou non une chance que l'eau puisse être un jour aux normes. Je vais intervenir auprès du maire en ce sens. Quant à l'idée de faire de la balnéothérapie, elle ne tient pas la route. L'établissement et le site d'Aix-en-Provence ne soutiennent pas la comparaison par rapport à des établissements installés au Maroc par exemple ou dans des paysages grandioses." L'association chargée de la gestion du foyer Saint-Joseph qui accueille des enfants en difficulté à Saint-Rémy-de-Provence a porté plainte pour détournement de fonds et abus de biens sociaux contre Bernard Chatel, l'ancien président de l'association qui aurait détourné près de 4 MF. La brigade financière est à l'uvre. |
L'HÔTELLERIE n° 2587 Hebdo 12 Novembre 1998