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Editorial

136 millions de francs

C'est une constante chez les politiques que de refuser de s'investir et d'investir dans le tourisme. Ils semblent voir davantage de vertus économiques dans l'industrie et l'agriculture que dans le secteur qui, pourtant aujourd'hui, est un des seuls à pouvoir encore, d'une manière régulière, créer des emplois. La situation parisienne ne déroge pas à cette règle, c'est évident, et les élus parisiens cachent mal combien ils doivent se forcer pour prendre au sérieux le dossier du tourisme, pourtant essentiel à l'économie de la Capitale ! Alors que ce secteur représente à lui seul près de 10% de l'emploi parisien avec ses 125.000 emplois directs, que les entreprises touristiques de la Capitale ne cessent de se remettre en cause, d'investir tant sur le produit que sur sa commercialisation ; la mairie de Paris, elle, se contente de récupérer toujours plus afin de donner toujours moins. Apathiques parce que probablement mal organisés pour réagir, les professionnels du tourisme parisiens subissent leur sort avec constance et amertume.

Il est quelquefois intéressant de se pencher sur les chiffres... Se proclamant haut et fort ville touristique, Paris s'est doté d'un impôt supplémentaire contre lequel les hôteliers ont tenté de résister en vain : la taxe de séjour. Les finances de la Capitale n'ont eu qu'à se louer de cette initiative puisqu'elle permet d'enrichir les caisses de la ville de 136 millions de francs tous les ans ! Une contrepartie bien sûr pouvait être attendue par tous ceux qui contribuaient à remplir la cassette. On se plaisait à imaginer que la promotion de la destination allait disposer de nouveaux moyens, on se voulait positif et certains voyaient déjà une nouvelle dynamique à l'activité touristique parisienne. Grave erreur d'évaluation : alors qu'en 1997, la mairie avait versé une subvention de 40 millions de francs à son office de tourisme, à ce jour pour l'année 1998, c'est à 29.750 millions qu'elle a déterminé le montant de sa subvention ! On croit rêver ! Surtout quand on sait que la CCI, qui récupère des hôtels parisiens des cotisations de qualité, a elle aussi choisi de faire passer sa subvention de 10 à 7 millions en 1998. En clair, l'année où Paris accueille la Coupe du Monde, on décide de faire reculer le budget de l'office de tourisme de 13 millions de francs, un recul de plus de 20% ! Alors qu'il serait de l'intérêt de tous de renforcer ses moyens pour l'aider à renforcer son action ! A l'heure où cette organisation a su se restructurer pour travailler de concert avec les professionnels, où ses équipes se sont investies pour répondre d'une manière efficace aux besoins des touristes et des professionnels, on choisit de lui couper ses budgets. Un malus à la compétence ? De toute évidence un très mauvais choix ! Le tourisme est un atout considérable pour la ville de Paris, à elle de savoir en tirer le meilleur parti en continuant à investir d'une manière intelligente ! Espérons que les hôteliers sauront faire entendre leur voix et sauront s'approprier d'une manière efficace et dynamique leur office de tourisme !

PAF


L'HÔTELLERIE n° 2562 Hebdo 21 Mai 1998

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