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n Après 10 ans d'existence

Le Futuroscope fait des hôteliers heureux

Les parcs de loisirs peuvent être de puissants aspirateurs de visiteurs, capables de remplir les hôtels environnants. Encore faut-il qu'il aient des clients. C'est notamment le cas du Futuroscope de Poitiers. Mais, si les hôteliers du site ont de quoi être heureux, trop de nouveaux projets d'hôtels risquent de déséquilibrer la balance.

Dix ans déjà et tout un chacun est encore surpris du succès commercial du Futuroscope à Poitiers, qui a dépassé toute espérance. En 1997, pour 670 millions de francs de chiffre d'affaires réalisé, 2,9 millions de visiteurs, soit 100.000 entrants de plus qu'en 1996, sont venus découvrir le parc européen de l'image, où l'on investit tous les ans près de 90 millions de francs en attractions nouvelles. En 1998, le Futuroscope présente des créations inédites dans deux nouveaux pavillons : Imagic, nouveau spectacle fait de magie, d'illusion et d'images virtuelles et Astratour. Il y a aussi l'extension de Cyber Avenue, qui rassemble de nombreuses technologies multimédia sur 800m2. Premier employeur privé de la Vienne et générateur indirect d'emplois (16.000 emplois nouveaux ont été créés depuis 10 ans), le Futuroscope, cher à René Monory, est détenu à 70% par le Conseil général de la Vienne et à 30% par des investisseurs privés (CGE, Crédit lyonnais, BNP,...). "Il n'y a pas beaucoup de sociétés d'économie mixte aussi dynamiques en France", juge Christian Fort, heureux hôtelier de la première heure à Poitiers, dont le groupe gère près de 1.000 chambres pour 7 hôtels dans la région du Futuroscope.

Une clientèle franco-française

Il faut dire que parallèlement au parc, on a réussi à faire venir de nombreuses entreprises à sa proximité, sur un lieu appelé le Téléport. On y trouve des sociétés dans des secteurs de pointe (bureautique, informatique, communication,...), des activités de recherche et de formation, dont un lycée pilote innovant, et un Palais des congrès, qui a accueilli 75.000 congressistes en 1997, répartis sur 314 jours. L'ensemble du domaine se caractérise par une très grande homogénéité dans l'architecture des bâtiments, voulus résolument par le Conseil général comme futuristes dans leur aspect. La clientèle des visiteurs du Futuroscope est pour l'instant majoritairement française. 12% sont étrangers dont essentiellement des Espagnols (39%), des Britanniques (19%) et des Belges (13%). "La clientèle allemande, pourtant friande des parcs d'attractions, hésite à venir au Futuroscope car les activités ne sont pas assez ludiques et physiques selon leurs goûts. Elle aime les montagnes russes, les grands manèges,... tandis que le côté plutôt culturel du parc de l'image attire facilement les autres publics", explique-t-on au Futuroscope. Le parc a une clientèle très familiale et accueille également sur l'année 36% de jeunes de moins de 17 ans, venant souvent en groupes scolaires. Justement, les groupes représentent 39% de la clientèle. La durée moyenne des visites est d'une journée pour 45% des visiteurs et de 2 jours et plus pour les autres. "Depuis 1991, nous proposons 133 jours par an des spectacles en nocturne qui aident les visiteurs à rester plus longtemps", explique Danielle Castan, directeur général adjoint du Futuroscope. Précisément, depuis 1994, il y a 25% de visiteurs de plus qui séjournent au moins 2 jours sur le site. Bonne affaire pour les hôteliers.

Omniprésence des enseignes de chaînes

Justement, le Futuroscope a attiré en quelques années bon nombre d'hôtels, là où il n'y avait que des champs agricoles il y a 15 ans. On trouve aujourd'hui, plus de 2.000 chambres sur le site (du 1 au 4 étoiles) réparties sur une vingtaine d'hôtels. Les enseignes de chaînes intégrées sont omniprésentes : Campanile, Novotel, Quality Hotel, Comfort Hotel, Frantour, Clarine, Holiday Inn Express, etc. plus loin un Mercure. Et ce n'est pas fini, car un hôtel Park Plaza de 283 chambres 4 étoiles s'ouvre près du Palais des congrès. Un Etap Hotel va bientôt arriver aussi, ainsi qu'un Villages Hotel. Si les chaînes hôtelières ont marqué de leur présence le site du Futuroscope, il s'agit uniquement de franchises, avec ou sans contrat de gestion. On peut ainsi être surpris qu'avec des dépassements de 60 à 75% de taux d'occupation selon les hôtels, les groupes hôteliers ne se soient pas rués sur cette destination pour y construire en fonds propres des hôtels en filiales. "Il y a sans doute eu une difficulté à croire au succès du Futuroscope à ses débuts et après c'était peut-être trop tard pour bouger. Les grands groupes n'ont pas voulu se mouiller et font peu d'études prospectives", ironise un observateur éclairé. Aujourd'hui, les hôteliers se montrent globalement heureux de leur présence sur le site du Futuroscope, même s'ils évoquent souvent des inquiétudes. Ils aimeraient bien que la création d'hôtels nouveaux marque un coup d'arrêt, pour ne pas rompre l'équilibre actuel. "On vend moins cher qu'il y a trois ans et une trop forte baisse de la fréquentation due à une augmentation trop forte de l'offre, pourrait engendrer une guerre des prix, pas très souhaitable", pense Christian Fort et quelques autres professionnels. Les chiffres leur donnent raison car malgré une augmentation importante du parc hôtelier, les taux d'occupation moyens ne se sont pas écroulés. Cependant, même si l'année 1998 se présente bien selon les hôteliers, en 1997 le taux de fréquentation a été inférieur de près de 3 points à celui de 1994, par exemple.

Des objectifs commerciaux différents

La locomotive des hôteliers a été jusqu'ici le Futuroscope. C'est la raison d'être des hôtels sur le site. Le parc a autant besoin des hôteliers que les hôteliers ont besoin du parc. Cependant, la nature des besoins diffère. Le Futuroscope est satisfait de l'offre hôtelière actuelle mais aimerait bien que se rajoute encore de l'hôtellerie adaptée à l'accueil des groupes scolaires. Cela correspond à ce que le parc estime utile pour faciliter le captage de certaines clientèles prioritaires. "Sur une centaine de jours par an, on ne trouve plus une seule chambre sur la Vienne. Il nous manque une hôtellerie à moins de 160 francs la chambre, avec des chambres pouvant accueillir jusqu'à 4 personnes", dit-on au Futuroscope. Le parc européen de l'image a créé son propre tour-opérateur-réceptif, Futuroscope Destination (FD), qui génère entre 1/4 et 1/3 de l'activité des hôtels du site. Ils lui reversent en moyenne 20% de commission. Mais, outre la clientèle familiale, les hôteliers demandent avec de plus en plus d'insistance qu'une clientèle complémentaire se développe pour occuper les périodes creuses. "Nous travaillons à plein durant les week-ends de février à novembre et en haute saison. Mais, il nous manque maintenant une clientèle d'affaires et des séminaires qui font défaut. Il faudrait aussi que de nouvelles entreprises avec des besoins en nuitées hôtelières s'installent dans la zone", analyse Eric Muzzolini, qui dirige l'hôtel Frantour Aquatis. C'est d'autant plus vrai pour des hôtels moyen et haut de gamme. Pour le Futuroscope, la recherche de cette clientèle n'est pas légitimement à l'ordre du jour. "Je pense que c'est aux hôteliers de chercher la clientèle d'affaires et les séminaires. Si nos enseignes respectives peuvent nous aider, nous devrions aussi pouvoir nous regrouper pour vendre notre destination auprès des entreprises distantes", argumente Pascal De Loof, à la tête du Campanile de 195 chambres sur le site. Christian Fort est du même avis et emploie 7 commerciaux qui prospectent à longueur d'année pour vendre la destination. L'entente entre les hôteliers semble actuellement bonne, mais contre toute attente, il n'y a pas de club hôtelier. "On ne crée un club hôtelier que quand les choses vont mal. Or, ici nous sommes au milieu, entre la satisfaction et l'insatisfaction", observe Eric Muzzolini, qui s'occupe toutefois de l'antenne locale de la FNIH.

Jouer le jeu du Futuroscope

Certains hôteliers sont tentés de s'extirper du système de centrale de réservations de FD pour s'économiser des commissions. Pascal De Loof, qui bloque en permanence 50 chambres en allotement chez FD, est contre cette idée, "nous sommes ici parce que le Futuroscope y est. Malgré l'envie que nous pourrions avoir de voler de nos propres ailes, je crois qu'il faut jouer le jeu à fond et travailler quoiqu'il arrive avec FD. C'est une politique à long terme et c'est plus honnête". Pour autant, l'enjeu supplémentaire pour les hôteliers serait que le Futuroscope parviennent à augmenter le nombre de visiteurs étrangers, d'autant que la plupart des observateurs pensent qu'il n'existe pratiquement plus de réserve de clientèle française. Le taux de revisite de la clientèle serait proche de 25%. Il faut donc chercher à recruter sans cesse de nouveaux visiteurs. Pour ce faire, le Futuroscope engage une importante puissance de feu en matière de promotion qui représente près de 10% de son chiffre d'affaires, soit plusieurs dizaines de millions de francs. Il a lancé un plan média sur la presse en Grande-Bretagne, des campagnes de télévision sur la France, l'Espagne et la Belgique et des couvertures en affichage et en radio sur la France et la Belgique. Parallèlement, les services du parc adressent plus d'un million de messages/an par voie de marketing direct sur des cibles de prospects. Le Futuroscope arrive en phase de maturité et les hôteliers du site devront commencer à se prendre en main commercialement et de façon autonome, pour améliorer leur activité. Ici, comme ailleurs, on attend une accalmie des créations d'hôtels et on se prépare à chercher le client.

M.Watkins

LE FUTUROSCOPE S'INTÉRESSE AUX TOURISTES LOGÉS À PARIS

Depuis ce printemps, le Futuroscope a lancé avec Paris Vision, leader des excursionnistes parisiens, une opération s'appuyant sur 1.000 hôtels parisiens. Il s'agit de proposer aux touristes hébergés à Paris, une journée au Futuroscope, sous forme de forfait, départ et retour sur Paris en TGV. Les deux partenaires invitent les réceptionnistes et les concierges d'hôtel à passer une journée pour découvrir le parc. Pour toute prescription, les hôteliers sont commissionnés. Les premiers clients anglais intéressés par ce produit sont arrivés au Futuroscope le 8 avril dernier. Et on en attend beaucoup d'autres...


L'HÔTELLERIE n° 2561 Supplément Economie 14 Mai 1998

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