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Bilan de la saison estivale en France

Un été 1997 globalement satisfaisant

Après un mois de juillet assez morose, le franc soleil d'août a permis de redresser la barre. Les premières estimations montrent une augmentation sensible des touristes étrangers, mais une stabilité des comportements des vacanciers observés au cours des trois dernières années. Selon le nouveau secrétaire d'Etat au Tourisme, Michèle Demessine, la cuvée touristique 1997 contraste singulièrement avec le pessimisme des années précédentes. Un «cocorico» cependant mesuré, toutes les zones géographiques n'ayant pas été logées à la même enseigne.

«Les premières estimations montrent sans ambiguïté que l'année 1997 sera un très bon cru touristique.» C'est en ces termes que Michèle Demessine, secrétaire d'Etat au Tourisme, a commenté la semaine dernière le premier bilan de la saison touristique. S'abstenant de pousser un «cocorico» démesuré, le ministre a toutefois précisé que la hausse de fréquentation durant la saison 1997 s'était déroulée selon un scénario devenu aujourd'hui classique. A savoir que la première quinzaine de juillet s'est révélée médiocre sur l'ensemble du territoire national (à l'exception des régions méditerranéennes), notamment cette année à cause de mauvaises conditions météorologiques. Et qu'au final, la haute saison n'a véritablement commencé qu'à partir de la seconde quinzaine de juillet. Une période qui s'est d'ailleurs révélée globalement stable par rapport à 1996 dans la grande majorité des régions ainsi que le souligne la FNIH dans un communiqué de presse.

Le mois d'août a en revanche enregistré un afflux important de touristes ce, pour la totalité des régions (y compris celles situées au nord de la Loire). «Phénomène encourageant, la seconde partie d'août est jugée dans de très nombreuses zones comme supérieure à celle de l'an passé en particulier dans le quart Sud-Est et le Nord-Ouest», a souligné Michèle Demessine. Et d'ajouter, «les premiers chiffres concluent à une progression de la fréquentation de 5% à 15% par rapport à 1996, selon les régions.»

Ces bons résultats tiennent pour l'essentiel à la croissance soutenue de la demande étrangère. Qu'on le veuille ou non, la France séduit en effet encore et toujours bon nombre de vacanciers étrangers. Ce d'autant plus que l'amélioration de la situation économique de certains pays a été cette année «boostée» par l'évolution positive des devises étrangères comme le dollar, la livre sterling et la lire. L'enquête de fréquentation de l'hôtellerie homologuée avait d'ailleurs tablé, lors du premier semestre 1997, sur une hausse importante de la fréquentation étrangère (+9,5% des nuitées en comparaison en 1996). Celle-ci est particulièrement forte dans les établissements 3 et 4 étoiles-4 étoiles Luxe (+13,5% par rapport à l'année précédente). Ajoutons à cela que la progression a bénéficié notamment à Paris (+12%) et en Provence Alpes Côte d'Azur (+12,8%). Le record de 1996 concernant les 62,4 millions de visiteurs étrangers accueillis en France pourrait donc peut être battu au terme de la saison 1997.

En attendant les données définitives, il semble bel et bien que la relative stabilité des dépenses des Français hors des frontières nationales associée à l'augmentation des touristes étrangers, «conduise à une nouvelle progression du solde de la balance des paiements en 1997.» Ainsi comme l'a rappelé le secrétaire d'Etat au Tourisme, de janvier à mai 1997, les recettes internationales ont représenté 57,5 milliards de francs contre 51,8 milliards pour la même période de 1996, soit une hausse de 11,1%. Côté dépenses, on constate une progression plus faible (+3,2%) à 35,1 milliards de francs. Conclusion : le solde du poste de voyages de la balance des paiements s'élève au terme des 5 premiers mois 1997 à 22,4 milliards, soit 26,2% de mieux qu'un an auparavant.

Disparités
géographiques

Reste qu'au cours de la présentation des premières estimations concernant la saison touristique 1997, Michèle Demessine a insisté sur le fait que la fréquentation a varié suivant les régions géographiques observées. Une remarque qui globalement correspond à celle collectée lors de nos différentes enquêtes auprès des hôteliers et restaurateurs de l'Hexagone.

Ainsi comme l'a expliqué le secrétaire d'Etat au Tourisme, les conditions climatiques déplorables de juillet ont lourdement pénalisé les massifs montagneux (tant Pyrénées qu'Alpes). «Sans atteindre les extrémités de juillet 1996, les mauvaises conditions météorologiques de cette année ont gravement affecté la fréquentation des établissements et le chiffre d'affaires des entreprises notamment en montagne», commente Jacques Jond, président de la FAGIHT. Et d'ajouter, «la situation s'est heureusement redressée dès le début août. Sur les trois premières semaines, les résultats sont effectivement considérés comme bons par la plupart des professionnels... C'est néanmoins surtout grâce à un afflux de clientèle étrangère (notamment les Belges, les Allemands et les Hollandais) que la saison estivale semble avoir été sauvée. On doit hélas constater que la clientèle française d'habitués a tendance à diminuer en volume et à raccourcir ses séjours.»

92% d'occupation en août à l'hôtel Carlton

Parallèlement, la saison 1997 a aussi bel et bien donné lieu à une reconsolidation en faveur des destinations méditerranéennes. Aidée par les fluctuations monétaires, l'hôtellerie haut de gamme a très largement bénéficié de l'afflux massif des touristes étrangers. En témoigne les dires de Jean Rauline, directeur de l'hôtel Métropole à Beaulieu-sur-mer et président de l'association des Palaces de la Côte d'Azur (la PCA regroupe 22 établissements) : «Après six années difficiles, cette saison est incontestablement meilleure que les précédentes. Si l'on compare le niveau de fréquentation depuis avril à fin juillet, ce dernier est passé de 61% en 1996 à 70% en 1997. Au mois d'août, l'ensemble des unités membres de la PCA a en outre réalisé un taux d'occupation moyen de 90%.» Rien que sur le mois d'août, l'hôtel Métropole a enregistré pour sa part une hausse de 11% de son chiffre d'affaires, grâce en grande partie au retour massif des Américains, Anglais et Italiens. Avec un taux d'occupation de 92% et un prix moyen chambre 2.250 francs H.T en août, le Carlton lui, dirigé par Didier Boidin, aura sans nul doute quelques difficultés à faire mieux l'an prochain.

Même son de cloche au syndicat des hôteliers de Nice et de la Côte d'Azur (350 établissements, excepté ceux de Cannes) où l'on assure que les hôtels 4 étoiles ont vu leur chiffre d'affaires progresser de près de 10% en août et d'environ 6% à 7% pour les 3 étoiles.

La saison ne s'achève pas fin août

A noter cependant que contrairement à l'hébergement, la restauration dans cette région française doit toujours faire face à de sérieux problèmes rognant sans cesse sur ses marges. «La saison 1997 ne fera pas date dans mes annales. Pourquoi ? Tout simplement parce que les vacanciers viennent plus nombreux, mais dépensent toujours moins. J'en veux pour preuve mes recettes réalisées lors du feu d'artifice du 15 août dernier. Avec 240 couverts en 1997 contre 216 un an plus tôt, mon chiffre d'affaires a finalement grimpé de tout juste 300 francs», confie Patrick Martinez, propriétaire de la brasserie Le Méridien à Cannes.

Des mode de consommation qui ont également touché la Bretagne. D'après l'Observatoire Régional du Tourisme, la restauration traditionnelle à l'heure du déjeuner est en effet remplacée par une restauration rapide. Malgré tout, la région devrait assez bien tirer cette année son épingle du jeu. «Après un mois de juin catastrophique et un mois de juillet en demi-teinte, août va nous permettre de redresser la barre», avoue Jean Chouamier, président CFHRCD de la Côte d'Émeraude. Il précise, en outre que «désormais, les professionnels doivent s'adapter au budget de leur clientèle notamment en restauration en jouant la qualité au prix modéré.» Dans le Finistère, Noël Le Quéré, également président de la CFHRCD, s'élève lui contre tous les commentaires de la presse considérant la saison 1997 comme bonne. «La saison ne s'achève pas à la fin août ! Si avril a été bon, mai moyen, juin catastrophique et juillet mitigé, le mois d'août a certes été nettement meilleur. Reste qu'il faut attendre la fin septembre pour dresser les premiers bilans», déclare-t-il. L'homme reconnaît toutefois avoir observé le retour de la clientèle étrangère (britannique en particulier). Il admet aussi ne pas avoir constaté de fléchissement de la fréquentation après le week-end du 15 août et annonce une arrière saison plutôt satisfaisante.

Touristes étrangers en masse à Paris

Les professionnels de la Côte Atlantique se montrent, eux, d'une manière générale beaucoup plus timorés. Victime des aléas de la météo, cette zone géographique pense globalement réaliser des performances similaires à celles de l'an passé en sachant que seul le mois d'août a permis de sauver la saison.

Par contre, l'espace rural a connu une bonne fréquentation à l'exception de certaines régions de l'intérieur telles que la Franche-Comté pour laquelle le mois de juillet a été particulièrement médiocre. Reste cependant que le tourisme vert a confirmé sa bonne santé. En pays d'Aude par exemple, l'un des premiers départements de France pour les gîtes ruraux, on a enregistré une importante augmentation du taux d'occupation dans les gîtes ruraux. Parmi les clients figuraient des étrangers (22% en juillet), les vacanciers français demeuraient néanmoins les plus nombreux.

Quant à Paris, les résultats du mois d'août ont confirmé ceux de juillet. Selon les statistiques de l'observatoire régional du tourisme, la part des touristes étrangers a grimpé de 13% par rapport à 1996. Ils ont ainsi représenté en juillet et en août 60% de l'activité touristique en Ile-de-France pour ces deux mois. En revanche, le nombre de visiteurs français a stagné. Du zéro au quatre étoiles, l'ensemble des hôtels parisiens a tiré profit de la manne étrangère. D'après le baromètre mensuel de l'hôtellerie haut de gamme parisienne réalisé par le cabinet KPMG Axe Consultants (ex Horwath Axe Consultants), le taux d'occupation des établissements concernés s'est élevé à 75,93% en juillet soit une progression de 10,88 points par rapport à 1996. Le chiffre d'affaires H.T par chambre louée a lui très légèrement fléchi passant de 976 francs en juillet 1996 à 971 francs.

A noter ainsi que les deux unités parisiennes de la chaîne Intercontinental sont au terme de la saison estivale bien en avance sur leur budget initial (et ce malgré les travaux de l'hôtel de la rue Castiglione). Les enseignes Méridien de la Ville Lumière sont elles aussi très satisfaites de l'été 1997. Du côté de chez Frantour, on se frotte aussi les mains. «En terme de chiffre d'affaires, l'activité a augmenté de 7% à 15% durant la saison selon nos établissements. L'évolution concernant les prix moyens est moindre puisqu'oscillant entre 5% et 7%», admet Jean-Michel Lebrun, Responsable des hôtels Frantour.

Claire Cosson

ccosson@lhotellerie-restauration.fr

La Riviera a fait recette cette année.

LES CHAINES VOLONTAIRES ET CENTRALES

DE RÉSERVATION ONT LE VENT EN POUPE

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A fin août 1997, la chaîne Inter Hôtel annonce une hausse sensible de son nombre de nuitées par rapport à 1996 : 75.000 nuitées soit +37%. Il faut rappeler qu'Inter Hôtel a rejoint dernièrement le réseau européen Minotel. Un fait qui a généré beaucoup de retombées.

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A fin août 1997, Best Western France a elle aussi le vent en poupe. Alors qu'elle avait réalisé l'an passé à la même période 86.000 nuitées, la chaîne affiche cette année 100.000 nuitées (+16%). En terme de chiffre d'affaires, la hausse est encore plus sensible atteignant 20%.

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A fin août 1997, Hélan Réservation a vu son nombre de nuitées augmenter de +36,7% par rapport à la même période de l'année précédente. En terme de chiffre d'affaires, la hausse avoisine les 45%. Cette augmentation tient en particulier à la forte hausse des réservations effectuées via les GDS.

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A fin juillet 1997, SRS voit elle aussi la vie en rose avec une progression du nombre de ses nuitées sur la France (22 hôtels) de plus de 7%. SRS a en outre récemment étoffé son réseau en accueillant deux nouveaux établissements de luxe : La Villa Belle Rose à Saint-Tropez et l'Hôtel Mirabeau de la SBM à Monaco.

La stratégie de Michèle Demessine

Malgré les bons résultats annoncés pour 1997, Michèle Demessine entend aller de l'avant afin que la France conserve sa première place au hit parade des destinations touristiques dans le monde. A cet effet, elle propose à l'ensemble des acteurs du tourisme un plan de bataille en quatre points :

- Conserver le socle de la clientèle française en réalisant de véritables outils de promotion et d'information, voire même de réservation, au service du tourisme hexagonal.

- Etendre ce socle de clientèle à des catégories sociales qui, aujourd'hui ne prennent toujours pas de congés, notamment à travers l'élargissement de l'utilisation du chèque-vacances.

- Poursuivre la reconquête des marchés extérieurs traditionnels comme celui des Européens, des Américains et des Japonais.

- Lancer une offensive concrète sur les marchés émergents et lointains tels l'Asie du Sud-Est et l'Amérique Latine.


Beaucoup de professionnels admettent ne pas avoir constaté de fléchissement de la fréquentation après le week-end du 15 août.


La restauration traditionnelle souffre encore, étant très souvent délaissée au profit des fast-food.


LE NORD-PAS-DE-CALAIS PROFITE DE LA MANNE ETRANGERE

Comparativement à 1996, peu flatteur, l'été 1997 marque une progression dans le Nord-Pas-de-Calais, particulièrement dans l'hôtellerie. Dès la fin juillet, en dépit d'un temps médiocre au cours des trois premières semaines, la moyenne d'occupation des deux départements observée par le CRT était supérieure de trois à quatre points à celle de l'année précédente. Le plus étonnant est le bond du secteur rural qui passe de 53,5% et 49% de t.o pour les deux quinzaines de juillet à 83,1% et 77,5% cette année. Ceci grâce en majeure partie à la clientèle étrangère. Cette dernière est d'ailleurs très présente avec 37,1% de la part de la clientèle hôtelière.

Avant même de disposer des statistiques d'août, le mois s'annonce à priori sous les meilleurs auspices. A l'Holiday Inn Garden Court de Calais par exemple, la fréquentation a atteint le seuil des 100%. La hausse est aussi sensible pour l'hôtel Westminster du Touquet qui a affiché un taux d'occupation supérieur à 90% durant cette période. Du côté des 2 étoiles, la saison s'avère bonne également tant au sud qu'au nord de la côte avec toutefois une grande mobilité des clients.

Le sentiment est plus mitigé en restauration. «C'est mou, mou, mou!», constate Bernard Prin, vice-président du syndicat des CHR de Dunkerque, restaurateur sur la digue de mer. Reste que c'est une relative satisfaction qui domine néanmoins l'ensemble. «Nous ne pensions pas possible de faire mieux cette année qu'en 1996, nous l'avons fait», explique le patron de l'Atlantic-La Liégeoise de Wimereux, installé sur la digue depuis un an et demi. «Ce n'est pas le pactole, mais Le Touquet se tient», estime en outre Annick Artesi, présidente du syndicat de la station.

De notre correspondant Alain Simoneau



L'HÔTELLERIE n° 2526 Hebdo 11 septembre 1997

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