Actualités


Lourde tâche

Lors de sa prestation télévisée de lundi soir, destinée plus particulièrement à la jeunesse, le président de la République s'est livré à un vaste tour d'horizon afin d'apporter sa vision d'un avenir que certains entrevoient avec difficulté (c'est un euphémisme...). Avec la lancinante, l'obsédante et omniprésente question non résolue du chômage, ce phénomène que nos politiques refusent d'intégrer comme une «variable» de l'économie, au même titre que les indices de valeurs mobilières, la reconstitution des stocks, ou les gains de productivité. Rien à redire dans l'intervention de Jacques Chirac sur le fond et la forme : parfaite maîtrise du comportement face à des journalistes expérimentés dans l'art du politiquement correct, le scénario mis au point par l'équipe de spécialistes en communication de l'Elysée a parfaitement fonctionné.

Néanmoins, le fond l'a parfois emporté sur la forme, sur des sujets qui ne peuvent laisser indifférentes les professions encore susceptibles d'apporter leur contribution à l'emploi.

Le locataire de l'Elysée a feint de s'étonner de «l'incompréhensible dévalorisation de l'enseignement professionnel», ce qui n'a rien de surprenant de la part d'un chef d'Etat qui a lui-même longtemps hésité entre Science Po et la médecine ! A moins que la rue St-Guillaume ne soit un jour incluse dans l'enseignement technique, ce qui constituerait, à n'en pas douter, une véritable révolution dans les esprits.

A défaut de révolution, il faut souhaiter que les propos de bon sens et de raisons tenus sur une forme d'enseignement dont les mérites devraient être beaucoup plus largement reconnus connaîtront des prolongements concrets. Bien évidemment, il ne faudra pas se contenter de célébrer l'excellence de nos professeurs de cuisine lors de l'attribution des étoiles dans les guides ou de la remise des prix des concours les plus prestigieux.

C'est au jour le jour que l'enseignement professionnel doit prendre en main sa propre valorisation, faire reconnaître la valeur intrinsèque des savoirs essentiels qu'il transmet, surmonter la condescendance de l'enseignement dit «général». Cette tâche sera longue et difficile, tant les préventions sont fortes dans un pays où l'on voit un polytechnicien dans chaque nouveau-né !

Mais avec une volonté politique au plus niveau, peut-être les raisons d'espérer s'affirmeront plus clairement. Concrètement, Jacques Chirac s'est donné l'objectif de relier tous les établissements d'enseignement par ordinateur d'ici l'an 2000. Cet objectif concerne bien évidemment l'enseignement technique, qui, comme toute la profession, dès cette semaine, peut avoir accès à Internet gratuitement en s'adressant à «L'Hôtellerie». C'est juré, nous n'avons rien dit au conseiller en communication de Chirac !

L.H.



L'HÔTELLERIE n° 2501 HEBDO 13 mars 1997

L'Application du journal L'Hôtellerie Restauration
Articles les plus lus...
 1.
 2.
 3.
 4.
 5.
Le journal L'Hôtellerie Restauration

Le magazine L'Hôtellerie Restauration