Actualités


International

L'Europaïscher Hof d'Heidelberg

Une entreprise familiale défend sa position

Depuis 90 ans aux mains d'une même famille, le 5 étoiles d'Heidelberg en Allemagne a réussi à se maintenir aux mains des héritiers de son fondateur, Fritz Gabler. A l'issue de nombreuses transactions, la famille von Kretschmann, qui détenait 50% des parts, a racheté à une autre branche de la famille le reste du capital.

Ce transfert met fin aux rumeurs de reprise par une chaîne hôtelière internationale. L'Europaïscher Hof, unique établissement de sa catégorie entre Francfort et Baden-Baden (135 chambres, 235 lits), déploie de nombreux moyens pour sauvegarder son indépendance. 50 millions de DM y ont été investis ces dernières décennies dans des travaux d'extension. «La garantie de notre autonomie réside dans notre capacité à nous démarquer de l'uniformité et de l'anonymat des grands groupes hôteliers», résume Ernst-Friedrich von Kretschmann, son directeur. Les 135 chambres sont meublées dans un style individuel, les pièces communes et les halls sont ponctués d'antiquités. Au fil des ans, l'Europaïscher Hof s'est peu à peu mué en complexe hôtelier au centre de la ville, à quelques encablures de la vallée du Neckar et de son fameux pont. Outre deux restaurants gastronomiques, une cafétéria et un bar-cocktail, l'Europaïscher Hof a diversifié ses offres en créant une galerie marchande de onze magasins et un parking souterrain de 200 places.

Ernst-Friedrich von Kretschmann déplore cependant un trop faible taux d'occupation : 40% des 235 lits. «6 à 8% du chiffre d'affaires -12 millions de DM- sont alloués chaque année à la rénovation de notre établissement. Dès que la conjoncture économique nous le permettra, nous investirons dans un fitness center», prévoit le directeur de l'Europaïscher Hof qui table sur une hausse de 5% de son taux de fréquentation en 1997 (+ 3% en 1996). Un effort a déjà été concédé dans les tarifs avec un prix moyen de 250 DM* la nuit.

Deux tiers des clients sont étrangers

Le dynamisme de l'entreprise familiale se heurte cependant aux déficiences structurelles de Heidelberg. Ville touristique et universitaire certes, mais dépourvue d'aéroport, de centres de congrès, de foires et d'expositions, Heidelberg ne compense pas ces lacunes par un développement économique notoire. Aucune multinationale ne siège sur les rives du Neckar. L'Europaïscher Hof est donc livré à sa propre stratégie de vente et... aux fluctuations du cours du dollar. Deux tiers des clients sont étrangers (durée moyenne du séjour 1,5 jour), pour la plupart japonais et américains.

Ernst-Friedrich von Kretschmann ne peut concevoir l'avenir de son hôtel sans la passion qui l'anime : «Notre avenir se joue sur la qualité de notre accueil et de nos prestations. Il est impossible d'exercer ce métier aujourd'hui dans une logique purement capitaliste. Tout bénéfice est automatiquement attribué au poste investissement.» Une pratique qui n'a pas toujours été admise dans le passé par les autres membres de la famille.

E. Bonte

* 1 DM = 3,50 F.



L'HÔTELLERIE n° 2498 Hebdo 20 fevrier 1997

L'Application du journal L'Hôtellerie Restauration
Articles les plus lus...
 1.
 2.
 3.
 4.
 5.
Le journal L'Hôtellerie Restauration

Le magazine L'Hôtellerie Restauration