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Courriers des Lecteurs

Rubrique animée par Pascale Carbillet

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Tribune libre
Ne devrait pas être restaurateur
qui veut

Je viens de lire dans le journal, que dorénavant l'appellation de boulanger serait désormais réservée à ceux qui assurent sur le lieu de vente toutes les phases de la fabrication du pain.

Il est regrettable de constater que notre profession de restaurateur ne soit pas capable d'arriver à un système de protection, de définition d'un cahier des charges se rapportant au métier de restaurateur.

Les boulangers viennent d'obtenir cet avantage, les instituts d'esthétique aussi, qui imposent un diplôme minimum. En effet, pour ces professions un brevet professionnel est exigé pour exercer.

La restauration, si louée, si encensée, si cajolée reste le creuset de la médiocrité : «je ne sais rien faire donc j'ouvre un restaurant» ou bien «j'ai un peu d'argent, j'ouvre un restaurant».

En cette période de voeux, je souhaite que les organisations professionnelles remettent cette revendication sur le tapis des négociations. Elle me semble importante, voire primordiale. Il n'est besoin que de regarder ce qui se passe dans des domaines ouverts à la concurrence sauvage sans préparation.

Nous ne devons pas nous gargariser des formules toutes faites, telle que «la qualité paie toujours», «le client saura faire le tri»... Elles ne manquent pas aux décideurs de mauvaise foi.

(M.L. de l'Ile-d'Aix)

Il est prévu qu'un rapport effectué par M. Radelet sur la restauration soit remis vers le mois de mars 1997, dans lequel il est étudié l'opportunité d'un accès réglementé à la profession de restaurateur.

A la lecture de ce rapport, les pouvoirs publics décideront de l'opportunité d'une telle mesure qui ne fait pas l'unanimité parmi les organisations patronales syndicales.

Nous ne manquerons pas de vous faire connaître les conclusions de ce rapport dès sa publication.

Comment calculer l'indemnité de congés payés ?

Je souhaiterais savoir si dans le calcul des indemnités des congés, il faut prendre en compte les sommes versées au titre de l'intéressement ? (C.F. de Paris)

Cette indemnité est destinée à compenser la perte de salaire consécutive à l'absence du salarié pendant sa prise de congé annuel. Elle se calcule soit sur la base du dixième de la rémunération totale perçue par le salarié entre le 1er juin de l'année précédente et le 31 mai de l'année en cours, ou soit sur la base de la rémunération qui aurait été perçue pendant le congé si le salarié avait continué à travailler. Il faut choisir la méthode la plus avantageuse pour le salarié.

La somme à prendre en compte est la rémunération totale brute effectivement perçue par le salarié entre le 1er juin de l'année précédente et le 31 mai de l'année en cours. En outre, on prend en compte tous les compléments de salaires ayant le caractère d'une rémunération, c'est-à-dire les majorations pour heures supplémentaires, les jours fériés payés, les primes ainsi que l'indemnité de congés payés de l'année précédente. Par contre, ne doivent pas être prises en compte les primes ou gratifications et participations au chiffre d'affaires ayant un caractère annuel et dont le montant n'est pas affecté par la mise en congé du salarié. Ce qui exclut les sommes distribuées au titre de l'intéressement ou de la participation des salariés aux résultats de l'entreprise.

Le montant de votre intéressement ne sera donc pas pris en compte pour le calcul de cette indemnité de congés payés.

Indice du coût de construction

3ème trimestre 1996

L'indice du coût de la construction du 3ème trimestre 1996 a été publié au Journal Officiel du 11 janvier 1997. Il s'établit à 1.030 (contre 1.029), ce qui représente une hausse de 0,10%.

Nous vous rappelons que l'indice sert notamment de référence aux révisions et renouvellement des loyers des baux commerciaux, ainsi qu'à la révision des baux d'habitation ou mixtes.

Pour les baux à usage exclusivement professionnel, la variation sur un an ressort à :

(1.030 - 1.024) : 1.024 = + 0,58%.

Pour les baux commerciaux, la hausse de cet indice représente :

* sur trois ans (révision triennale) :

(1.030 - 1.017) : 1.017 = + 1,28%

* sur neuf ans (renouvellement) :

(1.030 - 895) : 895 = + 15,08%

L'indexation des loyers à usage d'habitation ou mixtes s'effectue sur la valeur moyenne de l'indice du coût de la construction calculée sur quatre trimestres.

Cette disposition a pour but d'éviter les oscillations trimestrielles des indices pouvant conduire à des anomalies.

La moyenne associée des quatre derniers trimestres connus s'établit à 1.027,50.

La variation sur un an de cet indice ressort à :

(1.027,50 - 1.019,25) : 1.019,25 = + 0,81%.

Quand la vie chavire

Cette lettre s'adresse à vous, journal de L'Hôtellerie, pour que vous puissiez faire passer le message.

Ex-femme de restaurateur, j'aimerais montrer comment en peu de temps une vie de conjoint collaboratrice peut chavirer.

Mariée en 1977 à un restaurateur (chef cuisinier) installé depuis 1976, ma vie a été bien mouvementée. Auxiliaire péricultrice au départ, la clientèle de restaurant était une découverte. L'adaptation fut très dure, mais on se fait à tout. Le commerce étant à la campagne, les journées étaient parfois longues. Après avoir eu 3 enfants (1 asthmatique, 1 handicapée, 1 en pleine forme) le sens du commerce me prit.

Je me suis défoncée, j'ai bougé, téléphoné, contacté, bref assuré le développement avec une méfiance sur les finances. Je n'étais pas salariée, cela nous aurait coûté trop cher... Les charges, vous connaissez !

Dans les années 1985, après quelques années d'expérience en salle, je deviens chaque année jury au CAP/BEP du lycée hôtelier local.

Au sein de l'entreprise, qui peut accueillir jusqu'à 200 personnes, je fonctionne avec des extras en salle. En cuisine, après avoir eu des apprentis, le chef (ex-mari) embauche une personne pour le seconder.

1990-1991. C'est de plus en plus dur. Je me redéfonce. On ne va pas baisser les bras, on doit faire venir les clients. Je préconise d'axer sur les groupes pour travailler plus en semaine. J'innove, en faisant le service en costume local, avec un accueil à l'accordéon. J'effectue des mailings, le courrier est écrit à la main. Je ne lâche pas prise. Je sympathise avec le monde du tourisme, les agences de voyages, les autocaristes. Jalousée par quelques collègues de la ville voisine, je continue à foncer.

Mon mari (et mon chef en même temps) commence par trouver que ceci prend trop d'ampleur, que je suis trop bien dans ce domaine. Ce qui est vrai. Mais l'agenda se remplit, avec un planning rempli pour les six prochains mois. Tout s'annonce bien pour le commerce. C'est la bouée qui sauve l'établissement.

Seulement.... Seulement...

1er avril 96 : le chef est là depuis 20 ans. Je pense qu'une opération commerciale autour d'un anniversaire serait formidable, alors j'organise cette manifestation. Plus de 400 personnes viendront à cette invitation.

Mai 96 : le chef sur un coup de tête, met le restaurant en vente !

Fin mai 96 : j'apprends par un coup de téléphone de l'agent immobilier que le restaurant est en vente. Stupeur ! Et je n'en savais rien ! Des acheteurs sont là avec l'argent en poche. Je ne réalise toujours pas, ne croyant pas que cette histoire va aller jusqu'au bout.

Fin juin 96 : signature d'un compromis. Alors là, trop c'est trop, je demande le divorce.

2 août 96 : signature de l'acte de vente devant notaire avec les repreneurs. J'assiste les yeux pleins de larmes. J'ai vraiment l'impression de mettre l'agenda rempli de travail, fruit de mon labeur, sur un plateau.

Mon époux n'a aucun regret, mais moi, je ne digère pas. Croyez-moi, c'est là que tout s'envole. Impression d'être licenciée, oui, mais pas indemnisée. ASSEDIC = 0 franc, Vente du fonds de commerce = 0 franc. Il me laisse la garde des enfants avec une pension de 500 F par enfant et par mois.

Je suis inscrite au chômage, oui, mais tout est noir à l'horizon. Seule compensation, mes parents avaient acheté la maison où nous vivions, je ne serai donc pas à la rue. A ce jour, j'essaie de faire accepter la validation de mes acquis. Avoir travaillé pendant 19 ans c'est de l'expérience, non ? Oui, mais pas reconnue. La retraite ? Et bien, pas grand-chose. Je leur ai écrit, mais je n'ai pas eu de réponse, ce n'est pas réjouissant.

Aujourd'hui à 38 ans, je me retrouve à zéro. Alors, si vous n'êtes pas au top, prévoyez vos arrières. Sans tout détourner, faites une petite réserve. Zut ! On y a droit. Moi je regrette, toute la finance passait par mes mains, et qu'ai-je fait ? Qu'ai-je pris ? Rien, évidemment ! Et qu'ai-je gagné ? Rien !

D'après mon avocate, je ne peux rien réclamer, car : «J'ai élevé mes enfants et j'ai vécu sur le commerce pendant 19 ans.»

Conclusion : armez-vous de courage ! Protégez-vous, même si le nid d'amour est douillet ! Nous devrions avoir plus de garantie !

(Une ex-conjoint collaboratrice)

Nous avions publié un dossier sur les différents statuts du conjoint collaborateur dans le magazine de L'Hôtellerie du 3 octobre 1996. Certaines situations peuvent être transitoires en raison des difficultés financières de l'entreprise, mais celles-ci doivent évoluer à terme, un conjoint sans statut pourra par la suite être salarié sans que cela grève trop les charges de l'entreprise.

L'expérience de cette restauratrice est là pour rappeler que l'absence de statut peut coûter très cher au conjoint qui s'est investi fortement dans l'entreprise familiale, mais sans en retirer les fruits de son travail.



L'HÔTELLERIE n° 2498 Hebdo 20 fevrier 1997

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