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du 17 juin 2004
HÉBERGEMENT

Vers la dream team du tourisme

ACCOR VA DEVENIR L'ACTIONNAIRE DE RÉFÉRENCE DU CLUB MÉDITERRANÉE

Sous réserve de l'autorisation de Bruxelles, le leader de l'hôtellerie européenne va acquérir 28,9 % du capital du spécialiste des villages de vacances en reprenant les participations de l'Italien Agnelli et celles de la Caisse des dépôts et consignations. Une opération qui, sur le plan stratégique, profite aux deux nouveaux partenaires.


Henri Giscard d'Estaing, président du directoire de Club Med : "Cette opération constitue une opportunité exceptionnelle pour nous de devenir le leader incontestable des vacances haut de gamme."


Benjamin Cohen, vice-président du directoire d'Accor chargé des finances, du développement hôtelier, du tourisme et des loisirs, des casinos : "L'opération avec le Club Med complète la stratégie d'Accor.."

La nouvelle a fait son effet dans le Landerneau du tourisme. Pourtant, l'entrée d'Accor au capital du Club Méditerranée (en l'occurrence à hauteur de 28,9 %) n'est pas une réelle surprise. Voilà des années en effet que les rumeurs allaient bon train sur un éventuel rapprochement entre les deux protagonistes. Rumeurs récurrentes, d'ailleurs. A tel point que lors de la dernière assemblée générale du spécialiste des villages de vacances, en mars dernier, Pascal Lebard, directeur général d'Exor (société détenue par la famille Agnelli) et président du conseil de surveillance du Club Med, avait déclaré à une question posée sur ledit sujet "que le groupe Agnelli, 1er actionnaire du Club, n'était pas en train de vendre sa participation, qu'il n'avait pas l'intention de le faire et n'était pas non plus en négociation". Et Henri Giscard d'Estaing, président du directoire du Club Med, de préciser avec humour : "Si à chaque fois que l'on avait prêté des fiancés au Club Med il s'était marié, il aurait battu un record de polygamie."
Ce qui ne signifiait pas pour autant que la possibilité d'une alliance avec un partenaire touristique, financièrement solide, n'était pas envisagée par le fils aîné de l'ancien président de la République. Tout comme il ne pouvait ignorer le désengagement probable de la société d'investissements des Agnelli (Ifil), actionnaire historique du Club, qui cherche depuis plusieurs mois à se recentrer sur ses métiers de base l'automobile. Restait en fait à trouver 'le bon timing'. En l'occurrence, les conditions nécessaires pour parvenir à ce dernier se sont enclenchées en avril. "La phase active de la négociation a effectivement commencé au début du mois d'avril", confie Benjamin Cohen, vice-président du directoire d'Accor en charge des finances et du pôle loisirs-tourisme. D'un côté, Accor veut "offrir une gamme complète de services et d'hébergement à sa clientèle d'affaires et de loisirs", comme ne cesse de l'affirmer haut et fort Jean-Marc Espalioux, président du directoire. Il a confiance dans le management du Club Med et reconnaît l'exceptionnelle notoriété dont bénéficie la compagnie créée en 1950. De l'autre côté, après la mort du patron de Fiat, Umberto, les Agnelli veulent accélérer la réorganisation de leur portefeuille de participation. Parallèlement, la Caisse des dépôts et consignations (CDC) se dit prête à céder les 7,7 % qu'il détient dans le Club Med.  

Pas de dégradation de la situation financière d'Accor
Autant d'éléments favorables qui se concrétisent assez vite, finalement, par l'annonce du vendredi 11 juin dernier. Sous réserve de l'autorisation de Bruxelles, Accor va prendre une participation de 28,9 % du capital du Club Med, dont 21,2 % détenus par le groupe Agnelli et 7,7 % appartenant à la CDC. Effectuée sur la base d'un prix d'acquisition de 45 e par action Club Med, cette transaction s'élèvera à 252 Me. Le tout étant assorti d'un complément de prix (un maximum de 41 Me) fonction des résultats futurs du Club Med (100 Me à l'issue de son exercice 2005-2006).
Tout le monde est content ! D'autant plus qu'Accor financera cette opération par une émission d'obligations remboursables en actions ou numéraires (Orane) pour un montant de 280 Me. La CDC s'est en outre engagée à souscrire à cette émission, le cas échéant à hauteur de 100 %. Autrement dit, la compagnie ne va pas dégrader sa situation financière. Et mieux encore ! Au terme de l'opération, la CDC pourrait détenir jusqu'à 8 % du capital du géant hôtelier. Dans la vie des entreprises, il n'y a toutefois pas que les impacts financiers qui comptent. Le respect d'une stratégie est tout aussi important. Et contrairement à ce qu'avancent certains analystes de la place, Accor profitera bel et bien de sa prise de participation dans Club Med. "Le premier bénéfice de ce rapprochement se mesurera en termes de notoriété", explique Benjamin Cohen.

Notoriété
"Il est vrai que ce rapprochement s'avère très intéressant pour Accor. D'autant que sa place dans le milieu du tourisme manque aujourd'hui encore de visibilité, et surtout de lisibilité", surenchérit un expert du secteur. Avec une offre répartie dans deux catalogues, Accor Vacances et Accor Thalassa (représentant un total de 55 000 chambres), le leader de l'hôtellerie européenne se devait en effet de renforcer son image dans le secteur des loisirs. Les synergies potentielles qui seront développées avec l'inventeur de la formule du 'tout compris' devraient s'avérer bénéfiques en la matière. Tout comme celles concernant l'avenir des 11 Club Coralia. "Autre point dont Accor pourra tirer profit : la gestion des animations et des sports, dans laquelle le Club excelle", précise Bejamin Cohen.
Côté Club Med, qui totalise 100 villages dans 40 pays et 1,7 million de clients, on se réjouit de l'arrivée de ce nouvel actionnaire. "Cette association constitue une opportunité exceptionnelle pour le Club Med de devenir le leader incontestable des vacances haut de gamme", clame Henri Giscard d'Estaing. Bon nombre d'autres effets positifs sont en outre à attendre de ce que Jean-Marc Espalioux appelle désormais "la dream team du tourisme", notamment dans la gestion des achats, de la distribution, des programmes de fidélisation, du marketing, des ressources humaines ...
C. Cosson zzz36v

Le Club Med a le vent en poupe

Il semble bien que 'l'ordonnance' du docteur Henri Giscard d'Estaing, président du directoire du Club Med, commence à porter aujourd'hui ses fruits. Après avoir accumulé plus de 220 Me de pertes depuis 3 ans, le spécialiste des villages de vacances a effectivement enregistré des résultats encourageants au terme du premier semestre (hiver 2004). En dépit d'un chiffre d'affaires stable à 784 Me, le résultat d'exploitation a atteint 32 Me contre 12 Me l'année précédente. Et, mieux encore, le résultat net - même s'il reste certes encore déficitaire - s'est sensiblement amélioré, passant de 29 Me à 4 Me.
Ce qui signifie que l'entreprise au Trident est bel et bien engagée sur la voix de la guérison. La réduction et la flexibilisation des coûts, le choix stratégique de recentrage du groupe sur son activité 'villages' couplé à une forte montée en gamme de l'offre, la réorganisation du réseau de distribution s'avèrent en fait payants. Une situation qui devrait d'ailleurs ne pas en rester là. D'abord parce que le Club Med va poursuivre et accélérer sa montée en gamme, avec notamment l'ouverture de nouveaux villages haut de gamme : Marrakech La Palmeraie au Maroc (4 Tridents), El Gouna (3 Tridents) en Egypte et Coral Beach (3 Tridents) en Israël...
Ensuite, la refonte du processus achats est sur les rails et laisse envisager des économies importantes. Enfin, le niveau de réservations cumulé de Club Med, au 29 mai dernier, s'affiche en hausse de 2,4 %. Seule ombre au tableau, l'Europe, où les vacanciers tardent à réserver (recul de 2,1 % à fin mai). En revanche, les zones Amériques et Asie connaissent, elles, une nette reprise avec des réservations en hausse respective de 29,1 % et 34,7 % par rapport à l'an dernier à la même période.

Club Med

a Près de 100 villages sur 5 continents
a Chiffre d'affaires : 1,6 milliard d'euros
a 1,7 million de clients
a 20 000 G.O (Gentils organisateurs)

Accor Vacances
a 50 000 chambres Sofitel, Mercure, Novotel
a Volume d'affaires : 300 millions d'euros
a Un catalogue unique répertoriant l'ensemble de l'offre vacances et loisirs

Accor Thalassa
a 27 hôtels, 5 000 chambres, 18 instituts et 3 spas
a Volume d'affaires : 200 millions d'euros
a 80 % de clients français et 19 % d'Européens

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L'Hôtellerie Restauration n° 2877 Hebdo 17 juin 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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