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L’actualité
Gérard Cagna :
“La profession doit se mobiliser
contre la violence”
Avec le Manifeste des chefs
français pour le respect
et l’intégrité physique
et psychique des jeunes
cuisinières et cuisiniers, le chef
appelle toutes les associations
de professionnels à s’engager
dans ce combat.
Plusieurs grands noms de la
restauration ont déjà signé le
texte.
PROPOS RECUEILLIS
PAR NADINE LEMOINE
L’Hôtellerie Restauration :
Qu’est-
ce qui vous a motivé pour écrire ce
manifeste ?
Gérard Cagna :
Une affaire de
brûlure infligée à un commis a été
le déclencheur. Des journalistes
m’ont interrogé et cela a été le début
d’une réflexion de plusieurs mois.
Personnellement, et je suis dans le
métier depuis 1960, je n’ai jamais été
victime de violences en cuisine. Il faut
cependant reconnaître que j’ai entendu
beaucoup d’histoires au fil du temps,
de la jeune fille enfermée une demi-
heure dans un frigo
à celui qui mettait
des protège-tibias
pour éviter les bleus.
Or, la peau est un
organe et c’est une
frontière à ne pas
franchir. Non, la
violence, physique
ou verbale, les
coups, les brûlures
ne font pas partie
de l’apprentissage.
L’entraînement est
le seul outil de progression.
En me remémorant ces récits, mais
aussi quelques témoignages directs,
je me suis senti comme investi d’une
mission. Il faut en finir avec l’omerta.
Nous avons tous été un peu dans le
déni. Nous ne sommes pas complices,
mais il était temps que l’on réagisse.
J’ai contacté de grands chefs reconnus
et légitimement
respectés. Je
leur ai demandé
s’ils étaient prêts
à soutenir le
manifeste. Ils ont
eu le courage de le
signer.
Qu’attendez-vous
de vos collègues ?
C’est une affaire
de cuisiniers.
Nous devons nous
prendre en main. Je voudrais que
toutes les associations de cuisiniers,
partout en France, qu’elles regroupent
des chefs de cuisine collective,
de brasserie ou de restaurant
traditionnel… signent ce manifeste.
Qu’elles viennent nous rejoindre
pour que l’on stoppe les brutalités,
les grossièretés, les actes révoltants
qui arrivent parfois. Cette profession
n’est pas facile. On n’a pas besoin de
rajouter de la méchanceté gratuite. Le
respect d’abord !
Quelles sont les premières
réactions ?
Depuis mon intervention à Sciences
Po lors du débat sur ce sujet, je suis
constamment interpellé. On me dit
de continuer, de ne pas lâcher. Des
jeunes et des moins jeunes viennent
me raconter ce qu’ils ont vécu. Des
professionnels nous rejoignent
comme
Dominique Loiseau
et
Claire
Verneil
. Car le manifeste dénonce
la violence faite aux commis, mais
aussi à tous, en cuisine comme en
salle. J’ai découvert également un
machisme dont je ne soupçonnais pas
l’ampleur. Beaucoup de femmes sont
venues me trouver et ce qu’elles m’ont
raconté est inacceptable. Oui, il y a des
comportements à dénoncer et à faire
disparaître et c’est toute la profession
qui doit se mobiliser. Il faut rendre de
l’éthique à ce beau métier.
Q
Retrouvez le Manifeste des chefs français
pour le respect et l’intégrité
physique et psychique
des jeunes cuisinières et
cuisiniers
:
/
QR/RTR537414 ou flashez ce QR code
Pour
signer
et
soutenir le manifeste
ou pour
poser une question, vous pouvez envoyer un
e-mail à :
Gérard Cagna
:“
Le manifeste dénonce la violence
faite aux commis, mais aussi à tous, en cuisine
comme en salle.”
“
“
Cette profession
n’est pas facile.
On n’a pas besoin
de rajouter de
la méchanceté
gratuite. Le
respect d’abord !