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du 6 novembre 2008
RÉFORME DES NORMES HÔTELIÈRES

Les hôtels voudront-ils encore être classés ?

Avec comme base de travail la grille de classement présentée par l'ensemble des organisations professionnelles du secteur, la direction du Tourisme l'a complètement remaniée afin de proposer un nouveau référentiel qui prend en compte des "critères perceptifs". Un avant-goût de ce qui attend les hôteliers.

Vous prenez une grille élaborée par l'ensemble de la profession pendant plus de un an et comportant 300 critères donnant lieu à des points pour classer les hôtels. Vous suivez les déclarations du secrétaire d'État au Tourisme, vous regardez les procédures mises en place chez certains de nos voisins européens, vous examinez les études réalisées par certains cabinets, vous consultez la presse et analysez les commentaires de clients sur des sites internet : vous mélangez le tout, et vous aboutissez à la rédaction d'une nouvelle grille de classifications des hôtels par la direction du Tourisme. 

Les grandes lignes de cette réforme
Le classement d'un hôtel repose toujours sur la base du volontariat. À l'heure actuelle, on considère que la moitié des établissements hôteliers sont classés. Par contre, le classement de l'hôtel serait révisé régulièrement : une périodicité de trois à cinq ans est prévue.
Une des grandes nouveautés de cette réforme ? Le coût du classement qui serait à la charge des professionnels. Alors qu'à l'heure actuelle il est gratuit. Les pouvoirs publics souhaitant se désengager de la procédure de classement, des cabinets d'audit seront chargés de l'effectuer. Par contre, le classement de l'hôtel restera toujours attribué par l'État. La gamme des classements irait de la 1re à la 5e étoile, cette dernière venant remplacer la 4e étoile luxe afin de donner plus de lisibilité pour ces établissements haut de gamme au niveau international.

Une grille totalement modifiée
Ce projet reprend l'idée de la profession d'avoir des critères obligatoires ainsi que des critères optionnels. Par contre, la possibilité de compenser certains critères obligatoires par des critères optionnels est supprimée. Le nombre de critères obligatoires est augmenté. Quant aux critères optionnels, ils seraient utilisés uniquement pour déterminer un niveau à l'intérieur d'une catégorie. À savoir, chaque catégorie comporterait 2 niveaux : 'standard', si 66 % des critères optionnels sont remplis, et un niveau 'confort' si l'établissement propose 80 % des critères optionnels.  

Prise en compte de critères dits perceptifs
Une autre des grandes innovations de ce projet est d'introduire des critères à appréciation perceptive, c'est-à-dire qui peuvent être directement perçus par les sens (vue, audition, etc.). Il est prévu une graduation de l'appréciation qui va de 1 à 4 (1 étant 'très bon' et 4, 'mauvais'). Pour obtenir la validation du critère perceptif comme, par exemple, la propreté, il faudra avoir moins de 25 % de note 2 et, surtout, ne pas avoir de 3 ou de 4. Ces critères perceptifs s'appliquent dans les 4 premiers chapitres de cette grille qui concernent : la propreté, l'état et l'entretien, les nuisances sonores et olfactives, l'attitude et la tenue vestimentaire du personnel. Mais ils sont aussi utilisés pour les chapitres relatifs au chauffage, à la climatisation, à l'éclairage, aux services aux clients. Une fois passés tous ces critères, vous arrivez enfin aux critères physiques que doit remplir un hôtel selon sa catégorie et, notamment, les surfaces minima. Surfaces qui ont été augmentées d'un mètre carré : 9 m2 (hors salle de bains) pour une chambre de 2 personnes dans la catégorie 1 étoile et 10,50 m2 avec les sanitaires compris.

Le choix du Cofrac pour accréditer les cabinets d'audit
Le secrétaire d'État avait annoncé qu'Odit France, l'agence publique en charge du développement, serait chargée de sélectionner les cabinets compétents pour effectuer ces audits. Mais la direction du Tourisme préconise que ces cabinets ne soient pas choisis par Odit France, mais soient accrédités par le Cofrac, seul organisme au niveau national habilité à délivrer des accréditations. Odit France serait alors chargé de suivre le référentiel en le faisant évoluer, pour éviter de se retrouver dans la situation actuelle, d'un référentiel complètement dépassé.

Un coût des audits pouvant aller de 400 à 1 500 E
• Pour les visites de contrôle des établissements relevant de la catégorie 1 à 3 étoiles, le coût de cette visite est estimé entre 400 et 500 E hors taxes.
• Pour les établissements appartenant aux catégories 4 et 5 étoiles, le coût du contrôle est estimé entre 1 200 et 1 500 E HT.
• S'il s'agit de fourchettes préconisées, il est aussi recommandé de moduler ces tarifs en fonction du nombre de chambres de l'établissement. En résumé, utiliser un forfait standard selon la catégorie de l'établissement auquel s'ajouterait un supplément par chambre auditée.
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Pascale Carbillet zzz66c

Mécontentement du côté des organisations syndicales

Les représentants des organisations du secteur ont adressé un courrier commun à Hervé Novelli afin de lui faire part de leur désaccord. Dans ce courrier, ils envisagent d'inviter les hôteliers à renoncer au classement si ce projet est maintenu en l'état.

Jean-François Girault, président de la CPIH, président de la commission des critères physiques du groupe de travail mis en place pour réformer le référentiel des critères du classement des hôtels, ne décolère pas et juge ce contre-projet totalement scandaleux. "Depuis plus de un an, à raison d'une réunion par semaine, nous avons travaillé sur cette réforme des normes hôtelières. Nous proposions 5 catégories allant de la 1re à la 5e étoile, établies sur la base de 325 critères. On nous renvoie un texte qui rajoute 2 niveaux supplémentaires, standard et confort, à l'intérieur de chaque catégorie. D'un dossier consensuel, on nous rend un texte totalement imbuvable, devenu illisible. Si l'on veut avoir 2 % des établissements hôteliers qui soient classés, alors conservons ce texte !"

Pour Jacques Jond, président de la Fagiht, le texte qui vient d'être remis par la direction du Tourisme, remet totalement en cause le projet élaboré d'un commun accord entre tous les représentants de la profession. "Nous demandons au ministre de revoir sa copie. Plusieurs points fondamentaux ne nous conviennent pas. Notamment, le fait que les critères optionnels aient été réduits en nombre et en rôle. Ils ont moins d'importance que dans notre projet. Ce texte permet que 10 % des chambres ne soient pas conformes à la catégorie de l'hôtel. C'est un système que nous ne souhaitons pas.

Michelle Lepoutre, présidente de la commission juridique et fiscale, en charge du dossier pour le Synhorcat, est très dubitative face à ce projet qu'elle trouve compliqué et incompréhensible, tant par les clients que par les professionnels. Elle déplore une approche suspicieuse vis-à-vis des hôteliers, par exemple en précisant toujours l'obligation de fournir l'eau chaude et l'eau froide à toute heure. "Nous tenons a être associés à tous les stades de la procédure, c'est-à-dire à l'élaboration du référentiel, mais aussi au choix et à la sélection des organismes chargés du contrôle, à la rédaction du cahier des charges, à la gestion
des litiges, et à l'évolution du référentiel au cours du temps."

Christine Pujol, présidente de l'Umih : "On a reproché à notre proposition d'être une usine à gaz, mais cette nouvelle version est encore plus complexe. Nous-mêmes, professionnels, avons des difficultés à comprendre cette nouvelle version. Quant à ces "critères perceptibles" qui ont été introduits, comment vont-ils être mesurés ? Plus l'audit sera long et plus cela coûtera cher à l'hôtelier." Christine Pujol a fait part de la désapprobation unanime de la profession à Hervé Novelli qui, lui, a précisé vouloir rencontrer rapidement les représentants du secteur.

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L'Hôtellerie Restauration n° 3106 Hebdo 6 novembre 2008 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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