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![]() du 2 octobre 2008 |
SECRETS DE CHEF |
Le dimanche à Cordeillan-Bages, c'est l'heure du testing. Seize personnes dégustent les dernières créations. Thierry Marx leur pose une seule question : ressentez-vous de l'émotion ? Le chef vit pour et grâce à cette émotion.
Par Nadine Lemoine
Photos : Mathilde de l'ÉcotaisPhotos et recettes extraites des ouvrages 'Easy Marx' et 'Planète Marx', de Thierry Marx aux Éditions Minerva
Photo de une page 67 : Jeff Nalin
Portrait ci-dessus : Mathilde de L'Écotais
Recettes 'Easy Marx'
- Conception photographique : Mathilde de L'Écotais
- Conception graphique : Franck Secka
Recettes de 'Planète Marx' :
- Conception photographique et stylisme : Mathilde de L'Écotais
THIERRY MARX - CHÂTEAU CORDEILLAN-BAGES À PAUILLAC
En quête d' émotion
L'Hôtellerie Restauration
: S'il ne fallait retenir qu'un plat parmi vos créations ?
Thierry Marx
: Ce serait le Risotto de soja. C'est un plat très simple et une fusion entre
deux mondes. J'ai une passion pour l'Asie et quand c'est devenu un de mes plats
de référence, j'en ai été très heureux. C'est le public
qui l'a plébiscité. On ne peut plus le retirer de la carte. Aujourd'hui,
on le met en amuse-bouche.
Il y a aussi le Spaghetti de
ris de veau. Ça m'amuse beaucoup parce qu'on a mis des mois à mettre
au point cette sphère et, aujourd'hui, je le vois partout mais en demi-sphère.
J'avais trouvé l'idée dans l'un des concours des MOF où je me suis
lamentablement vautré. Paul Bocuse et Joël Robuchon avaient
proposé une Timbale de macaronis, un mets sublime, très technique. Quand
je suis sorti du concours, j'ai immédiatement pensé à ce que je
pourrais en faire. J'ai eu plaisir à le revisiter et la réussite de
ce plat issu de la tradition est d'autant plus importante pour moi que c'est une
oeuvre collégiale avec Jean-Luc Rochat, mon collaborateur direct, MOF,
pour qui j'ai beaucoup d'admiration.
Le plat que
vous auriez aimé inventer ?
Ce n'est pas un plat, c'est
la pâte à choux que j'aurais aimé inventer. D'abord parce que
c'est délicieux. Je trouve formidable le jeu de textures et de températures
qu'il y a dans un éclair au chocolat réussi.
Pâtissier
avant d'être cuisinier ?
Oui, j'ai commencé par
la pâtisserie avec les compagnons du devoir. C'est un métier que j'adore
et qui a énormément évolué. Pierre Hermé est quelqu'un
qui n'a jamais mis de frein à l'innovation. Il a fait avancer d'un pas de
géant la pâtisserie. Il y a l'avant et l'après-Hermé. J'ai
aussi beaucoup d'admiration pour Christophe Michalak. Son talent me laisse
pantois, des bases classiques, un talent fou et une impertinence dans la création.
Mon premier livre de cuisine,
c'est celui de Paul Bocuse, que j'ai gardé religieusement. En pâtisserie,
c'est le tome III d'Yves Thuriès, qui a amené toute la connaissance
du sucre, le visuel... Il a su faire véhiculer une image extrêmement
moderne de la pâtisserie.
Les recettes sont tirées de deux livres de Thierry Marx 'Easy Marx' et 'Planète Marx', aux Éditions Minerva. |
Recettes extraites de l'ouvrage
'easy MARX' |
Votre livre
culte ?
Je voue un culte au petit livre
i>La cuisine, pas que des recettes d'Alain Chapel, mon livre de chevet.
J'aurais aimé inventer cette formule. Tout est dit dans cette phrase.
|
Le repas le
plus éblouissant ?
Ça va paraître
bizarre, j'ai des anecdotes de cuisine mais pas de souvenirs de grands repas formatés
qui m'aient laissé un plaisir infini. La seule cuisine qui m'ait donné
de l'émotion et j'étais seul, c'était lors d'un repas préparé
par le chef Takaachi Yotey à Kyoto. J'ai mangé 16 plats au grammage
extrêmement précis, avec un jeu de textures et températures inouï
et là, j'ai pris un immense plaisir intellectuel parce que ça correspond
à mes recherches et à mes envies dans cette profession.
Une rencontre
décisive ?
Je venais de faire un stage
de cuisine sous vide chez Georges Pralus. Je n'avais pas d'argent pour payer
mon train de retour. Il m'a proposé de profiter de sa voiture car il montait
à Paris livrer une machine. On s'est arrêté chez Bernard Loiseau.
Une boule de passion, un souffle de liberté. Je lui ai demandé du travail.
Ce n'était pas possible. D'ailleurs, je n'avais pas les références
suffisantes pour intégrer cet univers. Bernard Loiseau m'a dit, "En revanche,
je te garde à dîner". Il nous a fait 6 ou 7 plats qu'il est venu
commenter à chaque fois. Je suis rentré à Paris en me disant :
"Si je dois pratiquer ce métier un jour, ce sera à ce niveau-là
et comme ça."
Deuxième grande chance : on livrait
une machine au Taillevent. Je rencontre Claude Deligne et Philippe Legendre.
La gentillesse, le talent et la grandeur d'un Claude Deligne qui a pris son téléphone
et m'a permis, par exemple, de rencontrer Joël Robuchon et de faire
un stage chez lui. Je venais de passer deux ans au Liban sur le théâtre
des opérations.
Ce qui vous
agace le plus ?
C'est le côté DJ
de certaines personnes qui essaient de surfer sur les tendances. "Il n'y a pas
de crise dans votre métier, il y a une crise d'identité", m'a dit
un jour un journaliste. C'est
vrai ! Il n'y a pas pire que quelqu'un qui veut faire la cuisine du voisin. C'est
une perte de temps. Il faut assumer ses erreurs, ses errances pour trouver sa voie.
J'ai assumé les miennes.
Certains ont fait de l'Escoffier un sarcophage.
Ça m'agace aussi, parce que c'est une bêtise ! C'est un trésor
de connaissances dont on peut s'inspirer. Regardez ce qu'il y a dedans ! Sachez
lire et utiliser cette connaissance afin de la transposer au XXIe siècle.
C'est d'une richesse infinie.
Le plus beau
compliment ?
Quand on me dit qu'on a eu de
l'émotion avec la cuisine que je fais. Révéler de l'émotion
au-delà du bon, c'est fort ! Bon, ça ne me suffit pas. Bon, c'est
normal, c'est la norme. Chez Inaki au Chateaubriand, j'ai eu de l'émotion.
J'aime sa cuisine spontanée. Chez Camdeborde aussi. Il m'a fait découvrir
des choses que je ne connaissais pas.
Le secret
de la réussite ?
Le travail. Un grand maître
d'aïkido disait : "C'est ta passion, fais-en ton métier." Alors
les heures, on ne les compte plus. Je n'ai jamais eu l'impression de travailler.
Je m'amuse. n
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Château Cordeillan-Bages
Route des Châteaux
33250 Pauillac
Tél. : 05 56 59 24 24
LES GRANDES DATES DE THIERRY MARX
1962
Naissance
à Paris XXe
1979
CAP
pâtissier-confiseur-glacier
CAP cuisine école hôtelière
Jean Drouant à Paris
1982-1983
Commis
de cuisine chez Ledoyen à paris
1983-1985
Commis
pâtissier chez Taillevent à Paris
1987
Chef
du restaurant Roc en Val de Tours (étoile Michelin en 1988)
1989
Finaliste
du concours Taittinger
1990-1995
Le Cheval Blanc à Nîmes (étoile Michelin en 1991)
1995
Duxton Hotel à Singapour
1996
Arrivée
au Château Cordeillan-Bages à Pauillac (Gironde) 1re
étoile Michelin
1999
2e
étoile Michelin
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L'Hôtellerie Restauration n° 3101 Hebdo 2 octobre 2008 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE
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