du 17 juillet 2008 |
L'ÉVÉNEMENT |
TOUS LES CIRCUITS DE VENTE CONCERNÉS
En 2009, on ne pourra plus servir ni vendre de l'alcool aux moins de 18 ans
Dans une interview donnée au
Journal du dimanche et en préliminaire au lancement de la campagne de
sensibilisation contre le 'binge drinking'*, Roselyne Bachelot, la
ministre de la Santé, persiste et signe : celle-ci va faire interdire la vente
d'alcool aux moins de 18 ans et ce dans un contexte égalitaire puisque tous les
circuits de vente seront concernés. Une fois n'est pas coutume : la profession
n'est seule à être visée par les pouvoirs publics. Cette mesure va s'inscrire
dans la loi Santé, patients, territoire, qui devrait être votée en 2009.
André Daguin, président de l'Umih, s'est dit favorable à "l'esprit de la
mesure", tout en appelant à la prudence, car pour lui, le contrôle des
mineurs risque d'être compliqué. "Nous ne pouvons nous soustraire à cette
lutte contre l'alcool car notre métier, c'est de servir de l'alcool et nous
voulons continuer à l'exercer dans les meilleures conditions pour nos clients",
a-t-il encore déclaré. En mettant en place le permis d'exploitation, la
profession s'est d'ailleurs donné de nouvelles contraintes dans ce domaine.
Roselyne Bachelot souhaite également la fin des open bars.
Actuellement, pour le secteur, la
législation prévoit que :
• Article L3342-1 : Dans les débits de boissons et tous commerces ou
lieux publics, il est interdit de vendre ou d'offrir à titre gratuit à des
mineurs de moins de 16 ans des boissons alcooliques à consommer sur place ou à
emporter.
• Article L3342-2 : Il est interdit, dans les débits de boissons
et autres lieux publics et à quelque jour ou heure que ce soit, de vendre ou
d'offrir à titre gratuit à des mineurs de plus de 16 ans, pour être consommées
sur place, des boissons du troisième, du quatrième ou du cinquième groupe.
• Article L3342-3 : Il est interdit
de recevoir dans les débits de boissons des mineurs de moins de 16 ans qui ne
sont pas accompagnés de leur père, mère, tuteur ou toute autre personne de plus
de 18 ans en ayant la charge ou la surveillance. Toutefois, les mineurs de plus
de 13 ans, même non accompagnés, peuvent être reçus dans les débits de boissons
assortis d'une licence de première catégorie.
Sylvie Soubes
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* ou 'jeu de la défonce'
"Êtes vous favorable à l'interdiction de la vente d'alcool aux mineurs de moins de 18 ans ?"
Quelques réactions
"Protéger la jeunesse" Roger Sengel, président du groupement des hôteliers, restaurateurs et débitants de boissons, Umih 67 : "Bien entendu, je suis pour cette interdiction. Nous devons protéger la jeunesse des méfaits de l'alcool. Certains jeunes de moins de 18 ans conduisent sans permis, alors quand ils ont bu, c'est pire encore. Et puis l'alcool n'est pas dangereux que sur la route. C'est une proposition que je soutiens sans réserve."
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"85 % de l'alcool est vendu par les grandes
surfaces" Joël Giraudeau, président de l'Umih 85 : "Oui. La difficulté sera de reconnaître les mineurs bien sûr. Mais l'alcool n'est pas un produit neutre, d'autant plus que les jeunes ont souvent des engins motorisés. Ils pourront en consommer par le truchement d'un adulte, mais ça sera sous la responsabilité de celui-ci. Ce sont les excès qui sont mauvais, pas une consommation modérée : on peut concevoir qu'un jeune boive une coupe de champagne, par exemple dans un cadre familial. Aujourd'hui, un gérant de débit de boissons est toujours tenu pour responsable en cas d'excès d'un client, mais on sait bien que 85 % de l'alcool est vendu par les grandes surfaces. Pourquoi la responsabilité du gérant de bar serait-elle supérieure à celle des gérants de grandes surfaces ? Cette mesure serait égalitaire." |
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"C'est déjà la loi" Thierry Dupré, président de l'Umih 80 "On nous sort toujours des vieux trucs, mais l'interdiction de la vente d'alcool aux moins de 18 ans dans les bars et cafés, c'est déjà la loi depuis l'abaissement de la majorité de 21 à 18 ans, en 1975. Est-ce qu'on met en avant nos établissements pour mieux faire passer la réforme auprès des épiceries et supermarchés ?" |
"Ce n'est pas vraiment le fond du problème"r> PiPierre Dhotel, vice-président Umih 71, président cafés-brasseries-discothèquesr> "Oui c'est une bonne chose, mais ce n'est pas vraiment le fond du problème. S'il faut limiter la consommation excessive d'alcool chez les jeunes, ce ne sont pas nos établissements qu'il faut réglementer en premier lieu, mais plutôt les commerces et grandes surfaces. Car ce n'est pas chez nous qu'ils en consomment le plus. S'il est vrai que certains bars éloignés des centres urbains ne jouent pas le jeu par souci de rentabilité et distribuent de l'alcool sans mesure, dans l'ensemble, la profession se comporte de façon responsable."
Complément d'article 090p5
Yves Larrouture
président de l’Umih Béarn et Soule
“Pour nous, cette loi ne va pas changer grand-chose : d’une manière générale,
notre activité est réglementée depuis Napoléon et, pour la vente aux mineurs,
nous avons toujours été vigilants. Ce qui évolue de manière positive, c’est que
les autres points de vente d’alcool, telle la grande distribution, devraient eux
aussi être concernés et ne pourront plus vendre aux moins de 18 ans. Reste la
vérification de l’âge dans les cafés situés autour des lycées qui sera plus
difficile à appliquer. En milieu rural, c’est plus aisé car nous connaissons
mieux la clientèle. Enfin, dans notre région frontalière, les jeunes vont
souvent en groupe acheter dans les ventas (NDLR : des magasins aux postes
frontière avec l’Espagne où les prix des alcools, tabac et parfums sont
inférieurs parfois de moitié aux prix français) et les patrons d’établissements
de nuit, en particulier, vont quand même devoir poursuivre leur vigilance et
leurs efforts lors des campagnes de prévention.”
Roland Héguy
président de l’Umih Pays basque
“Nous étions assez favorables à un tel texte, car il aide à rétablir une vérité
: tous types d’établissements confondus, nous ne vendons que 15 % d’alcool. Ceux
qui vendent les autres 85 % seront sur le même plan. Tout cela va donner une
meilleure image de la profession, notamment des cafetiers ,et nous ne serons
plus autant montrés du doigt. Car il faut aussi que l’on se rende compte des
évolutions de la consommation chez les jeunes. De plus en plus souvent, ils
arrivent sur les lieux de fête avec leur boisson. Ainsi, j’ai joué au rugby et
vécu des centaines de troisièmes mi-temps : personne ne venait avec sa
bouteille. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Autre exemple : aux fêtes de
Bayonne (les plus importantes de France), on voit des jeunes arriver avec leur
flacon d’alcool ou avec un sac à dos-réservoir muni d’une pipette (comme celui
des sportifs) pour consommer des alcools plus ou moins forts en permanence. On
saura, avec cette loi, qu’en cas de problème, ce ne sont pas les cafetiers
bayonnais qui ont vendu de l’alcool, mais d’autres distributeurs.”
zzz74v
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