du 19 juin 2008 |
VIE PROFESSIONNELLE |
RENCONTRE AVEC LE PRÉSIDENT DE L'UMIH RÉUNION
"Notre objectif est d'accueillir un million de touristes à l'horizon 2020"
L'assemblée générale de l'Umih Réunion s'est tenue le 30 mai. L'occasion pour Pasqual Porcel de passer la main à Philippe Doki-Thonon, nouvellement élu à la tête du syndicat. Les préoccupations ne manquent pas : reprise du tourisme, lutte contre le travail illégal, formation… Entretien.
Propos recueillis par Michel André#233;é
Établissement 4étoiles de standing international, le Palm Hotel a ouvert ses portes en avril 2007. Situé dans le sud sauvage, il est parfaitement intégré dans son environnement. |
L'Hôtellerie
Restauration : Pourquoi avoir
repris les rênes de l'Umih ?
Philippe Doki-Thonon
: J'ai la fibre syndicaliste. Entre 1989 et 1990, puis sur la période 2000-2006,
j'avais dirigé l'Umih Réunion. Je suis également secrétaire
du bureau du Medef et président de la Caisse générale de Sécurité
sociale. En termes d'organisation, l'Umih s'occupe de la partie prestations des
entreprises et des relations avec les administrations, les clubs se chargeant de
promouvoir la profession.
Quels sont les axes de travail prioritaires
?
Il y a beaucoup à faire pour
défendre la profession. Les sujets ne manquent pas : la reprise du tourisme,
la loi-programme, la lutte contre le travail illégal et l'unité de la
profession.
Vous faites allusion à la scission avec l'Union
des hôteliers de La Réunion* ?
Cette scission a été aussi inutile que
préjudiciable, elle a fait du tort à tout le monde, personne n'en est
sorti gagnant ! Plus on est dispersé, moins on a de poids vis-à-vis
de l'extérieur. On l'a constaté avec la crise du chikungunya, qui a particulièrement
touché les entreprises de tourisme. L'objectif est de renouer le contact pour
avoir une union des métiers. Les négociations seront certainement longues,
mais je pense que nous pouvons nous entendre…
La loi-programme pour l'outre-mer (Lopom) est-elle
un enjeu important ?
La Lopom prévoit notamment de créer
des zones franches globales (ZFG). Nous y sommes favorables, mais il faut déterminer
ce que l'on peut y mettre, concernant le tourisme. Des négociations sont en
cours pour définir le périmètre de ces ZFG. La Lopom prévoit
également la défiscalisation pour les investissements hôteliers
et des exonérations de charges sociales. Mais le Gouvernement veut baisser
le taux d'exonération des charges, de 150 % du Smic à 140 %, quelle
que soit la taille des entreprises. Pour encourager l'emploi, il faut augmenter
le taux d'exonération et une différenciation selon la taille des entreprises.
Par ailleurs, la Lopom entend permettre à l'exploitant de défiscaliser
les travaux de rénovation d'hôtels classés, à condition que
ceux-ci totalisent moins de 60 chambres **. Ce dispositif doit être élargi
à l'ensemble des structures hôtelières.
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Comment se porte le secteur touristique ?
Avec
325 millions d'euros de recettes, le tourisme est le premier produit export. La
reprise est significative depuis fin 2007-début 2008. Les chiffres de fréquentation
sont bons. Mais nous n'avons pas encore atteint le niveau de 2005, avant le chikungunya.
En 2007, plus de 380 000 touristes ont été accueillis : + 36,5 % par rapport
à 2006. Une croissance alimentée par le tourisme d'affaires (+ 10,5 %)
et affinitaire (+ 37,11 %). Le principal réservoir de clientèle reste
le marché métropolitain, avec plus de 280 000 touristes. Plus de 103 000
visiteurs ont opté pour un séjour en hôtel (+ 37 %).
Quelle stratégie préconisez-vous
?
La destination Réunion a un réel
potentiel. L'objectif est d'accueillir un million de touristes à l'horizon
2020. Encore faudrait-il disposer d'une capacité hôtelière suffisante.
Elle s'élève actuellement à 6 000 lits. Il en faudrait 15 000 pour
être lisible sur le plan international ! L'hôtellerie indépendante
doit se moderniser. En outre, il faut une offre de classe internationale. Il y a
en effet un déficit d'hôtels 4 étoiles. Mais le haut de gamme ne
passe pas nécessairement par des établissements très gros. Plutôt
par des structures de 30 ou 40 chambres, intégrées dans leur environnement
et dotées de tous les services adéquats. Une nouvelle structure de promotion
touristique a
été mise
en place début 2008, l'IRT [Île de La Réunion Tourisme]. Au conseil
d'administration, l'Umih dispose de 3 sièges. Globalement, les professionnels
(10 sur 26 membres) sont mieux représentés dans leur diversité…
Quels sont les autres chevaux de bataille de
l'Umih Réunion ?
La formation. Nous avons créé en 2007
une structure d'ingénierie de formation, dénommée Blue, vouée
à la formation continue de nos adhérents. D'ici à 2009, une école
de chefs (Epicure) verra le jour dans le sud de l'île pour former les chefs
en place. Enfin, nous allons prochainement mettre en place une charte de lutte contre
le travail illégal. Nous réfléchissons à des outils qui pourraient
différencier auprès du grand public les restaurants déclarant tous
leurs salariés de ceux qui recourent au travail illégal.
Un mot sur la Fête de la cuisine
?
Nous avons fêté la 12e
édition le 29 mai, en coopération avec l'IRT. Plus de 60 restaurants ont
proposé un menu à moitié prix, soit 65 % des établissements
de l'île. L'objectif est de valoriser notre secteur (10 000 emplois) et la
richesse de la cuisine réunionnaise. zzz74v
* Le club de la grande hôtellerie a quitté l'Umih en
2006 pour créer l'Union des hôteliers de La Réunion (UHR).
** La Lopom précédente offrait cette possibilité
uniquement aux propriétaires.
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L'Hôtellerie Restauration n° 3086 Hebdo 19 juin 2008 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE