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![]() du 15 mai 2008 |
L'ÉVÉNEMENT |
ILS ONT MANIFESTÉ DEVANT L'ASSEMBLÉE NATIONALE
Avec ou sans OGM : les restaurateurs veulent avoir le choix des produits
Des professionnels de la restauration ont participé à la marche organisée mardi 13 mai devant l'Hémicycle pour dénoncer le projet de loi sur les organismes génétiquement modifiés.
![]() De gauche à droite : Dany Deleval, présidente de l'Umih Nord, David Zuddas, président de Générations.C et restaurateur à Prenois (21), Delphine Carrasco, Éric Guérin, La Mare aux Oiseaux à Saint-Joachim (45), Philippe Villalon président de la FNRF, Jean Terlon président de l'Umih Essonne, Patrice Gelbart, Aux Berges de Cérou à Salles (81) et Flora Mikula, Les Saveurs de Flora à Paris. |
Avant l'accueil et le service, les consommateurs français demandent la sécurité alimentaire", a témoigné Philippe Villalon, mardi après-midi, devant les murs de l'Assemblée Nationale. Pourtant, ce n'était pas en tant que président de la Fédération nationale des restaurateurs de France (Umih) qu'il participait à la manifestation organisée par Greenpeace pour "la liberté et le droit de produire et de consommer sans OGM", mais à titre "personnel". Le débat est "compliqué", reconnaît-il. La profession n'a d'ailleurs pas pris position officiellement sur ce sujet, même si des voix se sont fait entendre ici et là comme celles de Jean Terlon, chef-restaurateur à Longjumeau (91) et président de l'Umih Essonne, et de Régis Marcon (lire L'Hôtellerie Restauration du 24 avril 2008 n° 3078). Ou de Générations.C, qui a colancé 'l'Appel des cuisiniers et des vignerons'. Pour Philippe Villalon, il s'agit d'abord d'un principe de précaution et de bon sens. "Ce que nous réclamons, en tant que manifestants, c'est qu'il n'y ait pas de cultures OGM en plein champ qui mettent évidemment en péril les AOC, les Label Rouge et les cultures bio. D'autre part, nous estimons que le seuil de contamination autorisé ne doit pas dépasser 0,1 % alors que Bruxelles prévoit un seuil à 0,9 % qui nous paraît beaucoup trop élevé compte tenu du peu de connaissances que nous avons de ces produits."
Être intransigeants
À leurs côtés
dans un cortège qui s'est voulu pacifique, Dany Deleval, présidente
de l'Umih Nord et des membres de Générations.C. "On ne veut pas se
positionner scientifiquement ou politiquement, explique David Zuddas,
président de l'association Générations.C. Nous sommes en bout
de chaîne et nous revendiquons la possibilité de choisir." Dans son
établissement de Prenois, David Zuddas travaille pas mal de produits bio :
"Ça correspond à une philosophie. Vous savez, je n'ai pas envie
qu'on me dise dans vingt ans qu'on aura participé à l'empoisonnement
de personnes. On a connu assez de contaminations comme ça. Là-dessus,
nous devons être intransigeants et ce n'est pas de l'intégrisme. La cuisine
est un des derniers terrains d'expression libre. Le choix des produits est essentiel."
Mardi en fin de journée, coup de théâtre dans l'Hémicycle.
À une voix près, la motion de procédure présentée par
le député communiste André Chassagne (Puy-de-Dôme) est
adoptée et contraint le gouvernement à revoir sa copie. Le projet de
loi est repoussé. Alors que nous mettons sous presse, le Premier ministre François
Fillon a demandé à ce qu'une commission mixte paritaire se réunisse
pour remettre le projet de loi sur les rails. Pour Jean Terlon, ce "rebondissement"
est d'ordre politique et ne doit pas faire oublier l'essentiel : "Le maintien
de l'amendement 252 qui prévoit que la mise en culture, la commercialisation
et l'utilisation ne peuvent se faire que dans le respect des structures agricoles,
des écosystèmes locaux et des filières de production et commerciales
qualifiées sans OGM." À bon entendeur.
Sylvie
Soubes zzz16 zzz74v
Complément d'article 3081p2
L’Appel des cuisiniers et des vignerons
Dans le débat sur les OGM, beaucoup de voix se
sont fait entendre, rarement celle des cuisiniers et des vignerons. Nous sommes
pourtant concernés au premier chef par l’introduction des OGM de plein champs
dans l’agriculture.
Nous n’avons ni vocation ni compétences pour trancher un débat scientifique sur
la sécurité sanitaire des aliments OGM. Les études conduites à ce jour restent
contradictoires et insuffisantes sur la durée.
C’est pourquoi, à l’image du gouvernement pour le maïs 810, nous défendons le
principe de précaution : pas d’OGM à nos tables et dans nos caves dans l’état
actuel des connaissances.
Les produits de la terre sont la base de notre métier et le socle de notre gastronomie. Nous avons la chance de disposer de terroirs et de produits d’une qualité et d’une variété exceptionnelles. Nous avons la liberté de choisir ceux qui nous plaisent pour nos vins et nos plats. C’est un droit fondamental que celui de choisir le contenu de son verre et de son assiette.
Cette liberté et ce choix sont aujourd’hui menacés par les OGM et leurs conséquences inéluctables : industrialisation et standardisation de l’agriculture, dégradation et pollution des sols, uniformisation des semences et des goûts, atteintes à la biodiversité et menaces sur l’agriculture biologique.
Accepter les OGM, c’est scier la branche sur laquelle nous sommes assis et condamner à terme, ces petits producteurs qui nous offrent chaque jour diversité et qualité dans le respect de la terre.
La coexistence entre cultures OGM et non OGM est une illusion. Plus les premières se développeront, plus les risques de contamination des secondes se multiplieront. Aucune loi ne peut réglementer le sens des vents ou le vol des abeilles, principaux vecteurs de la dissémination.
La France est le pays qui a inventé les Appellations d’Origine Contrôlée (AOC), nous ne voulons pas qu’il devienne celui des Appellations d’Origine Contaminée.
C’est pourquoi, Mesdames et Messieurs les
députés, nous vous demandons de maintenir l’amendement 252 selon lequel les OGM
« ne peuvent être cultivés, commercialisés ou utilisés que dans le respect de
l'environnement et de la santé publique, des structures agricoles, des
écosystèmes locaux et des filières commerciales qualifiées «sans organisme
génétiquement modifié».
C’est aussi l’avenir de notre cuisine et de notre vignoble qui est en jeu.
Cet appel a été lancé à l’initiative des 80 chefs de Générations. C par la voix de son bureau (David Zuddas, Cédric Denaux, Éric Guérin, Laurent Trochain) et les 120 vignerons de La Dive Bouteille (Champagne Selosse, Antoine Arena, Marcel Richaud, etc. ). Ils ont été rejoints par de nombreux cuisiniers : Olivier Roellinger, Michel & Sébastien Bras, Alain Passard, Michel Troisgros, Marc Veyrat, Franck Cerutti, Pascal Barbot, Régis & Jacques Marcon, Jean-Michel Lorain, Patrick Henriroux et bien d’autres. L’appel est également soutenu par l’association Terre et Vins du Monde présidée par Alain Graillot qui regroupe 400 domaines dont la Romanée-Conti, Les Comtes Lafon, Anne-Claude Leflaive, Jean-Louis Chave, Beaucastel, Trévallon, Nicolas Joly, Zind-Humbrecht, Pichon-Longueville, Smith-Haut-Lafitte etc.
La liste des signataires est disponible sur le site : generationspointc.com/tribuneogm
Contacts :
Pour les cuisiniers :
sdelaveaucoupet@orange.fr
Pour les vignerons :
sylaugereau@wanadoo.fr
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L'Hôtellerie Restauration n° 3081 Hebdo 15 mai 2008 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE