du 18 octobre 2007 |
VIE PROFESSIONNELLE |
À LA VEILLE DE LA VISITE D'ANDRÉ DAGUIN
LA RÉUNION EN QUÊTE D'UN TOURISME DIFFÉRENT
André Daguin se rendra la semaine prochaine sur l'île de La Réunion. Un programme chargé l'attend sur ce territoire qui se relève difficilement après la crise du chikungunya en 2006 et le passage du cyclone Gamède en février dernier. Le président national de l'Umih doit rencontrer des professionnels mais aussi des jeunes réunionnais intéressés par les métiers du circuit de l'hôtellerie-restauration. Il reviendra également sur l'ambitieux mais réaliste plan de relance développé par l'Umih 97.
L'île de La Réunion s'adresse aux amateurs de montagne avec trois magnifiques cirques, dont celui de Mafate, ici, en photo. |
Pasqual Porcel, président de l'Umih La Réunion et gérant de la société Kréotel (société d'ingénierie touristique et hôtelière), défend un plan d'action audacieux développé par le syndicat en faveur du tourisme sur l'île de La Réunion. Il souhaite également qu'une meilleure lisibilité du parc hôtelier soit programmée. Ainsi, il prône la mise en place d'un code couleur en fonction du type d'établissement. | Pour Philippe Doki-Thonon, chef renommé installé à Saint-Denis de La Réunion, également vice-président et homme fort du syndicat, l'île doit participer aux salons nationaux et internationaux du tourisme. Il était d'ailleurs présent à Paris, porte de Versailles, à l'occasion du dernier salon de la plongée. Un moment festif, entre beauté des fonds sous-marins et gourmandise. Des spécialités réunionnaises étaient à la carte du restaurant du salon. |
Plus de 400 tournants sur 37,7 kilomètres. Par endroit, un tunnel, où ne peut s'engager qu'un seul véhicule à la fois. La marche de manoeuvre pour le bus qui fait la liaison avec Saint-Louis se limite à dix centimètres de part et d'autre des rétroviseurs. Il y a une cinquantaine d'années, c'est à pied ou à chaise à porteurs qu'on rejoignait les thermes de Cilaos. Les seuls de l'océan Indien. Désormais, il faut compter une heure et demie par cette route, unique accès, taillée dans les méandres du cirque. Pour beaucoup, c'est la plus belle de l'île. Une végétation abondante recouvre les hautes falaises et les redoutables à-pics qui l'encadrent. La nationale 5 se faufile dans la démesure, traversant un territoire à peine griffé par l'homme où s'ébattent des paille-en-queue, des pétrels de Barau et autres oiseaux. Quelque 1 200 mètres plus haut, elle s'arrête tout net dans la rue principale de Cilaos. Peu avant la première boutique spécialisée dans l'équipement de montagne se dresse Le Tsilaosa. C'est le second hôtel de Nono Dijoux dans cette commune jumelée avec Chamonix. Il a créé sa première affaire en 1987, Le Vieux Cep, tenu aujourd'hui par sa fille Jackie. Deux établissements de charme, dont le plus ancien avec restaurant et piscine ouvrant sur la nature. La clientèle ? Des amateurs d'émotions fortes principalement, entre sports de cordes et randonnées de haut niveau. Le parcours de Fleur jaune, par exemple, vous lâche en rappel à 55 mètres. Deux autres spécialités font la renommée du lieu : les lentilles - les meilleures du monde, revendique-t-on - et le seul vignoble de l'île, baptisé vin de Cilaos.
Une épidémie et
un cyclone
En janvier, Nono Dijoux
faisait le point sur la terrible année 2006, à jamais marquée par
la "médiatisation excessive" du chikungunya. "On a perdu 50 % de
chiffre d'affaires du jour au lendemain. Il y a des semaines où nous n'avions
plus de clients alors qu'il n'y a jamais eu de moustiques à cette altitude."
Un mois plus tard, en février dernier, nouveau coup du sort : le cyclone Gamède
s'abat sur Saint-Pierre, Saint-Louis, Saint-Leu… Il balaye sur son passage
une partie des infrastructures routières. Le centre de l'île est coupé
du monde. Sur la côte
sud-ouest, la houle australe emporte les terrasses des restaurants. Une nouvelle
catastrophe qui intervient dans un contexte de grande difficulté. Pourtant,
le patron du Tsilaosa veut encore croire dans l'avenir, et de citer le plan de relance
défendu par L'Umih La Réunion.
"L'effondrement du marché est tel qu'il faut tout revoir, tout repenser.
Évoquer l'île au travers de la beauté de ses paysages ne suffit
plus. Nous devons restructurer l'offre et apporter des réponses spécifiques
aux professionnels réunionnais qui subissent de plein fouet aussi la concurrence
particulièrement
agressive de l'île Maurice", martèle Pasqual Porcel, président
de l'Umih La Réunion. "Là-bas, ils ont aussi eu le chik et les touristes
ont pourtant continué de s'y rendre", s'énervent d'ailleurs plusieurs
professionnels interrogés sur ce sujet.
Les cases créoles offrent également des circuits culturels gorgés de souvenirs et de richesse. Cette case se trouve à Salazie, paisible et coquet village niché au centre de l'île. |
Autre atout naturel : les plages du sud-ouest, pour les fans de farniente. |
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Un taux d'occupation en baisse
de 50 %
Pasqual Porcel et son vice-président
Philippe Doki-Thonon refusent désormais les promesses et les discours
stériles. "Nos professionnels ont besoin de concret", vitupèrent
de concert ces deux responsables syndicaux. La réflexion, entamée l'an
dernier, est profonde. Dans un rapport présenté devant le Medef, le syndicat
pose la question qui fâche : "L'industrie hôtelière a-t-elle
un avenir à l'île de La Réunion ?". Sur un ton volontairement
provocateur, le syndicat se concentre alors sur les ravages du chik. Pasqual Porcel
interpelle les pouvoirs publics sur des
travaux de vaccinations possibles. Quant aux répercussions sur l'économie
du secteur, les chutes de fréquentation déplorées par Nono Dijoux
sont générales. Le Club de l'hôtellerie créole affiche une
baisse de 50 % de son taux d'occupation, et, dans les régions côtières,
les restaurants de plage ont vu leur chiffre d'affaires baisser de 60 %. "L'ensemble
des hôtels du club de la grande hôtellerie perd en moyenne cumulée
6,50 euros sur le prix moyen de la chambre hors taxes et hors petit déjeuner
par rapport à l'exercice 2005." Les établissements habitués
des tour-opérateurs accusent un recul de 55 %.
L'Umih 97 déclenche un
plan de relance
En 2007, alors que Gamède
aurait pu sonner le glas, un seul mot d'ordre donc pour l'Umih 97 : la mise en action
de son plan de relance. Celui-ci couvre plusieurs aspects. Il réclame aux instances touristiques le recrutement d'un personnel
d'animation et de conseil. Les objectifs : formaliser un réseau entre les hôteliers,
les guides, les prestataires et les voyagistes, assurer une visibilité et une
présence dans 14 grands salons nationaux et internationaux, former le personnel
hôtelier aux réservations en ligne. L'Umih La Réunion souhaite également
une formation des dirigeants d'hôtel. Pasqual Porcel parle d'une nécessaire
dynamisation des ressources humaines et de pistes nouvelles comme le tourisme seniors,
tourisme et handicap, l'apprentissage des langues étrangères… Il
faut aussi, à la demande des clubs, effectuer des business plans individualisés
par entreprise, une mise en place des outils de production aux normes choisies…
"Pour nous différencier des autres destinations, nous devons aussi affirmer
une identité construite autour d'un métissage réussi", ajoute Pasqual Porcel. La Réunion, pour l'Umih
97, ce doit être "des hommes et une île, une prestation de services
créole de qualité, une culture omniprésente de l'histoire, des senteurs
et saveurs, des événements récurrents…".
Certes, l'amélioration des conditions de
travail des salariés fait partie du jeu. Parmi les solutions avancées
: l'élargissement de l'éligibilité des biens défiscalisables
dans les programmes hôteliers et de restauration classés aux constructions
de logements du personnel. Dernier grand chapitre : une vraie 'définition des
produits'. La liste est d'autant plus judicieuse qu'elle s'étend au-delà
des zones habituelles de tourisme et identifie de nouveaux pôles d'intérêts
autour de la vanille, des plantes médicinales, du rhum, de la cuisine d'hier
et d'aujourd'hui.
Dans ce contexte à la fois de
grande détresse et de grands projets, la visite d'André Daguin*, qui a créé, lorsqu'il était
à la tête de la chambre de commerce et d'industrie du Gers, une passerelle
importante avec les acteurs de l'agriculture réunionnaise, est attendue avec
impatience. Ce déplacement correspond aussi aux 'Journées professionnelles
de présentation et de valorisation des métiers de l'industrie hôtelières'
organisées en partenariat avec l'université, le rectorat, la région,
l'ANT, l'Assedic-Unedic, les établissement de formation, l'ANPE et, bien sûr,
l'Umih 97.
Sylvie Soubes
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*André Daguin sera entouré d'une délégation composée, entre autres, de Jacques Pourcel, Jean-François Serazin, président des saisonniers, de Jean-Marc Le Carour, président de la région Umih Bretagne et porteur du projet du permis d'exploitation, et de Guy Lormand, président de Symboles de France, chaîne volontaire.
L'Umih
97 pratique Le syndicat Umih La Réunion a vingt ans. Organisé en six clubs, il regroupe plus de 300 adhérents dont une centaine d'étudiants et d'enseignants professionnels et universitaires de l'IUP Tourisme : Club de l'hôtellerie réunionnaise, Club de l'hôtellerie créole, familiale et indépendante, Club de la restauration, Club des bars, brasseries, discothèques et casinos, Cercle des épicuriens de La Réunion et Association des IUPiens de Mascareignes. Bureaux au Centhor, 1 route de l'Éperon, BP 6, 97435 Saint-Gilles-Les-Hauts - Tél. : 02 62 55 37 30 L'île de La Réunion, repères L'île se trouve à 9 200 km de Paris dans l'océan
Indien. |
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L'Hôtellerie Restauration n° 3051 Hebdo 18 octobre 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE