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![]() du 10 mai 2007 |
HÔTELS |
ÉTUDE EXCLUSIVE DU CABINET COACH OMNIUM
DÉVELOPPEMENT DES CHAÎNES INTÉGRÉES EN PANNE SÈCHE DANS L'HEXAGONE
Le parc des chaînes hôtelières intégrées a augmenté de 11 établissements seulement - solde - durant l'année 2006 en France. Accor et Louvre Hôtels regroupent à deux plus de 70 % du nombre d'hôtels affiliés à des réseaux intégrés. Parallèlement, les fonds d'investissements continuent d'accentuer leur présence sur le territoire français. Quant aux phénomènes de concentration, ils reprennent de plus belle.
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Parmi les faits qui ont marqué le paysage hôtelier français, on note le lancement de All Seasons par le directeur général d'Accor, Gilles Pélisson. |
Les
chaînes hôtelières intégrées implantées en France
se portent plutôt pas mal. En tout cas en termes d'activité. En témoignent
les quelque 54 millions de chambres louées en 2006 conduisant à un taux
d'occupation - toutes catégories d'hôtels confondues - de 67,7 % (+ 0,6 point)
et à un RevPAR en hausse de 6 % à 49,10 euros. De quoi être
satisfait ! N'empêche. Derrière ce 'bel arbre' se cache une autre forêt.
C'est la première fois, effectivement, qu'au cours des 16 dernières années,
le cabinet Coach Omnium constate un ralentissement aussi important du développement
des réseaux dits intégrés à travers l'Hexagone. De fait, le
parc des chaînes intégrées français - 2 989 hôtels
représentant 237 951 chambres - s'est enrichi de tout juste 11 établissements
(solde positif) en 2006 soit 1 307 chambres. Jamais les chaînes hôtelières
intégrées, depuis leur apparition sur territoire en 1964, n'avaient affilié
aussi peu de membres !
Il n'en demeure pas moins vrai que
certaines enseignes ont enregistré une croissance plus soutenue que d'autres.
Parmi les meilleurs développeurs figurent ainsi Etap Hotel qui a augmenté
son parc de 13 exploitations portant son portefeuille d'hôtels à 258
au 1er janvier 2007 contre 245 un an auparavant. Arrive en seconde position
la marque Ibis avec 7 nouveaux affiliés, suivie de B&B avec 6 nouvelles
unités. Si l'on compare ces rythmes à ceux constatés par le passé,
il n'y a vraiment pas de quoi crier victoire. Reste à savoir quelles sont
les raisons pouvant expliquer cette 'panne sèche' en matière de développement.
En fait, il n'y a là rien que des événements très prévisibles.
Raréfaction des terrains
et des franchisés de qualité
D'une part, le marché
hôtelier français est arrivé depuis plusieurs années à
maturité. Cela se traduit notamment par une forte raréfaction des terrains
disponibles et à un prix raisonnable pour que les chaînes puissent
respecter leur modèle économique. Parallèlement, les candidats à
la franchise - dotés d'hôtels de qualité, suffisamment grand - sont
eux aussi de moins en moins faciles à trouver.
Contrairement aux idées
reçues, l'argent ne manque toutefois pas pour financer de nouveaux hôtels
ou pour acheter ceux existants. Au contraire. Les investisseurs font d'ailleurs
la queue devant les services franchise des grands noms du secteur hôtelier.
En outre, si le passage devant les
CDEC
ralentit la croissance, la procédure n'est en rien responsable de la baisse
sensible des affiliations et ouvertures d'hôtels de chaînes intégrées.
L'an passé, près de 180 projets ont été examinés par les
CDEC (chaînes et indépendants) et seulement une petite dizaine a été
refusée.
Alors ? Comment la situation va-t-elle évoluer
dans les années à venir ? "Il existe un petit espoir, au sein de
plusieurs enseignes qui grandissent par le biais de la franchise. Un grand nombre
de franchisés de chaînes concurrentes voient leur contrat arriver bientôt
à terme. Peut-être ces derniers seront-ils motivés pour changer
de réseau", souligne le p.-d.g. de Coach Omnium, Mark Watkins. Et de poursuivre :
"Il ne s'agira cependant alors que de transferts inter-chaînes. Cela n'engendrera
pas un véritable accroissement des effectifs globaux."
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B&B - propriété d'Eurazéo - a racheté Villages Hôtel. |
32 enseignes ont disparu en
15 ans
Dans un même temps
paradoxalement, la part des chaînes hôtelières empiète sur
l'hôtellerie indépendante. Avec 2 989 adresses pour 237 951 chambres,
les réseaux intégrés représentent 17 % du nombre d'hôtels
et 39,8 % des chambres de l'ensemble du parc hôtelier classé français
contre 13 % et 35 % en 2000. Cependant, cette augmentation résulte moins de
la progression des chaînes que du fléchissement du nombre d'hôtels
indépendants. 1 560 établissements ont quitté les rangs de l'offre
hôtelière classée depuis 1994. Rien que durant l'exercice 2006,
296 établissements sont sortis du classement. Fermetures, fusions, déclassements,
transformations en logements… les raisons sont multiples pour expliquer cette
nouvelle donne.
En attendant, si le nombre d'hôtels
évolue désormais peu, on assiste à des rachats de réseaux
et même à une disparition programmée d'enseignes. C'est le cas
par exemple de Villages Hôtel reprise par le groupe Galaxie/B&B Hotels
qui va être abandonnée. Tout comme
la mort annoncée des Jardins de Paris. "En 15 ans, nous avons recensé
la mort de 32 noms d'enseignes de chaînes hôtelières intégrées,
rien qu'en France", note Mark Watkins. En réalité comme d'autres secteurs
de l'économie, l'hôtellerie n'échappe pas à la règle
des concentrations et aux jeux des fusions, absorptions et des reprises. Voilà
5 ans environ que ce phénomène s'était calmé. Il est reparti
de plus belle actuellement s'accompagnant de l'arrivée massive des fonds d'investissement.
Montée en puissance des
fonds d'investissement
À ce jour, pratiquement
tous les groupes hôteliers sont détenus par ces fonds ou sous leur influence.
C'est le cas de Louvre Hotels, Accor, B&B Hotels, Balladins, etc. Même
Balladins est tombé dans l'escarcelle d'un nouveau venu sur le secteur hôtelier :
CBRE Investors. Après avoir acquis la petite chaîne Géo Hotels,
celui-ci s'est attaqué à la reprise du réseau Balladins (130 franchisés
et 29 filiales). Il a continué à faire ses emplettes sur le marché
reprenant ensuite la Soghest (9 unités). Il s'intéresse désormais
à d'autres petits réseaux tels Akena.
Un appétit qui place ce
nouveau venu - mine de rien - au 4e rang des groupes hôteliers
intégrés présents en France, avec 165 filiales ou franchisés.
De manière plus classique, on a
aussi
assisté au rachat par un particulier de la petite chaîne Marmotte dotée
de 27 établissements. Sans oublier la reprise complète du réseau
Timhotel par Paninvest - dont la gestion a été confiée à Aline
Thibaut-Durieu - qui exploite dorénavant un portefeuille de 22 établissements
totalisant 1 350 chambres.
Un mouvement de fond qui a démarré sur
les chapeaux de roues 2007. En témoigne en ce 2e trimestre, la cession
des Jardins de Paris - 10 hôtels (fonds de commerce) représentant 430 chambres
- par CDP Real Estate Europe (80 %) et son partenaire Erghot (20 %) à un
groupe d'investisseurs privés dont Jean-Marc Galabert, patron de la holding
A7 Management.
![]() ![]() Nouveau venu sur le marché hôtelier français, CBRE Investors - dirigé par Gérard Ézavin (photo) et Jérôme Castelnau - a racheté Balladins ainsi que Geo et la Soghest. |
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Accor et Louvre Hotels regroupent
70 % du nombre d'hôtels en réseaux intégrés
L'avènement des concentrations
n'est donc pas un vain mot et cela devrait s'accélérer dans les années
à venir. Aujourd'hui à peine 10 groupes hôteliers contrôlent
plus de 9 hôtels de chaîne sur 10. Accor caracole évidemment toujours
en tête du classement avec plus 121 412 chambres (soit 1 342 hôtels).
Louvre Hotels fédère lui plus du cinquième des chambres disponibles
(50 789 chambres). À eux seuls, ces 2 acteurs regroupent plus de 70 % du
nombre d'hôtels en réseaux intégrés. S'agissant du poids des
enseignes de chaînes dans l'Hexagone, le palmarès en nombre d'adresses
demeure quasiment stable. Ibis tient le haut du pavé avec 364 hôtels,
suivi de Campanile (326), Formule 1 (282), Mercure (266) et Etap Hotel (258).
Au-delà des 'amours fusionnels',
le paysage hôtelier a également été marqué par d'autres
événements en 2006.
Choice
Hotels International a repris en direct la master franchise sur l'Europe continentale
(hormis le Royaume-Uni). Golden Tulip a par ailleurs lancé Royal Tulip, du
5 étoiles pur jus ; ou encore Louvre Hotels a annoncé la naissance de
la chaîne Le Crillon. Mais le phénomène le plus important est incontestablement
la création de la marque All Seasons, dernière création d'Accor.
Avec un concept à l'approche résolument moderne, cette nouvelle chaîne
non standardisée, positionnée 2 étoiles/2 étoiles plus, vise
en priorité les franchisés, de bon niveau et plutôt en centre-ville.
"Avec les moyens dont elle se dote, l'enseigne devrait vite occuper une place
significative en France, puis en Europe", estime Mark Watkins.
Besoin de rénover
À condition bien
sûr de trouver chaussure à son pied. Parce que si le développement
des chaînes hôtelières intégrées en France s'avère
presque atone, les opérateurs vont devoir investir les fonds nécessaires
pour rénover leur portefeuille. Même si beaucoup d'entre elles se refusent
à l'admettre, et même si la situation est certes moins inquiétante
qu'au sein de l'hôtellerie indépendante, les chaînes intégrées
ont, en France, un grand nombre d'exploitations vieillissantes.
Le développement de nouvelles
chambres et de nouveaux concepts ne manque certes pas. Mais la volonté de remédier
à ce vieillissement se fait attendre. Pourtant, de nombreux opérateurs
cèdent leurs murs et récupèrent des sommes conséquentes qui
permettraient de remettre leurs unités au goût du jour. Un investissement
qui se révèlerait d'autant plus rentable que d'une manière générale,
les rénovations pratiquées en hôtellerie génèrent le retour de la clientèle et une
hausse sensible des prix moyens.
Il semble que dans le domaine, les choses doivent
bouger dans l'avenir. Ainsi, Starwood Capital, propriétaire de Louvre Hotels,
estime pouvoir disposer d'au moins 1 milliard d'euros, dont une partie pour rénover
ses hôtels. Il est cependant vrai qu'il concentre ses efforts sur des unités
en mandats de gestion ou en franchise, non concernés directement par ce plan.
B&B Hotels, détenu par le fonds d'investissements Eurazéo, a entamé
un programme de relookage de ses hôtels. CBRE Investors a lui aussi déclaré
vouloir rénover ses filiales. Accor peaufine son réseau Ibis et Novotel
tout en n'oubliant pas de plancher sur les nouvelles chambres d'Etap Hotel…
On n'a donc pas encore complètement fini de voir bouger le microcosme des chaînes
hôtelières.
Mark Watkins avec
Claire Cosson
zzz36i
Toujours
plus haut de gamme
Si
les chaînes hôtelières intégrées sont avant tout ancrées
sur les gammes économiques - 2/3 de leurs hôtels - cette part diminue
au fil du temps au profit des 3 et 4 étoiles. Ce changement est rapide
puisqu'en 2000, 79,8 % de l'offre des chaînes intégrées était
inscrite entre le 0 et le 2 étoiles contre 63 % aujourd'hui. |
Un bon cru 2006 tiré par les prix moyens
Les chaînes hôtelières
intégrées en France
ont réalisé globalement une année 2006 satisfaisante. La preuve.
Elles ont loué 54 millions de chambres, soit + 510 000 chambres par rapport
à l'année 2005. Les taux d'occupation ont assez peu évolué :
+ 0,6 point à 67,7 %, toutes catégories confondues. Par contre, le RevPAR
a grimpé de 6 % atteignant 49,40 euros, toutes catégories confondues.
Une hausse due pour l'essentiel au bond en avant au niveau des prix moyens chambre
(73 euros). Ces derniers ont été fortement relevés (+ 6 %) pour
compenser l'essoufflement de la demande. * Baromètre établi par Coach Omnium sur la base d'un échantillon représentant 85 % de l'offre des chaînes hôtelières en France. |
La
France, championne d'Europe Une fois n'est pas coutume ! La France occupe la première place du podium concernant la présence des chaînes hôtelières intégrées sur son territoire. Avec un taux de pénétration en nombre d'hôtels de 17 %, elle domine de la tête et des pieds les autres pays européens : 8 % en Grande-Bretagne, en Irlande et aux Pays-Bas, 7 % en Belgique, 5 % en Espagne, 4 % en Allemagne, 2 % en Suisse et à peine 1 % en Italie. |
Méthodologie de l'étude Cette étude exclusive et indépendante est réalisée par la société d'études marketing & économiques Coach Omnium, pour le compte de L'Hôtellerie Restauration. Elle répertorie les chaînes hôtelières intégrées, présentes au 1er janvier 2007 en France métropolitaine (hors Dom-Tom). Les informations publiées dans cette étude ont été analysées et contre vérifiées par nos services avec un grand soin. Toutefois, les données fournies par les chaînes hôtelières concernées n'engagent que leurs auteurs. |
Complément d'article 3028p6
Pour retrouver les 59 enseignes de chaînes hôtelières intégrées en France : cliquez ici
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L'Hôtellerie Restauration n° 3028 Hebdo 10 mai 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE