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du 26 avril 2007
L'ÉVÉNEMENT

APRÈS LE PREMIER TOUR DE L'ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE

LES CHEFS DE FILE DE LA PROFESSION CONFIANTS

Nous avons demandé à André Daguin, Didier Chenet, Jean-François Girault et Jacques Jond comment ils analysaient le premier tour de l'élection présidentielle et comment ils percevaient la suite. Commentaires à chaud.
Propos recueillis par Sylvie Soubess

Que pensez-vous des résultats du 1er tour des présidentielles ? Quel niveau de faisabilité en fonction des promesses et des positions des candidats en lice selon vous ? Micro aux présidents des syndicats patronaux.

André Daguin, président de l'Umih
"Nicolas Sarkozy a fait plus que je ne le pensais, Ségolène Royal a fait le score que je pensais et je n'avais pas d'idée concernant François Bayrou. Aujourd'hui, on a affaire à 2 blocs avec, au milieu, un 18 % qui représente des gens dont je n'arrive pas à comprendre ce qui les lie. On a les réponses des 2 candidats qui vont s'affronter au 2e tour des présidentielles. Tous deux se sont prononcés pour la baisse de la TVA. Simplement je constate qu'il y en a un plus volontariste et l'autre plus européen. Or, nous savons qu'en matière d'impôts et de taxes, l'Europe est souveraine, mais que lorsqu'il n'y a pas de concurrence intracommunautaire, les pays peuvent être volontaristes sans beaucoup de risques… Paradoxalement, à l'avenir, la recherche de l'unanimité pourrait être plus rapide que celle de la subsidiarité. Qu'est-ce qui va changer au lendemain du 6 mai ? Si je voulais provoquer, je vous répondrais rien… Parce que nous, nous allons continuer à valoriser le secteur, à créer des emplois, à être majeur… Nous sommes dans l'économie. Nous allons continuer à créer des emplois non mécanisables, non délocalisables. Si nous nous félicitons de l'allégement des charges sur les bas salaires, il n'empêche. Tous salaires confondus, les charges que nous supportons sont très lourdes et en inadéquation avec le développement possible et nécessaire.

Didier Chenet, président du Synhorcat
"Ces résultats témoignent d'un grand succès de la démocratie. On disait les gens désintéressés de la vie politique, mais la politique au sens noble du terme, c'est-à-dire la gestion de la vie publique, semble en fait les avoir motivés puisqu'ils ont massivement voté, ce qu'on n'avait pas vu depuis 1965. Ce vote massif montre clairement une rupture : une nouvelle génération de personnages politiques arrive au pouvoir. Que ce soit Nicolas Sarkozy ou Ségolène Royal, tous deux représentent cette nouvelle génération avec des approches et des visions totalement différentes. Et les Français ont montré leur volonté de voir la politique autrement, et quel que soit le résultat, de voir la France évoluer différemment. Concernant les résultats en eux-mêmes, ils me semblent à peu près conformes aux résultats des sondages réalisés auprès de la profession par plusieurs supports presse, dont le vôtre. Je retiens que les 2 candidats restant en lice ont répondu à nos sollicitations, notamment à nos questions sur la TVA, tandis que le troisième homme, François Bayrou, ne s'est pas donné cette peine… Il est à noter que le seul à s'être engagé, toujours sur la question de la TVA, est Nicolas Sarkozy. Ségolène Royal a été plus floue dans ses réponses. Si Nicolas Sarkozy est élu, il est certain qu'on lui demandera de faire ce qu'il nous a promis, c'est-à-dire de baisser la TVA. C'est à mon avis faisable, mais ce sera difficile… Un autre aspect qui devrait changer avec lui, faisable facilement, c'est sa proposition d'allégement de charges sur les heures supplémentaires pour les entreprises et la défiscalisation de ces heures pour les salariés. Encore une proposition gagnant-gagnant - comme, il faut bien le reconnaître, beaucoup d'autres - dans son programme… Pour notre profession, cette mesure serait évidemment très intéressante. Si c'est Ségolène Royal qui passe, nous aurons un important travail à réaliser pour que notre accord du 5 février 2007, qui donne la durée du temps de travail à 39 heures, soit reconnu, ainsi que les allégements des charges accordés par le gouvernement de Villepin, construits dans l'esprit d'un accord gagnant-gagnant dans le plan de croissance…

Jean-François Girault, président de la CPIH
"Les résultats du 1er tour reflètent bien le paysage politique français de 2007. Ils démontrent que le 21 avril 2002 n'était qu'un avatar et peut-être un cri d'alarme du pays qui aujourd'hui s'est ressaisi. La profession paraît pour sa part conforme à ce paysage, même si elle est plus proche d'un des 2 candidats restant en lice.
L'ensemble des principaux candidats ont été interrogés sur leur position en matière de TVA. Nicolas Sarkozy a confirmé ses déclarations. Il paraît disposé à faire jouer le principe de subsidiarité et à aller devant la Cour de Justice européenne si cela est nécessaire.
Ségolène Royal est nettement plus réservée et se retranche derrière nos partenaires européens en précisant : "On ne peut pas prétendre mettre en place de manière unilatérale une telle réduction." Autrement dit, on revient à la case départ. Quant au 3e homme, il n'a pas répondu à notre courrier. Inutile de dire que nous ne pouvons qu'être déçus de cette désinvolture.
L'après 6 mai ne va pas chambouler fondamentalement les choses.
Dans l'hypothèse où Nicolas Sarkozy serait élu, il sera possible de penser qu'il traduira dans les faits ses déclarations, notamment en matière de TVA, car n'oublions pas que c'est lui qui a mis fin au Smic hôtelier. Ainsi, on peut penser qu'il fera ce qu'il a dit…
Quant à Ségolène Royal, elle ne paraît guère avoir de programme précis pour notre secteur, qui ne semble pas être une de ses priorités.
Mais de toute évidence, il nous faudra continuer à nous battre pour défendre nos revendications, tant en matière de TVA que de charges sociales et fiscales. N'oublions pas de rappeler 2 chiffres : 19 000 emplois créés par le secteur CHRD dans les 9 premiers mois de 2006, alors que dans le même temps, l'industrie en a supprimé 60 000 !

Jacques Jond, président de la Fagiht
"Je pense que le taux de participation est un énorme succès pour notre pays. Au-delà de la légitimité, on peut enfin parler d'une représentativité de la population. Pour la France, comme pour notre secteur, c'est mieux d'avoir un taux de participation élevé et 2 candidats qui représentent plus de la moitié des votants au 1er tour. C'est quelque chose de réconfortant, car cela va permettre de mener des actions avec un suivi, une continuité, une pérennité nettement plus favorables.
Chacune de ces personnalités représente un courant politique important en France dont on connaît les choix fondamentaux et les orientations passées. Les chefs d'entreprise, notamment indépendants, savent quand même bien où se situent ceux qui, réellement, considèrent que l'entreprise privée, en particulier petite ou moyenne, fait partie d'un maillage irremplaçable tant sur le plan économique que territorial… Eh mon Dieu, il suffit de se référer aux actions des 10, 20 ou 30 dernières années pour savoir où apparaissent les intérêts fondamentaux de la profession.
Je ne crois pas que l'on puisse parler de manière précise de ce qui est faisable… Il faut une volonté, c'est différent. En dehors de mes fonctions syndicales, j'ai derrière moi 40 ans de fonctions publiques et politiques. J'ai été parmi les plus jeunes maires de France. J'ai été membre du conseil général de Savoie, rapporteur du budget et vice-président de la région Rhône-Alpes… J'ai été 13 fois candidat et 9 fois élu dans des batailles toujours frontales. Si j'ai pu avancer syndicalement, c'est parce que je n'ai jamais mélangé les genres. En étant complètement objectif, il suffit d'entendre et de lire les programmes. En ce qui concerne les orientations qui portent le plus sur le devenir de l'entreprise, je suis confiant dans la forte participation et dans le nouveau contexte de légitimité représentative qu'il représente. Sans parler de rupture - encore que -, je dirais que les entreprises verront peut-être le cours des choses changer pour elles. J'ajouterais, puisque nous sommes sur le terrain politique, que j'ai présidé un parti à l'échelon départemental. Je peux vous dire que lorsque des situations, par leur gravité, par les errements commis par les uns ou les autres dans le passé, nécessitent une rupture, il faut avoir le courage de le faire. Une mission politique comme une mission syndicale n'est ni de tout repos ni de prébende. C'est une mission de combat. zzz74v

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L'Hôtellerie Restauration n° 3026 Hebdo 26 avril 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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