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du 1er mars 2007

L'ÉVÉNEMENT

au canal saint-martin à paris

Les restaurateurs et les habitants excédés

Paris (XIXe) Les tentes installées par les Enfants de Don Quichotte sur le canal Saint-Martin commencent à exaspérer riverains et commerçants. Les restaurateurs se plaignent notamment d'une baisse de fréquentation.

Un drôle de climat règne autour du canal : des SDF, bénévoles, policiers, badauds et journalistes s'épient et se croisent. Plus d'une centaine de tentes sont toujours alignées sur les rives des quais de Valmy et de Jemmapes, à quelques centaines de mètres de la bouillante place de la République. Si l'opération avait au début réussi à créer un large consensus, et même à susciter le soutien de nombreuses personnalités, en fixant l'intérêt médiatique, aujourd'hui, l'unanimité n'est plus de mise.

Sur le terrain, la situation s'envenime entre les habitants du quartier et les sans-logis. Les commerçants commencent à s'impatienter et déplorent une dégradation du climat social, des incivilités répétées et surtout un manque à gagner. En particulier ceux situés juste en vis-à-vis de la double rangée de tentes. Le patron de Chez Prune ne cache pas son agacement et confirme bien volontiers que "ça fait du tort" ; il avance le chiffre de 15 % d'affaires en moins en moyenne depuis l'arrivée des campeurs, voire 30 %…


Chez Prune, café-restaurant quai de Valmy.

Ras-le-bol

Les chiffres s'envolent, lâchés comme pour précipiter le départ des Don Quichotte et faire plier les pouvoirs publics. Virginie Lebœuf, propriétaire du Jemmapes, dit avoir perdu 40 % de son CA en janvier, et autant en février. Or, qui dit moins de clients, dit immédiatement moins de travail, et à terme, elle envisage de réduire de 1/3 son personnel puis de débaucher ses autres employés si le mouvement perdure 15 jours de plus.

Il est vrai que ce lieu de promenade familial ne charme plus autant, et que les touristes délaissent le quartier. Même les habitants - pour la plupart, des personnes âgées - n'osent plus sortir de crainte d'une agression ou d'une altercation. Car les cas se multiplient, favorisés par l'alcool et la drogue qui circulent, et viennent nourrir le climat d'insécurité entretenu par quelques SDF marginaux et violents : le café Chez Prune a eu sa vitre brisée par un sans-abri, et à l'Hôtel du Nord, pourtant un peu plus loin, on reconnaît que la situation devient de plus en plus tendue avec les SDF, même si là les affaires continuent d'aller bon train. Une bagarre a même éclaté dans l'établissement pour un malentendu avec des touristes pris à parti. Depuis, un agent de sécurité monte la garde en soirée. De leur côté, les forces de l'ordre sont sur le qui-vive, mais débordées. Officieusement, il est dit que rien ne bougera avant les élections.

La solidarité des débuts semble être un vieux souvenir. Le ras-le-bol des commerçants a pris le dessus, et chacun espère une solution radicale et rapide. En attendant, les toiles devraient être placées en amont de l'écluse et cantonnées à une seule rive du canal, côté quai de Jemmapes. Dominique de Villepin a par ailleurs annoncé avoir réquisitionné le fort de Nogent-sur-Marne pour 'reloger' les SDF. Reste que certains ne manqueront pas de remarquer que le coup de projecteur jeté sur le canal a attiré les foules, et que là au moins, c'est bon pour le commerce.    
Véronique Raisin zzz22v


Virginie Lebœuf, restauratrice du Jemmapes, quai de Jemmapes.

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L'Hôtellerie Restauration n° 3018 Hebdo 1er mars 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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