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	du 22 février 2007	HISTOIRE DE

FONDATEUR DU PARK HOTEL DE GRENOBLE

HENRI DUCRET, L'INFATIGABLE

En mars 1961, un hôtel 4 étoiles de 80 chambres, d'une modernité exemplaire, était inauguré en grande pompe. 45 ans plus tard, le Park Hotel a mûri, mais a su se recycler et se moderniser pour paraître toujours aussi moderne et fonctionnel.

Henri Ducret : "Dans cette profession, l'âge n'a pas d'importance, c'est ce qu'on fait qui compte."

C'est au cours de l'année 1960 qu'un jeune Savoyard répondant au nom de Henri Ducret se présenta auprès de Henri Barre, président du Crédit Hôtelier, pour demander un prêt nécessaire pour la création d'un hôtel 4 étoiles de 80 chambres en plein centre-ville de Grenoble. L'entreprise était audacieuse et tout le monde le lui fit sentir. Pourtant, le projet s'inscrivait totalement dans le programme de reconstruction de l'industrie hôtelière des Trente Glorieuses. Il fallait rénover l'hôtellerie, essentiellement pour en faire un outil adapté à la clientèle d'affaires et internationale. Mais de là à construire un 4 étoiles ! Son parcours est donc semé d'embûches. On ne lui prête qu'à un taux de 5 %, alors que les taux de l'époque pouvaient descendre jusqu'à 3 % ! Son dossier est présenté trop tard pour qu'il puisse accéder à la prime pour l'équipement hôtelier. Pourtant, le projet présente des perspectives de rentabilité évidente : avec un prix de construction de la chambre à 37 000 F, alors qu'à l'époque en catégorie 4 étoiles la moyenne tournait autour de 58 000 F, il est plus que 2 fois moins cher…
Par ailleurs, le Park Hotel présente les touches les plus innovantes de la modernité. Dans votre journal L'Hôtellerie de l'époque, on pouvait lire "dans l'hôtel, qui comporte 40 chambres avec salles de bains et 40 chambres avec douches et toutes avec W.-C. (on trouve encore, N.D.L.R.)… les premiers frigos dans les chambres, le premier ascenseur à portes automatiques, des porte-serviettes chauffantes, des savonnettes, des dentifrices et des allumettes offertes, 2 téléphones dans les chambres, une télévision…" Un article du journal Le Monde titre encore Grenoble possède aujourd'hui l'un des hôtels les plus modernes de France, ou encore À Grenoble, leçon de tenue hôtelière… En 1961, les chaînes n'étaient pas encore sur le marché.

Un entrepreneur éclairé
Mais au-delà de l'hôtel, il y a l'homme. Qui mieux que son ami Jean Piat pouvait écrire ces mots "il y a de bons hôtels, celui-ci a une 'âme et un esprit' : celui du maître des lieux… c'est mieux !". Car cette réussite, et surtout la façon de cultiver cette image et d'en amplifier les retombées au plan local, est due à l'homme lui-même. L'homme est curieux. Il souhaite le meilleur pour son produit et ses clients. Il parcourt le monde pour chercher des idées. Il veut d'abord innover. Le contexte économique est favorable. Mais ce qui fait la différence chez Henri Ducret, c'est son extraordinaire sens de l'accueil. Il est d'abord et avant tout un vendeur et un entrepreneur. Sa seule préoccupation, c'est le client : "Le vrai patron, c'est le client", a-t-il l'habitude de dire. Il sait par ailleurs comme nul autre faire parler de lui et utilise très tôt le ressort médiatique. Il invite, organise fêtes et événements, noue des partenariats, à tel point qu'artistes, vedettes du showbiz et des médias, tous viennent chez lui.

La fibre 'régionale'
Mais la communication pour ce chef d'entreprise innovant prend très vite une autre dimension. Il s'investit au niveau local et régional. Un engagement précurseur, car à cette époque, les régions avaient peu de poids, ce que confirmera un élu : "Nous ne sommes pas prêts à passer l'échelon régional ; vous avez été de l'avant pour votre région dauphinoise. Il faut que dans une large concertation, vous vous prépariez à cet avenir régional qu'il faudra d'autant plus renforcer que la vie dans les grandes villes - et notamment à Paris - est devenue difficile." Pas besoin de convaincre Henri Ducret… Il a déjà compris et s'est engagé comme président de la chambre régionale de commerce et d'industrie (CRCI), président de la délégation Tourisme, membre du conseil d'administration de Maison de la France sous Jean-Jacques Descamps. Henri Ducret multiplie ainsi les missions vers les marchés étrangers, prenant avec lui les meilleurs ambassadeurs de la région : les marchands de soie de Lyon, les cuisiniers 3 étoiles Michelin réunis autour de Paul Bocuse, les transporteurs avec Air France. Il cible les principaux marchés prescripteurs de la région : l'Angleterre, l'ouest et l'est des États-Unis, le Japon, la Russie, et même la Chine. À chaque fois, ses missions sont une réussite incontestable, et la région Rhône-Alpes est à l'honneur. Les professionnels sont ravis, et les hôtels se remplissent.

Les récentes mutations de l'hôtellerie grenobloise et de l'hôtel
Par ailleurs, avec les années, le Park Hotel enchaîne modernisations et améliorations du confort et des services. Les améliorations l'ont d'ailleurs totalement transformé. 25 chambres ont disparu pour être réunies ou transformées en suites, ce qui ne l'empêche pas d'afficher des taux d'occupation record.
Au cours des années 1970, le Park Hotel fonctionne à plein régime. Dopé par les Jeux olympiques de Grenoble en 1968, il affiche, avec un taux de remplissage très au-dessus de la moyenne, des chambres occupées à 95 % par une clientèle individuelle (hommes d'affaires ou artistes). Pour la satisfaire encore davantage, le Park Hotel aménage 7 salons, puis se dote de fax puis d'internet. Les années 2000 vont cependant modifier la tendance. Dans un contexte géopolitique perturbé, une situation économique bouleversée, des usines ferment ou sont délocalisées (à Grenoble, ce sont plusieurs entreprises américaines qui réduisent leurs effectifs…). Du coup, les taux d'occupation sont moins attrayants. Mais Henri Ducret reste infatigable. Il pense déjà à offrir d'autres services à sa clientèle fidèle : "Dans cette profession, l'âge n'a pas d'importance, c'est ce qu'on fait qui compte", a-t-il pris l'habitude de dire.
Les Grenoblois peuvent donc se réjouir : le Park Hotel dans sa maturité a encore de beaux jours devant lui. Mais quand prendra-t-il donc le temps de faire une pause ? zzz36v

Park Hotel Grenoble
10 place Paul Mistral
38027 Grenoble Cedex
Tél. : 04 76 85 81 23
www.park-hotel-grenoble.com

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L'Hôtellerie Restauration n° 3017 Hebdo 22 février 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE