du 15 février 2007 |
ÉDITO |
La profession oubliée
Vous
l'avez remarqué, les candidats à la fonction présidentielle
ne manquent pas d'imagination pour nous décrire un avenir forcément bien
meilleur que le présent. C'est bien connu, un prétendant à
la présidence se doit, c'est bien le moins, d'avoir une vision du futur, ne
serait-ce que pour indiquer à l'électeur le chemin qu'il entend emprunter
vers des lendemains qui chanteront forcément.
Faut-il encore une fois rappeler que les promesses n'engagent
que ceux qui les écoutent, et que ce n'est pas la faute de la girouette
si le vent tourne ? Certes, mais en cette période propice aux projets les plus
débridés, on en viendrait parfois (par distraction, démagogie ou
méconnaissance de l'arithmétique élémentaire) à préférer
l'effet d'annonce à la cohérence d'une proposition.
Pour le bon peuple, qui est de moins en moins dupe, c'est le retour
trop souvent entendu de "demain, on rase gratis". Or, tout le monde sait
bien qu'à part le lundi, les coiffeurs ne rasent jamais gratis.
En termes moins boutiquiers, l'addition électorale s'annonce
salée, car les promesses concernent pratiquement toutes les catégories
professionnelles, toutes les tranches d'âge, tous les mécontents,
et Dieu sait que notre riche pays compte d'insatisfaits et de protestataires professionnels.
Tout le monde profiterait des projets présidentiels ? Pas
tout à fait, à écouter l'assourdissant silence que les candidats
observent vis-à-vis de la profession. Et les médias n'y mettent guère
du leur pour amplifier des revendications qui en valent bien d'autres. Quand ils
n'éprouvent pas le besoin de dénigrer sans savoir. Un exemple ? À
la suite de la signature, enfin, d'un accord sur les rémunérations et
le temps de travail, on a pu lire des commentaires tels que : "Image dégradée,
réputation de mal payer, risque de s'arranger avec les salariés" et
autres gracieusetés qui n'étaient pas imprimées dans un bulletin
de Lutte Ouvrière, mais dans l'édito du Figaro Entreprises de lundi
dernier.
Il est temps pour la profession de l'hôtellerie-restauration
d'affirmer auprès des candidats à l'Élysée son rôle
moteur dans une économie où les services prennent une place prépondérante.
Et d'insister sur les distorsions fiscales, réglementaires ou autres qui constituent
autant de freins à son développement.
Faut-il rappeler ici le lancinant problème non résolu
de la TVA sur la restauration, et dont un seul candidat s'est engagé, Nicolas
Sarkozy, à trouver une solution sans toutefois indiquer une date ? Alors
que des voix s'élèvent, non sans raison, pour maîtriser la dépense
publique, il est indispensable de plaider haut et fort pour les mesures avant tout
susceptibles de relancer l'activité du secteur qui ne pourront qu'être
bénéfiques aux finances publiques. Le prochain président de la République
ne pourra se contenter du rôle du lapin blanc aux yeux roses d'Alice au
pays des Merveilles, qui fut écrit par… un mathématicien confirmé.
L. H. zzz80
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L'Hôtellerie Restauration n° 3016 Hebdo 15 février 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE