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du 21 septembre 2006
CAMPUS

APRÈS LA PUBLICATION DE CHIFFRES SUR LA VIOLENCE SCOLAIRE

Le proviseur du lycée hôtelier de Marseille s'insurge contre un amalgame injustifié

Lorsqu'un établissement sans problème est pointé du doigt, c'est violent. Guy Corby, proviseur à Marseille, met les points sur les i.


"On a amalgamé tout et n'importe quoi, des choux avec des carottes… S'il ne s'agissait pas de quelque chose de sérieux, on pourrait en rire", s'insurge Guy Corby, proviseur des Lycée et CFA des métiers de l'hôtellerie, de l'alimentation et du tourisme de Marseille.


À Marseille, les enseignants, les personnels et les élèves sont sidérés que l'on puisse assimiler leur lycée à un établissement à problèmes.

Pour la rentrée, l'hebdo Le Point a publié un dossier sur la violence à l'école. Une carte de France, avec les établissements où avaient été déclarés par les chefs d'établissement les actes de violence les plus nombreux, se retrouvait en kiosque pour la première fois. Un coup de projecteur dont les collèges et lycées se seraient bien passés, d'autant que la crédibilité même de l'enquête est sujette à caution.
"Je suis un citoyen qui, un matin, entend à la radio que l'hebdomadaire Le Point publie une enquête sur la violence à l'école. À aucun moment, je n'ai pensé que mon établissement pouvait être concerné. Lorsque j'ai vu que nous étions dans ce classement, j'étais sidéré." Guy Corby, proviseur du lycée hôtelier régional CFA de Marseille, est encore sous le choc. Il s'empresse donc de se procurer le journal et voit ce qu'il redoutait : une carte de France sur laquelle apparaissait le nombre d'actes de violence qu'il avait déclarés : 32. Mais quels actes de violence ?
"32 pour 720 lycéens, 450 apprentis + la licence professionnelle, cela fait 1 200 élèves. Et seulement 32 incidents l'an dernier. Mais quels incidents ? 15 vols (généralement un outil de travail, une mallette…), 2 fausses alarmes, 3 tags, 1 tentative de suicide, 3 consommations de stupéfiants, 1 intrusion… Mais est-ce de la violence ? 1 menace d'un élève sur un camarade, et 6 débuts de bagarre canalisés, cela fait 7 éléments violents, si l'on peut dire. On a amalgamé tout et n'importe quoi, des choux avec des carottes…", se plaint Guy Corby. "S'il ne s'agissait pas de quelque chose de sérieux, on pourrait en rire", ajoute le proviseur.

"Intellectuellement parlant, ce n'est pas correct !"
D'autres établissements déplorent actes de violence physique avec arme ou à caractère sexuel, des incendies, du racket, des ports d'arme à feu, des trafics de stupéfiants ou des jets de pierres… 32 actes aussi graves ou 32 incidents comme ceux déclarés à Marseille… il y a un monde. "Intellectuellement parlant, ce n'est pas correct ! Ce n'est même pas une enquête, c'est une publication sans travail d'analyse des données. Je suis atterré que l'on ait pu donner ces informations sans grille de lecture et que les journalistes aient aggloméré ces données", s'insurge Guy Corby.
Autre problème : tous les chefs d'établissement ont-ils la même définition des actes répertoriés ? Un mot peut être vécu comme une insulte pour certains et ne pas être relevé par d'autres ? Où commence la violence ? Quels sont les actes qu'il faut signaler dans cette enquête pour le ministère ? Aussi, tous les proviseurs ne remplissent pas tous le questionnaire ministériel Signa de la même façon, ni peut-être avec le même empressement. Résultat, certains se trouvent cloués au pilori alors que bien d'autres passent au travers.
En tout cas, à Marseille, ce fut la douche froide, l'incompréhension, et un vrai sentiment d'injustice tant la vie scolaire s'y écoule paisiblement et dans une bonne ambiance de travail. "Cela a sidéré les enseignants, tous les personnels, les parents d'élèves et les élèves qui sont fiers de leur lycée et qui sont porteurs de valeurs citoyennes comme le respect, confie Guy Corby. C'est très désagréable pour tout le monde."
Le proviseur ne pense pas que cette affaire aura des incidences sur les inscriptions de l'année prochaine. "Que l'on vienne voir notre travail. Vous savez, la réputation d'un établissement est faite par les gens qui le fréquentent." Aucune raison d'être inquiet.
Nadine Lemoine zzz68v

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L'Hôtellerie Restauration n° 2995 Hebdo 21 septembre 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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