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du 3 août 2006

LA PAGE DU CHEF

malgré la malaïgue

LES HUÎTRES DE L'ÉTANG DE THAU SONT SAINES

Les fortes chaleurs et le manque de vent ont déclenché une 'crise de malaïgue' dans l'étang de Thau. Faute d'oxygène dans l'eau, les moules, huîtres, poissons, algues… de cet étang meurent d'asphyxie. Aucun arrêt préfectoral n'interdit la vente des huîtres qui passent au travers de cette catastrophe naturelle, car elles sont parfaitement saines. Quant aux moules, elles sont déjà toutes mortes.


Lors des crises de malaïgue, catastrophe naturelle qui touche l'étang de
Thau quand l'eau atteint 29 à 30°C, les huîtres élevées dans les zones qui ne manquent pas d'oxygène sont parfaitement consommables.

Mercredi dernier, la mairie de Mèze (Hérault), commune de l'étang de Thau, a interdit deux plages à la baignade en raison de présence de poissons morts. Les moules élevées sur tables dans cet étang qui servent de sentinelles ont commencé à souffrir dès le 10 juillet. "Aujourd'hui, explique Emmanuel Fournir du Gaec Le Rocher, toutes les moules sont mortes. Quand aux huîtres, le taux de mortalité dépend de la zone de production, il varie de 10 à 100 %." C'est que l'étang de Thau, vaste bande lagunaire autour de la côte sétoise, est en train de subir une crise de émalaïgueé (mauvaises eaux en occitan), crise appelée 'crise anoxique' par les scientifiques. Lors de la canicule de 2003, l'étang avait déjà connu un tel phénomène et les conchyliculteurs avaient jeté 6 000 tonnes d'huîtres et de moules mortes, soit une perte de 10 ME. Les dégâts risquent d'être aussi élevés sinon plus cette année. Néanmoins, les ostréiculteurs peuvent continuer à vendre les huîtres qui ne sont pas touchées par cette crise, car elles sont parfaitement saines. Et les restaurateurs de la région, solidaires des ostréiculteurs, continuent à les proposer à leur carte. "Comme, il n'y a aucun risque sanitaire à servir des huîtres de l'étang de Thau, explique Laurent Chapuis, enfant du pays et propriétaire de l'Hôtel Richemond et de l'Hôtel des Dunes, je n'ai pas retiré ces produits de ma carte. Il serait d'ailleurs dommage d'en priver mes clients français et étrangers qui sont ravis de déguster ces produits de terroir."

La malaïgue, ni contaminante ni toxique

"La malaïgue, explique Philippe Salvagnac, des Services vétérinaires de l'Hérault, doit être considérée pour les ostréiculteurs comme une catastrophe naturelle, un peu comme la grêle qui abîme les fruits des vergers ou les raisins des vignes." Ce phénomène touche les ostréiculteurs, mais aussi le tourisme, car en certains endroits, les plages sont nauséabondes et la mer couverte d'algues. Ce phénomène est dû aux fortes températures de l'eau (29 à 30 °C) qui induisent un abaissement de sa teneur en oxygène. "Les végétaux et les animaux en manque d'oxygène subissent un véritable stress biologique, explique Thierry Laugier, de l'Ifremer, et ils en meurent. Leur organisme est alors dégradé par des bactéries anaérobies qui

vivent dans les milieux pauvres en oxygène et qui consomment de l'oxygène. Cette dégradation entraîne la formation de sulfure d'hydrogène, gaz à l'odeur d'oeuf pourri et toxique pour les animaux marins encore en vie et… qui meurent. Ils sont à leur tour dégradés par les bactéries anaérobies avec production de sulfure d'hydrogène toxique et ainsi de suite." Par ailleurs, au fur et à mesure que les eaux s'enrichissent en sulfures, se développent des bactéries sulfoxidantes dont les pigments donnent à l'eau une couleur blanc laiteux (en surface) à rouge vif (au fond) selon l'espèce concernée. "La malaïgue qui se déclenche à

partir de foyers (zones profondes ou zones peu profondes et riches en algues) et se propage de la même façon qu'un incendie de forêt, poursuit Thierry Laugier, et s'auto-alimente. Seul un vent venant du nord, soufflant durant quelques jours, peut en arrêter sa propagation en refroidissant l'eau et en la réoxygénant. Et tout rentrera dans l'ordre." A ce jour, le vent s'est mis à souffler.   
B. G.
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huîtres et moules

Quand leur consommation est-elle interdite ?

Malaïgue : consommation autorisée

Il n'y aucun risque à consommer des huîtres de l'étang de Thau en période de crise de malaïgue. "Il faut savoir, explique Philippe Salvagnac, que dès qu'une huître est morte d'asphyxie, elle se liquéfie rapidement. Les ostréiculteurs ne récupèrent que des coquilles vides. Celles qui sont vivantes sont donc parfaitement saines." Aucun arrêté préfectoral n'en interdit la consommation.

Phytotoxines et bactéries pathogènes : consommation interrompue

• Lorsque des micro-algues toxiques se développent à certaines périodes dans les bassins de production ou d'affinage, la consommation des huîtres ou des moules est interdite par arrêté préfectoral jusqu'à ce qu'elles aient eu le temps de se débarrasser des phytotoxines produites par ces algues.

• Si une zone de production a été fortement contaminée par des bactéries pathogènes suite, par exemple, à l'écoulement d'eaux de lessivage de sols pollués après de très fortes averses, les huîtres ou moules de cette zone sont interdites à la consommation par arrêté préfectoral jusqu'à ce qu'elles aient eu le temps de se débarrasser de ces bactéries dangereuses pour la santé.

Bon à savoir
Toutes les zones de productions d'huîtres et de moules sont, entre autres, surveillées étroitement par L'Ifremer qui fait régulièrement des analyses et qui déclenche l'alerte le cas échéant. Les arrêtés préfectoraux d'interdiction et de réautorisation de commercialisation sont émis en fonction des résultats des contrôles de l'Ifremer.

À lire - "Désirs et peurs alimentaires au XXIe siècle" - Par l'Institut Présaje

L'Institut Presaje dirigé par Michel Rouger, président honoraire du tribunal de commerce de Paris, s'est donné pour objectif voici 4 ans de rapprocher les univers du droit, de l'économie et de la justice. Il offre
aux jeunes magistrats, avocats, universitaires et hommes d'entreprise la possibilité de travailler ensemble sur de grands sujets de société, porteurs de changements décisifs. Les fruits de ces travaux sont entre autres des ouvrages publiés aux Éditions Dalloz : Le travail autrement ; Les défis du 'vivant', La libération audiovisuelle… Leur dernier ouvrage intitulé Désirs et peurs alimentaires au XXIe siècle concerne les restaurateurs, l'agroalimentaire et la santé et le goût consommateurs. "Entre désirs et peurs, plaisir et santé, explique Isabelle Proust, directrice générale du Groupe Bernard Loiseau et coordinatrice de cet ouvrage, la manière de se nourrir est d'abord le reflet d'une société, de sa culture, de ses valeurs, de ses doutes et de ses craintes. En croisant les angles d'attaques - social, économique, scientifique et professionnel -, l'analyse aboutit à 'tordre le cou' à de nombreuses idées reçues telles que 'la cuisine française est en crise' ou 'les produits n'ont plus le même goût qu'avant' ou 'pour combattre l'obésité, il faut manger comme avant' ou encore 'pour combattre l'obésité, il n'y qu'à réglementer la composition des produits industriels'." Voilà un ouvrage très documenté qui constitue une véritable source de réflexion pour les chefs, les restaurateurs, les directeurs de chaînes de restaurants et les industriels de l'agroalimentaire qui cherchent à s'adapter au mieux à l'évolution de notre société et au "mangeur hypermoderne", selon l'expression de François Asher, professeur à l'Institut français d'urbanisme à l'université de
Paris VIII et coauteur de cet ouvrage.

"Désirs alimentaires et peurs" au XXIe siècle - Présaje - Éditions Dalloz.
Prix 24 E. zzz82

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L'Hôtellerie Restauration n° 2988 Hebdo 3 août 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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