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du 7 juillet 2005
ÉDITO

Immobilisme et démagogie

Afin sans doute de ne pas froisser tous les adeptes de 'la pensée unique correcte', notre ministre délégué au Budget, Jean-François Coppé, éminent énarque dont les propos ne sauraient être empreints d'une autre vocation que le plus grand bien de la collectivité nationale, vient de faire preuve d'une redoutable persistance dans l'erreur en affirmant que la réforme de l'impôt de solidarité sur la fortune "n'est pas d'actualité".

Bien sûr, les récents déboires électoraux de la majorité, le souci de ne pas déplaire à tous les sourcilleux défenseurs d'un égalitarisme stérile et le confort trompeur de plaire au plus grand nombre conduisent immanquablement à l'aveuglement économique. Certes, il serait trop facile à en vouloir au seul ministre du Budget qui est dans son rôle quand il défend les recettes publiques. Naguère, une autre excellence issue de l'Ena nous avait expliqué qu'il allait nous "désintoxiquer" de la dépense publique. Louable thérapie qu'il avait omis de mettre en pratique…

Bref, inutile de relancer la lancinante complainte des effets dévastateurs d'un impôt parmi les plus stupides jamais imaginés qui a pour résultat, par effet mécanique de hausse de l'immobilier, de créer en France, une multitude de faux riches qui n'en demandent pas tant (par définition, les vrais riches sont une espèce rare). Faux riches parmi lesquels il faudra compter prochainement les très nombreux entrepreneurs, vous, chers lecteurs, qui auront l'étrange idée de prendre la retraite en cédant le fruit de votre travail, ou pire, de le transmettre à vos descendants dont la plupart n'ont pas les moyens suffisants pour régler et les droits de succession, et l'impôt sur le revenu et ce trop fameux ISF, puisque les trois ne sauraient que se cumuler !

Et malgré les différents rapports d'experts consacrés à ce sujet paraît-il "sensible", malgré les aberrations d'un dispositif qui soumet à l'ISF des agriculteurs de l'île de Ré non imposables à l'impôt sur le revenu ou des retraités parisiens qui ont le malheur d'occuper un appartement aujourd'hui susceptible de dépasser un prix de vente potentiel de 735 000 E, les gouvernements successifs persistent dans l'erreur.

Et pour de très mauvaises raisons liées à cette redoutable démagogie aux effets garantis : "Faire payer les riches !"

Avec de tels arguments, qui ont hélas cours aujourd'hui, malgré la nocivité d'un dispositif dissuasif pour l'investissement familial, c'est l'avenir des PME, donc de la profession, qui est compromis si rien ne bouge. Or, c'est bien sur les PME que compte le Gouvernement pour gagner la bataille de l'emploi, si l'on a bien compris le discours de politique générale de M. de Villepin. Mais pour cela il faut le courage d'aller au-delà des effets oratoires qui risquent bien de rester de pieuses incantations.
L. H. zzz80

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L'Hôtellerie Restauration n° 2932 Hebdo 7 juillet 2005 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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