du 16 juin 2005 |
L'ÉVÉNEMENT |
Que pensez-vous des dernières déclarations de Gérard Larcher, ministre délégué au Travail, qui impose des négociations salariales dans les CHR pour revaloriser la grille des salaires ?
Aquitaine
Jean-Pierre Xiradakis
La Tupina, Le Comestible,
Bordeaux (33)
Les déclarations du ministre ne me choquent pas. Je
suis même d'accord. Il faut prendre conscience que les restaurateurs qui ne pensent qu'à
leur profit, qu'à leur bénéfice au détriment du personnel, sont trop nombreux. C'est
une hérésie. Chez moi, tous les salaires sont supérieurs au Smic. On accuse La Tupina
d'être un restaurant trop cher, pourtant la clientèle est là. Je réalise un chiffre
d'affaires de 2 ME et les employés en profitent. Il faut cesser de croire que l'on peut
travailler en marginalisant le personnel. On a besoin de gens compétents, de bons
collaborateurs, et ceci passe par des conditions de travail et des salaires attractifs. Il
y a trop de mauvais patrons dans notre profession et ils nous plombent !
B. D.
Centre
Philippe
Bardau
Restaurant Les
Antiquaires, Orléans (45)
Tout ce qui va vers la simplification des
recrutements est une bonne chose car embaucher est une source de soucis : cela prend du
temps et coûte donc de l'argent. Le chèque-emploi et le CDI à l'essai de 2 ans sont de
bonnes idées. Mais elles ne vont pas révolutionner notre métier. Il faudrait des
mesures bien plus courageuses pour sortir notre profession du marasme où elle se trouve.
J.-J. T.
Île-de-France
Stéphane Peloin
L'Auberge de
l'Épine, Itteville (91)
Je pense qu'on n'a eu qu'une petite baisse de charges
sociales, mais ça ne reconstitue pas une trésorerie qui permet de nouvelles embauches.
Cette baisse correspond à 350 E par mois, ça va me permettre d'agrandir mon équipe par
le biais de l'apprentissage à la rentrée. Cela faisait longtemps que je n'avais plus
d'apprentis. Quant à la revalorisation de la grille salariale, si elle est importante,
comme nous sommes déjà étouffés, ça ne va pas arranger les choses. Les restaurants
vont être obligés d'augmenter les prix pour réussir à payer leurs salariés. Il faut
bien le trouver cet argent. Ce sont de véritables allégements de charges et la baisse de
la TVA qui pourraient inciter à embaucher.
N. L. zzz22v
Languedoc-Roussillon
Didier
Liaudet
Auberge
Cigaloise, Saint-Hippolyte-du-Fort (30)
On nous reproche de ne pas avoir accordé de contrepartie
alors que nous avons abandonné le Smic hôtelier, accepté de passer à 39 heures et
accordé la 6e semaine de congé. Si le gouvernement avait fait un pas en avant
de cette importance, nous ne serions pas dans la situation que connaissent beaucoup
d'établissements saisonniers. Chez moi, j'ai versé 24 000 E de TVA en 2004. Si elle
était passée à 5,5 %, ma part n'aurait été que de 11 000 E. D'un autre côté, les
aides Raffarin se sont limitées à 474 E pour moi. Entre ces deux chiffres, il y a
vraiment un fossé. Avec cet apport de 13 000 E dans les caisses de mon entreprise, j'aurais embauché, réalisé des investissements
et sans doute fait des bénéfices qui m'auraient conduit à payer des impôts. La
réalité, elle est là, et pas dans des sous-entendus d'un énarque qui ne connaît rien
de nos métiers et de leurs contraintes.
J. B.
Limousin
Patrick Lemaire
Le Zen,
Limoges-Beaubreuil (87)
En ce qui me concerne, j'ai 9 salariés. Je n'ai pas attendu
le ministre pour parler salaire avec eux, et je rappellerai simplement que les aides
Sarkozy - qui concernaient 80 000 entreprises - sont arrivées sur les comptes au début
2005. Ce qui fait un peu court pour provoquer des embauches. Quant à la revalorisation
des grilles salariales, nous sommes dans une situation de contrat avec le gouvernement :
si la TVA baisse à 5,5 %, on revalorise, et non pas dans le sens contraire. Mais à titre
personnel, je ne suis pas pour une revalorisation d'une grille qui va profiter à tout le
monde, y compris aux salariés qui ne le méritent pas. Moi, je préfère payer des primes
à ceux qui travaillent bien, d'autant que notre marge de manoeuvre est étroite devant un
Smic hôtelier qui n'existe plus.
J.-P. G.
Nord-Pas-de-Calais
Jérôme
Follet
Le Cheval Blanc,
Wattignies (59)
M. Larcher n'était sûrement pas bien au courant. Nous
avons une convention collective. Satisfaisante ou non, elle s'applique. Nous avons
d'autres attentes. Il faut tenir la promesse de la TVA. A. S.
PACA
Bernadette
Lani
Étapes Lani,
Bouc-Bel Air (13)
On attend depuis des années que Jacques Chirac tienne sa
promesse électorale de faire baisser le taux de TVA dans la restauration. Elle donnerait
élan et souffle vital à la profession. La renégociation salariale n'est envisageable
que si cette parole est enfin tenue.
D. F.-N.
Rhône-Alpes
Thierry
Dubourg
Le Momento,
Grenoble (38)
C'est pour moi un artifice supplémentaire. Encore une aide
qui s'ajoute à la longue liste de soutiens qui ne font que compliquer la tâche des
entreprises ! Arrêtons de tourner autour du pot. Il faut absolument redonner du pouvoir
d'achat aux Français en baissant et la TVA et les charges sur les salaires. Il n'y a pas
d'autre solution. Que les politiques aient le courage de passer à l'action !
N. R.
Bourgogne
Franck Terret
Hôtel-restaurant Le
Chagny, Chagny (71)
Le problème, c'est que la profession a du mal à respecter
la grille : nous payons déjà le personnel largement au-dessus du Smic et les
nécessités du service nous obligent parfois à faire des semaines plus longues. Je suis
opposé à toute revalorisation de la grille tant qu'il n'y aura pas de baisse de la TVA.
Sinon, c'est la disparition assurée de 30 % des petits restaurateurs à court terme.
Quant aux 'aides' de l'État
ce qui pourrait vraiment nous 'aider', ce serait une
baisse significative des charges sociales.
A. L.
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L'Hôtellerie Restauration n° 2929 Hebdo 16 juin 2005 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE