du 21 février 2008 |
VIE PROFESSIONNELLE |
POUR COMPENSER LES BAISSES DE CHIFFRE D'AFFAIRES
L'Umih propose un plan d'urgence pour les bistrots
Dans les départements, les patrons de café se plaignent de voir leur chiffre d'affaires en chute depuis l'instauration de la loi antitabac. L'Umih a décidé de présenter un plan d'urgence au gouvernement. Explications de Bernard Quartier, président de la Fédération nationale des cafés, brasseries et discothèques au sein de la rue d'Anjou.
Propos recueillis par Sylvie Soubes
Bernard Quartier : "Pour s'en sortir, le seul moyen passe par une évolution de l'offre vers le solide." |
L'Hôtellerie
Restauration : On accuse la
profession de ne pas avoir suffisamment combattu ce décret.
Bernard Quartier
: Ce décret, personne ne l'a contrôlé. La profession l'a subi. Tout
le monde était d'accord sur le fait que cela entraînerait des pertes
de chiffre d'affaires, mais de là à pouvoir dire à quelle hauteur…
Sur le terrain, les gens se plaignent. J'ai tourné dans 300 cafés en janvier
et je peux vous dire que les gens sont inquiets. C'est pourquoi nous avons décidé
de réfléchir à un plan d'urgence qui apporte des réponses
concrètes au secteur. Notre première proposition porte sur l'obtention
d'une compensation financière sur la baisse de chiffre d'affaires basée
sur la déclaration de TVA. On demande également un crédit d'impôts
de 10 000 E par établissement. Cette mesure permettrait aux gens d'investir
dans la rénovation de leur affaire. Grâce à ça, ils pourraient
repeindre, changer la décoration ou se moderniser.
Qui sont les moins touchés ou les plus touchés ?
Les gens qui avaient anticipé l'interdiction
de fumer s'en sortent les mieux. Les plus touchés sont les petits établissements
en zone rurale ou de quartier. Pour s'en sortir, le seul moyen passe par une évolution
de l'offre vers le solide : il faut que ces établissements trouvent le moyen
de servir soit un plat du jour, soit faire davantage de sandwiches ou de croques…
Je ne crois pas personnellement au développement de points poste par exemple,
le bistrot doit être en phase avec ce qui est son essence même. Un moment
de partage et de convivialité. D'où notre souhait de voir tomber le tarif
majoré de la redevance audiovisuelle applicable, comme vous le savez, aux télévisions
installées dans les débits de boissons. La retransmission d'événements
sportifs, et on l'a vu avec la Coupe du Monde
de Rugby, sont nécessaires à l'activité du café.
Comment percevez-vous le cas de ce professionnel
qui a décidé de faire la grève de la faim pour obtenir un fléchissement
de l'État ?
Cela montre la grande détresse dans laquelle
cette loi plonge les petits établissements et illustre la nécessité
d'un plan d'urgence. D'autre part, je pense qu'il est regrettable que tout le monde
ait voulu se l'approprier. Nos adhérents doivent être aidés et soutenus
et chacun dans sa branche pour éviter la confusion auprès des professionnels
mais aussi du grand public.
Dans votre plan d'urgence, vous revenez sur
l'instauration d'un régime de droit pour les discothèques.
La distorsion des horaires entre départements
est illégale à l'échelon européen. Cela crée du nomadisme
sur la route qui est dangereux. Nous avons rencontré à plusieurs reprises
les ministres concernés, Mme Bachelot, M.M. Chatel et Novelli, pour que les
discothèques ne soient plus soumises à un régime dérogatoire
mais qu'elles soient soumises à un régime de droit. Rien n'a avancé.
Le gouvernement aurait pu profiter de l'interdiction de fumer pour mettre en place
un statut des discothèques. Pour nous, le fonctionnement de ces établissements
doit être aligné sur celui des autres commerces et ne pas dépendre
du pouvoir discrétionnaire des préfets.
La profession voit aussi des évolutions
positives,
je pense au permis d'exploitation. Y a-t-il d'autres chantiers en cours dans cet
esprit ?
Avant, les gens venaient par dépit dans notre
secteur. On veut qu'ils viennent par envie. Le
permis
d'exploitation se révèle un outil idéal, car ils appréhendent
le métier autrement, en connaissance de cause et de manière professionnelle.
C'est une vraie révolution. L'autre avancée, c'est la mise en place d'une
interprofession. Celle-ci va réunir les fournisseurs, les distributeurs et
les syndicats. Elle va pouvoir avoir une démarche commerciale et permettre
à chaque établissement de s'auto-analyser, de s'auto-critiquer mais
de manière constructive. Un bistrot n'a pas de lisibilité, or, il en a
besoin. Il faut aussi que les établissements soient en phase avec les consommateurs,
que l'offre soit adaptée à l'environnement. Seule une interprofession
peut être capable d'impulser et d'apporter cette réflexion. Ou se battre
contre certaines pratiques. Actuellement, n'importe qui peut acheter par internet
de la vodka à 3 E la bouteille et se la faire livrer par palette entière
sans la moindre limite. C'est de l'alcool de betterave ou de patate pure qui vous
détruit en un rien de temps. Contre ça, le gouvernement ne fait rien.
Moi, ça me choque. zzz74v
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L'Hôtellerie Restauration n° 3069 Hebdo 21 février 2008 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE