du 18 octobre 2007 |
FAST-FOOD |
POUR DENIS HENNEQUIN, PRÉSIDENT EUROPE, ET JEAN-PIERRE PETIT, PRÉSIDENT FRANCE
LA FRANCE, MARCHÉ LE PLUS PORTEUR DE MCDO EUROPE
McDo essoufflé ? Dépassé par les nouvelles formules de restauration rapide ? Il n'en est rien. Partout en Europe et dans les pays émergents du continent, l'enseigne progresse et affiche des perspectives étonnantes. Paradoxe, la France a pris la tête des trois meilleurs marchés européens de McDonald's.
La
France en tête des 'big three' |
Le hamburger encore et toujours Pour Jean-Pierre Petit, le potentiel de développement de la restauration hors foyer en France assure à McDonald's une croissance continue. Chez McDo on reste toutefois très attentif aux changements, mais avec une règle : ne pas s'écarter de ce qui fait la force de la marque. |
L'Hôtellerie Restauration
: On pouvait penser que la croissance
de McDonald's se situait désormais dans les grands pays émergents comme
l'Inde ou la Chine ?
Denis Hennequin :
Non, pour l'instant, les pays de tradition restent porteurs de l'essentiel de la
croissance de McDonald's et particulièrement les 'big three' comme nous les
appelons : la France, l'Allemagne et l'Angleterre. Avec 3 000 restaurants, les trois
pays concentrent 50 % des restaurants en Europe et contribuent à 75 % aux
résultats de McDonald's en Europe. C'est important puisque l'Europe elle-même
apporte 35 % des résultats à McDonald's Corporation, les USA y contribuant
pour 50 %, le reste du monde pour 15 %.
Comment expliquez-vous que des marchés aussi
murs que ceux des 'big three' demeurent porteurs ?
La croissance en Europe est tirée par la
progression de la restauration hors domicile, encore faible dans certains pays et
recèle un potentiel important. C'est le cas de la France où encore moins
de 15 % environ des repas sont pris à l'extérieur. On est loin des pays
anglo-saxons, c'est ce qui explique que McDonald's France fait mieux désormais
que l'Angleterre ou l'Allemagne.
En Europe, cette croissance est-elle due principalement
à l'ouverture de nouveaux restaurants ou à une augmentation des ventes
?
Les 2/3 de cette croissance est une croissance
organique, donc à périmètre constant. L'autre tiers provient de
l'ouverture de nouveaux restaurants, on ouvrira l'an prochain en Europe 180 restaurants
nouveaux dont la moitié dans les 'big three'.
Quels sont les autres pays qui, en Europe, et qui
pour vous, deviennent des marchés importants ?
La Russie, l'Ukraine, la Pologne et la Roumanie
sont pour nous des marchés de forte croissance, mais l'Italie ou l'Espagne,
avec déjà 600 restaurants, connaissent un développement également
important.
Quelles sont vos prévisions
pour les trois ou cinq ans à venir ?
Nous prévoyons de garder en Europe
ce même rythme de croissance dans les trois prochaines années.
L'Hôtellerie Restauration :
C'est un paradoxe. Un marché apparemment mûr et ancien comme la France
reste-il l'un des meilleurs devant l'Allemagne et l'Angleterre ou de grands
pays émergents ?
Jean-Pierre Petit :
En fait, il faut regarder le poids de la restauration hors domicile en France et
le comparer avec d'autres pays. La France est un pays où la RHD est faible,
moins de 15 %, contre 20 ou 30 % en Allemagne et en Angleterre ou près de 50
% aux États-Unis. La restauration commerciale possède donc un grand
potentiel de développement en France.
Mais les nouvelles formules de restauration dont
on parle beaucoup : sandwicheries, snacking… ne vous font-elles pas perdre
du terrain ?
Il ne faut pas confondre Paris et le reste de
la France. Le hamburger demeure l'un des secteurs qui progresse le plus avec le
sandwich et la pizza. Notre seul et grand concurrent demeure en réalité
le réfrigérateur.
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Votre fort maillage dans l'Hexagone ne réduit-elle
pas les possibilités de nouvelles installations et n'entraîne-t-elle
une perte de rentabilité au fur et mesure des ouvertures ?
Nous avions 1 085 restaurants fin 2006 et nous
ouvrons 30 restaurants par an. Ce que nous constatons, c'est que le CA moyen des
nouveaux restaurants - autour de 2 millions d'euros annuels - est stable, voire
en en légère augmentation. Le CA moyen de l'ensemble des unités atteint
lui 2,4 millions d'euros. Nos ouvertures ne sacrifient donc en rien la rentabilité.
Nous nous développons fortement, mais d'une manière saine. Le nombre d'habitants
d'une ville n'est pas le seul critère d'implantation : pouvoir d'achat, renouveau
d'un centre-ville, création d'une zone d'activité… les opportunités
sont vastes.
N'y a-t-il pas danger à rester mono-produit.
McDonald's ne peine-t-il pas à évoluer en termes de produits ?
Les marques ont une raison d'être. Pourquoi
les gens viennent-ils chez nous ? pour manger un hamburger. Chaque fois que nous
avons proposé autre chose, sandwiches froids, pizzas… cela n'a pas été
un franc succès. Il y a par ailleurs beaucoup de variations possibles autour
du hamburger. Et nous sommes attentifs à offrir des produits que j'appelle
'défensifs' : poulets, salades, eaux minérales, jus de fruits, glaces
pour satisfaire ceux qui ne veulent pas d'un hamburger, les femmes qui accompagnent
leurs enfants, etc.
On remarque que dans les McDo en France beaucoup
d'efforts sont consacrés au décor, à l'ambiance. Êtes-vous
désormais suivi un peu partout dans le monde ?
Le modèle français a été très créatif et a beaucoup irradié en Europe et
dans le monde. Nous avons contribué à valoriser le fast-food en créant des
décors et des ambiances chaleureuses. Nous avons mis en place avec succès une
stratégie d'intégration dans le pays et nous avons donné de l'importance aux
valeurs de l'entreprise.
Propos recueillis par
Patrice Fleurent zzz22t
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L'Hôtellerie Restauration n° 3051 Hebdo 18 octobre 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE