du 4 octobre 2007 |
L'ÉVÉNEMENT |
LE SYNHORCAT PUBLIE SON LIVRE BLANC
Pour Didier Chenet, réflexions et propositions passent avant la protestation
Dans son Livre blanc, le Synhorcat défend de nouvelles perspectives d'avenir. Les dirigeants de la rue de Gramont estiment que la profession peut et doit se hisser au 1er rang des leaders internationaux de recettes touristiques. Explications de son président.
Propos recueillis par Sylvie Soubes
Didier Chenet : "Nous sommes là pour apporter des solutions aux adhérents, pour les aider à réfléchir. Nous ne devons pas devenir, un jour, les boucs émissaires de la malbouffe." |
L'Hôtellerie
Restauration : Pourquoi un Livre
blanc ? Quelles sont vos motivations, quel message souhaitez-vous faire passer au
travers de ce texte ?
Didier Chenet
:
Je dirais que c'est dans la droite ligne de notre état d'esprit. Nous avons
voulu poser clairement les enjeux et les solutions qui nous paraissent les plus
fiables. Nous rappelons d'abord notre force : nous sommes un secteur-clé de
l'économie française, 4e employeur de France, nous offrons
des capacités de recrutement incomparables, nous sommes porteurs d'un savoir-vivre
de premier plan. Mais pour rester dans la dynamique de la concurrence, nous devons
être accompagnés dans notre mutation et notre évolution. Ce n'est
pas un recueil de protestations. C'est un engagement qu'on prend, y compris à
l'égard des jeunes qui, eux, croient dans l'avenir, et ils ont raison. Ce Livre
blanc est le fruit du travail de nos adhérents et des commissions. Le Synhorcat
est à un tournant de son histoire avec une hausse importante des adhérents.
Nous avons réalisé cette démarche pour que nos gouvernants prennent
conscience de notre force et du travail que nous effectuons. Le secteur a trop souvent
eu pour seule revendication la TVA. Aussi importante soit-elle, elle ne doit pas
cacher des dossiers aussi fondamentaux que les problèmes de personnel et de
formation que nous rencontrons.
À qui l'avez-vous adressé
?
On l'a envoyé à tous les
ministres concernés, ministre de la Santé y compris. Il y a une assez
grande transversalité. Nos métiers apportent des solutions en matière
de chômage comme en matière d'insécurité. On dit qu'il faut
repeupler les campagnes. Cela ne pourra se faire qu'avec nos établissements,
qui sont des commerces de proximité par excellence. Nous devons réinventer
nos cafés, bars, épiceries, retrouver la vraie notion du relais de poste.
Je peux vous affirmer que nous avons d'ores et déjà un taux de retour
significatif et encourageant. Grâce à cette démarche, Claude Guéant,
secrétaire général de l'Élysée, nous reçoit le
8 novembre prochain. Le Premier
ministre,
François Fillon, doit également nous recevoir. Nous avons également
eu un accueil favorable des ministères de l'Intérieur, de la Santé,
du Logement. Même la Mairie de Paris s'est montrée intéressée.
Nous nous préoccupons du transport de nos salariés, et le Vélib'
pourrait être un début de solution.
La formation et le recrutement ressortent
dans ce livre comme des dossiers essentiels. Le statut des saisonniers également.
Ce sont des dossiers primordiaux pour
l'avenir. Nous avons, je le sais, des idées qui dérangent. Cela dit, si
l'on ne met pas les choses à plat, on ne s'en sortira jamais. Prenons les
aides dont nous bénéficions dans le cadre du contrat de croissance ; celles-ci
concernent les salariés payés au Smic. Si on paye au-dessus du Smic, nous
ne bénéficions plus de ces aides. Cela revient à 'smicardiser'
notre secteur. Une réflexion doit être menée, car nous devrions,
au contraire, pouvoir motiver les gens à entrer dans nos métiers grâce
à de meilleurs salaires. Nous souhaitons également sensibiliser les
politiques au contrat de travail des saisonniers. C'est une vraie spécificité.
Parmi les hypothèses, nous avons rapproché ces emplois du système
mis en place sur les plateformes pétrolières. Les gens ont un rythme de
travail approprié à l'outil et au système. Pourquoi ne peut-on,
pour ce secteur, envisager un système adapté ? Quant au logement des saisonniers,
il faut pouvoir envisager de nouvelles ouvertures. Pourquoi ne pas imaginer un système
de mutualisation qui éviterait à ceux qui font construire des logements
pour leurs employés d'être taxés au même titre qu'un logement
à caractère locatif ? On a aussi besoin de valoriser le dialogue social
dans les TPE et PME que nous représentons. Les décisions prises n'ont
pas de valeur légale en l'absence de représentants du personnel. C'est
une aberration. Il faut donner aux petites entreprises les mêmes moyens qu'aux
grandes. Nous nous penchons également sur le problème des transmissions.
Il faut peut-être accepter, dans certains cas, le principe de reconversion,
car nos professionnels sont détendeurs d'un véritable savoir-faire. Il
faut oser dires les choses pour éviter de laisser une partie des professionnels
sur le bord de la route.
Dans vos propositions, vous souhaitez
que la profession participe à l'amélioration des comportements alimentaires.
Il semble que ce soit pourtant un souci mineur pour l'instant dans l'esprit des
professionnels…
Effectivement, la nutrition fait partie
des sujets abordés. Le syndicaliste est perçu uniquement comme un vecteur
protestataire. Aujourd'hui, nous refusons cette vision unique. Nous sommes là
pour apporter des solutions aux adhérents, pour les aider et réfléchir
plus loin. Nous ne devons pas devenir, un jour, les boucs émissaires de la
malbouffe. Les fast-foods ont
déjà pris les devants, alors que c'est à la restauration française
de monter au créneau. Mais attention : nous ne sommes pas là pour éduquer
les professionnels, ne vous méprenez pas. Nous sommes là pour les sensibiliser
et anticiper l'avenir. Nous l'avons fait avec le tabac. Parce que nos professionnels
doivent participer à l'évolution de la société, parce qu'ils
doivent et peuvent être acteurs. Ils ne doivent pas subir.
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Complément d'article
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Pour retrouver
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L'Hôtellerie Restauration n° 3049 Hebdo 4 octobre 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE