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	du 22 décembre 2005	RESTAURATION

AFIN DE RETROUVER L'ATMOSPHÈRE DE 'QUAI DES BRUMES'

Plongeon authentique dans 'Les Grands Bassins'

Le Havre (76) Claude Busnel est tombée amoureuse d'un vieux bistrot, le plus ancien de la ville. Elle a racheté Les Grands Bassins et a su conserver une âme singulière au coeur d'un quartier portuaire en pleine recomposition.

Claude Busnel a eu le coup de foudre pour Les Grands Bassins.	En 1952, Les Grands Bassins sont le rendez-vous incontournable de tous les ouvriers dockers du port.

Lorsqu'elle franchit la porte pour la première fois à la fin de l'année dernière, ce fut le coup de foudre ! Certes l'endroit n'avait pas été rénové depuis des lustres, il n'était pas un lieu à la mode dont on parle partout, mais Claude Busnel perçut aussitôt l'âme singulière de ces Grands Bassins situés au coeur d'un quartier portuaire aujourd'hui en pleine réhabilitation. L'ancienne concessionnaire automobile, à l'époque à l'aube d'une nouvelle vie personnelle, plongea immédiatement dans ces Grands Bassins. Fini les ventes de voitures, Claude Busnel devenait restauratrice. Et quelques mois plus tard, après avoir réalisé quelque 200 000 E de travaux, elle accueillait ses premiers clients dans un lieu qui ne désemplit pas.

Le souvenir de Quai des Brumes
Les Grands Bassins est, à quelque chose près, un résumé de l'histoire de la ville du Havre. L'établissement connut ses premières heures de gloire au milieu du XIX^e siècle dans ce qui, à l'époque, était le coeur du port. Les dockers s'y donnaient rendez-vous chaque jour pour charger et décharger les cargos remplis de sacs de café et de coton. Aujourd'hui, le quai de Saône, devant Les Grands Bassins, ne voit plus passer beaucoup de bateaux. Il vit dans le souvenir et, toujours en tête, les yeux de Michèle Morgan et la voix grave de Jean Gabin qui vinrent y interpréter quelques scènes du Quai des Brumes, le film de Marcel Carné. Son restaurant, Claude Busnel a voulu qu'il retrouve cette âme particulière. Tout a été refait dans le style originel. Les pieds de table sont d'époque, seuls les plateaux ont été changés. Le bar, majestueux en bois et petit carrelage, accueille le client. Les banquettes rouges et profondes sont confortables, les luminaires transportent dans un autre temps, le tout sur fond de musique guinguette. Au mur, de magnifiques photographies du quartier dans les années cinquante. Comme celle-ci, en 1952, où l'on voit un amas de vélos d'ouvriers déposés à la hâte en fin de journée devant le bistrot. "Nous sommes le seul restaurant qui a survécu à la guerre. En 1944, lorsque Le Havre a été rasé par les alliés, explique Claude Busnel, Les Grands Bassins n'ont pas été bombardés." Aujourd'hui, c'est aussi le seul restaurant situé le long d'un quai. Avec ses 50 couverts, il est ouvert chaque jour de midi à minuit. Avec son compagnon et ses 7 salariés, Claude Busnel propose une cuisine traditionnelle et authentique avec le Foie gras poêlé au miel et au vinaigre de framboise, les Saint-Jacques poêlées et, du côté des desserts, une magnifique Crème brûlée à l'orange.  

Un nouvel établissement
Les Grands Bassins sont aujourd'hui au coeur d'un vaste projet urbain. Au sud de la ville, dans un quartier portuaire délaissé durant quelques décennies, la municipalité rase puis rénove et modernise. Une aubaine pour Claude Busnel qui ne manque pas de projets. Prochainement, elle poussera (déjà) les murs de sa cuisine et ouvrira, jouxtant son restaurant, un nouvel établissement dédié à la cuisine espagnole. Mais pas question de faire tomber le mur de séparation entre les deux restaurants. "Il y a une âme que je ne veux pas perdre aux Grands Bassins", explique-t-elle. Cet esprit, la restauratrice le prolonge, chaque fin de semaine, avec les soirées guinguettes. Et le succès est au rendez-vous.
Stéphane Siret zzz22v

Les Grands Bassins
23 boulevard Amiral-Mouchez
76600 Le Havre
Tél. : 02 35 55 55 10

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L'Hôtellerie Restauration n° 2956 Hebdo 22 décembre 2005 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE